Anger & Deities

Chapitre 13

La bibliothèque est située dans un bâtisse à l'architecture victorienne que je reconnais comme étant l'ancienne mairie de la ville.

L'édifice, qui fait tâche au milieu de building, est composé de tourelles aux larges fenêtres, par lesquelles je peux apercevoir les étagères de bois vernis qui tapissent les murs du bâtiment. Je monte les quelques marches du perron avec empressement et pénètre dans l'immeuble en poussant la grande porte d'ébène qui protège ce temple de la connaissance hors du temps. Je m'avance entre les étagères, émerveillée par la quantité d'Histoire, de souvenirs et d'imaginations retracées entassés là, devant mes yeux, à ma disposition.

Mes doigts glissent sur les tranches aux textures différentes et aux couleurs ternies par le passage du temps, comme si, tous les soirs, il attendait le claquement grave du linteau d'ébène pour s'aventurer dans les rayons et ajouter des teintes brunes aux couvertures bariolées. Je m'attarde quelques instants, tandis que la pulpe de mon index caresse un volume relié de cuir aux caractères effacés par les frasques de l'âge. "Mythologies à travers les époques".

Je cherche autour de moi le coupable qui m'a mis ce livre entre les mains, mais la bibliothèque suis son rythme lent sans suspects apparents. Je souris et souffle un petit remerciement, car je sais au fond de moi que ça ne peut pas être une coïncidence due au pur hasard. Je me reprends en serrant les poings, je m'égare bien trop souvent ces derniers temps, mais la trouvaille de cet ouvrage sous mes doigts comme par magie... Non... C'est impossible, la magie n'existe pas. Je lève les yeux au ciel face à mon propre esprit fantaisiste et me dirige vers le point d'emprunts.

Je me retrouve intimidée, devant une grande femme brune à la peau pâle et au sourire malicieux. Elle tient dans ses mains un trousseau de clés dorées dont les pannetons aux motifs complexes prennent les traits d'un entrelac de serpents d'acier. Son aura et sa prestance m'écrasent et me forcent inconsciemment à baisser les yeux et à éviter son regard. Je serre le précieux volume déniché contre mon cœur avant de retrouver mes esprits en secouant la tête pour lui tendre l'ouvrage. Son sourire pétillant et son air espiègle me désarçonnent. 

- À bientôt mademoiselle.

Sa voix me parvient comme un murmure imperceptible et s'insinue dans ma tête jusqu'au plus profond de mon être en me faisant frissonner d'effroi. J'ai l'impression que mes muscles se liquéfient et je me trouve dans l'impossibilité de faire un seul pas. Qu'est ce qui m'arrive? On dirait que mon subconscient lui même tremble face à ce timbre vibrant. Je prends mes jambes à mon coup et me précipite dehors sans demander mon reste.

Je me rends alors compte que je retiens ma respiration depuis une bonne minute. J'expire avec effort en posant une main sur mon genoux pour me soutenir, l'autre pressant toujours le grimoire contre ma poitrine, avant de reprendre mon chemin jusqu'à l'hôtel, secouée.

En ouvrant la porte de ma chambre, je ne m'occupe ni du livre, ni du repas que j'ai acheté en rentrant pour me changer les idées et m'écrase sur mon lit pour tomber sans attendre dans les bras de Morphée.

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