Chapitre 12

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- Parce que tu pense que je vais te croire, je rigole en attrapant l'objet qu'il me tend sans faire attention à ces derniers mots, et en lui passant devant pour pénétrer dans la petite pièce qu'il m'indique. Mais tu te fourres les doigts dans le nez mon grand ! Et puis quoi encore ?

- Je ne te demandes pas de l'accepter tout de suite. Réfléchis-y aujourd'hui et rejoins moi demain au grand chêne où tu as dormis si tu veux que je te donne plus d'informations. Sinon, et bien, au revoir...

Je m'arrête un instant. Il n'est pas sérieux j'espère. Je me retourne vers lui:

- Attends, tu ne peux pas me laisser en plan avec des infos pareilles...

Malheureusement pour moi, il a disparut aussi vite qu'il est arrivé ce matin.

Je le cherche des yeux pendant quelques secondes avant de me résigner; il m'a bel et bien laissée tomber seule. Je claque rageusement la porte de ma nouvelle chambre et m'écroule sur le matelas préparé à mon attention. Je ferme les yeux et expire doucement en me passant une main sur le front. Il faut que j'arrive à trier toutes les informations emmêlées dans mon cerveau, mais tandis que je déroule le fil des derniers événements, la mort se rappelle douloureusement à moi et mes yeux s'embuent une nouvelle fois de larmes, que j'essuie rageusement avant de me donner des petites claques pour me ressaisir. Je me relève d'un coup pour me réveiller et décide de faire un tour à la médiathèque du quartier afin de me renseigner sur les informations absurdes que Lukas m'a donné un peu plus tôt. Lukas... J'aime bien ce prénom. Ces deux syllabes sonnent crues à mon oreille, comme une invitation à la rébellion, à l'insolence. Cette pensée me fait sourire et je secoue la tête en me frappant mentalement. Pourquoi est ce que je pense à tout ça ? Je ne connais pas le propriétaire de ce prénom ! Je divague ! Oui ça doit être ça, mais il faut vraiment que je me reprenne.
Je sors de l'immeuble après avoir fait des recherches pour me repérer et je me dirige d'un pas rapide vers la bouche de métro la plus proche. Une goutte s'écrase sur mon front pour la seconde fois en deux jours et je me mets à courir en évitant la pluie tandis que les perles ruisselantes de l'ondée m'arrosent pour une bonne douche froide.
Je descend un escalier, puis un autre, traverse un couloir et débouche sur un quai. Le train arrive au même moment, et je rentre dans la rame en attrapant la barre métallique. La sirène retentit, les portes se ferment et le métro démarre. Les arrêts se succèdent, les gens circulent et les aiguilles de m'a montre tournent. Les portes s'ouvrent une énième fois et je sors de la rame, bousculée par des bureaucrates pressés, le regard sévère rivé sur leurs montres connectées ou sur leurs iPhones. Lorsque je débouche sur l'extérieur, les bourrasques de vent me fouète le visage et je baisse la tête pour affronter la pluie qui bat le trottoir. Je me met à courir en tenant mon parapluie d'une main et en tenant mon écharpe contre moi de l'autre. Cette grisaille m'avait quand même manquée.
Au bout de dix bonnes minutes de course, je m'abrite sous un porche et sors mon téléphone pour mettre la main sur l'adresse que je cherche. Après avoir trouvé, j'hésite à ressortir, mais je prends mon courage à deux mains et j'entreprends une nouvelle course en effrénée jusqu'à mon point d'arrivée.

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