Anger & Deities

Chapitre 2

Je me dirige rapidement vers l'aile ouest, lorsque qu'une voix coupante comme un couteau me stoppe dans mon élan:
- Mademoiselle Sheridan ?
Je me retourne et croise le regard de Mme Oscard, la secrétaire de direction qui se tient derrière moi, vêtue d'une longue robe d'un vert profond, et un classeur à la main. Une ride d'inquiétude lui barre le front, habituellement remplacée par un regard sévère. Cela n'augure rien de bon...
- Veuillez me suivre s'il vous plaît, Mr Bernard vous attend.
J'acquiesce en silence et la suit à travers les couloirs avec une assurance feinte. En réalité, mon coeur bat à la chamade, et je ne comprend pas où elle m'emmène, sachant que le bureau du directeur ne se trouve pas dans cette direction. Nous passons devant plusieurs classe mais elle bifurque tout à coup vers la gauche, sans prendre la peine de vérifier que je la suit. J'accélère le pas, de plus en plus paniquée, en me demandant si j'ai fait le bon choix en la suivant, mais elle s'arrête brusquement devant une petite porte brune et je manque de lui rentrer dedans. Elle se retourne vers moi et ouvre le battant en s'effaçant, signe que je dois entrer. J'hésite un instant mais finit par m'engouffrer dans la pièce sous le regard insistant de Mme Oscard.
La salle que je découvre est bien plus grande que je ne le pensais, et je suis émerveillée par ses fenêtres hautes et par ses caissons en bois au plafond. La lumière qui pénètre par les carreaux éclaire le fond de la pièce, où trône un large bureau d'ébène derrière lequel un homme est assis dans un fauteuil, plongé dans ses dossiers. Son teint très pale et ses cheveux gris contrastent avec son costume bleu marine impeccable. J'hésite à m'assoir, intimider par le silence qui règne, mais je finit par prendre place sur une chaise, le plus doucement possible, pour ne pas interrompre le directeur dans le fil de ses pensées. Il ne relève la tête que lorsque que je me suis installée, et il pause son stylo en croisant les bras d'un air soucieux.
- Vous êtes Cassie, me demande t-il, tandis que sa voix rauque résonne dans la pièce comme dans une cathédrale.
Je confirme d'un signe de tête, sans oser interrompre l'écho qui se répercute contre les murs de la salle. Il inspire, passe une main sur son crâne dégarni et croise ses doigts sur ses genoux avant de reprendre la parole:
- Je n'ai encore jamais eu à annoncer quelques chose de tel, alors vous m'excuserez si je suis trop brutal dans mes propos.
Je froncé les sourcils, mais il ferme les yeux, inspire une seconde fois et expire doucement, tandis qu'une bouffée de chaleur m'envahit à l'idée de ce que cet illustre personnage peut avoir à me dire d'aussi important. Lorsque sa voix retentit à nouveau, elle a baissé d'une octave, comme s'il ne souhaitait pas que je l'entende réellement.
- Je suis dans le regret de vous annoncer que vos parents et votre petit frère son décédés dans un accident de voiture ce matin. Ils ont été déplacés d'urgence...
Je n'écoute plus. L'information a mis du temps à monter jusqu'à mon cerveau, mais je suis maintenant debout, sans même avoir pris conscience de m'être levée. La voix grave du directeur, devenue insupportable s'éteint subitement mais reprend, surprise.
- Mademoiselle ?
La pièce autour de moi se met à tourner. Le sol se rapproche dangereusement et tout à coup, tout devient noir.

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