Chapitre XIX

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Télémaque hésitait à intervenir. Il ne savait pas si cette façon de se conduire l'un envers l'autre était signe de retrouvailles en bon terme ou non. Il observa jusqu'à voir Hadès inviter Circé à sa table de thé. Il se dit qu'il pouvait donc entrer dans la conversation et que personne ne balancerait plus personne contre les murs.

- Ah Télémaque ! Tu peux aller te balader avec Coré si tu veux, on en a pour un moment.
- Appelle la Perséphone ici.
- Un loup est un loup.
- Pourquoi n'invites-tu pas ton ami à se joindre à nous. Ou bien est-il plus que ça ?

Hadès se pencha et chuchota la dernière phrase à l'oreille de Circé. Elle le repoussa d'une main et cacha son visage de l'autre. Hadès était un dieu doté d'une grande intuition. Rien de ce qui arrivait dans la vie des autres et particulièrement de ses proches, ne lui échappait. Il arrêta d'embêter Circé un moment et invita Télémaque à la table. Des chaises apparaissaient de nul part et le service à thé grandissait avec eux. Le vieux monsieur était toujours là, sirotant tranquillement sa tasse. La table aussi s'était élargie, leur permettant de ne pas être serrés comme des saucisses.

- Installe toi jeune homme. Quel est ton nom ?
- Télémaque monsieur.

Télémaque avait l'impression d'être face à son père, enfin pas nécessairement son père a lui, mais une figure paternelle correcte. Hadès avait l'air d'un homme et pas d'un garçon comme lui et il avait un charisme paternel naturel. Le jeune homme se sentait comme un petit enfant idiot qui avait fait un bisous à sa fille face à lui, ce qui était très certainement le sentiment général qui régnait dans la pièce. Hadès sourit après révélation du nom et invita sa femme à se joindre à eux. Elle regarda l'assemblée de ses yeux globuleux avant de s'enfuir elle et ses manies d'enfant. Hadès soupira et s'excusa mais personne ne se formalisa de cet abandon.

- Alors, Télémaque, depuis quand connais tu ma Circé ?
- Hadès...
- Laisse le répondre.
- Euh, pas longtemps à vrai dire. Quelques mois.
- Et j'imagine que tu es également victime d'une malédiction pour être encore en vie des millénaires après ta naissance.
- Oui. Ce n'est pas grâce à mon père.
- Ah ! Va-t-il rejoindre notre club ?

Le roi s'adressait à Circé. Elle haussa les épaules. Télémaque était confus. Quel club ? Désormais, il savait comment Circé faisait pour lire dans ses pensées. Elle avait simplement l'intuition de l'autre partie d'elle qui vivait en Télémaque. Ça ne l'étonna donc pas lorsqu'elle répondit à sa question.

- Le club des parias. Ceux qui sont détestés des héros et des dieux et qui les détestent en retour.
- Qui est dans ce club ?

La question semblait bête mais Télémaque était curieux d'en connaître les membres. Il voulait en savoir plus sur ceux qu'on appelle les « méchants ».

- Bah Hadès et moi déjà, Dédale, Prométhée même s'il ne peut pas se rendre aux réunions, Dionysus, Héphaïstos et Hermès.
- Hermès ? Lui est un paria, le messager des dieux ?
- Non mais c'est un vicieux. Il n'aime pas les dieux alors il traine avec nous.
- Et tu es la seule fille ?
- A part moi, toutes les déesses sont sages et aiment se faire des tresses.

Il ne pouvait pas dire qu'elle avait tord. Même la déesse Artemis, la plus rebelle de toutes, restait dans le droit chemin de Zeus. Il ne cacha pas son envie d'avoir sa carte de membre. Il rigolait drôlement avec Circé et se disait que ce serait encore mieux avec quatre personnes du même acabit. Mais la sorcière éclata sa bulle de rêve en revenant à un sujet  plus sérieux, la raison de leur venue.

- Hadès, sérieusement, j'ai tout balancé à Héra sans savoir... je m'en veux. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Ne t'en fais pas Circé. Ce n'est pas de ta faute. J'aurais dû te rembourser, on aurait évité cette situation.

À Circé, deux millénaires trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant