Chapitre XXII

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A l'extérieur du bâtiment, cinq autres dieux étaient en train de détruire la beauté du mont Olympe et de le réduire en champ de bataille. Trois avaient changé les jardins fleuris en terre battue et deux avaient atomisé la moitié des habitations des Dieux secondaires qui n'avaient rien demandé. Ces derniers avaient d'ailleurs fui le plus loin possible, tout en contactant au plus vite des entités capables d'arrêter cette folie. Une nymphe des eaux avait été sommée de ramener Poséidon au plus vite, un dieu mineur devait se rendre près d'Hélios pour lui dire de calmer sa fille. Et pendant ce temps, Hadès et Zeus réglaient leurs comptes.

A coup de sceptre, la foudre contre le roi des morts. L'un brûlait, l'autre glaçait le sang. Et bien qu'ils aient vécu des années dans un semblant de paix, ce moment était pour les deux, un moyen de se venger, de se défouler et de faire ce qu'ils auraient dû faire il y a bien longtemps déjà. Hadès, un homme d'ordinaire calme, était aussi remonté qu'une horloge suisse. Il savait que Zeus le manipulait mais grâce à l'aide d'une petite sorcière de rien du tout, il avait pu se libérer de cette emprise qui lui faisait si peur. Alors il se lâchait. Zeus était en déroute, même s'il agissait comme s'il maîtrisait la situation, il savait très bien que son frère était plus fort que lui. C'était d'ailleurs pour ça qu'il avait manipulé son esprit faible, au lieu de tenter un combat qu'il aurait perdu, à l'époque où il a tué Cronos. Mais aujourd'hui, le dieu de la foudre n'avait d'autre option que de faire face à ses coup bas du passé. Alors il résistait, puis, voyant que Hadès ne lâcherait pas et allait finir par briser son sceptre, il fit appel à ses pouvoirs. Il déchargea tout ce qu'il pouvait et éclata le corps de son frère, face contre terre. Ce dernier grogna, avant de se relever à quatre pattes.

- Tu es vraiment pathétique Zeus. Ta foudre n'est rien pour moi. Même si je dois avouer qu'elle cogne fort.
- Allez Hadès tu sais très bien que je vais gagner non ? Tu n'as pas envie de réveiller papa ? Alors arrête ta rébellion maintenant et je te pardonnerai.

Sa voix tremblotait et la sueur coulait le long de son front. Hadès l'avait remarqué et il rigola. Il pensait à Circé qui avait désormais les pouvoirs de Cronos.

- Papa hein ? Il ne me fait plus si peur. Et puis, s'il commence à s'agiter, je pourrais toujours le gober comme il m'a dévoré, moi et mes frères et sœurs.
- Qu'est-ce que tu raconte...
- Ah, tu ne comprendrais pas. De toute façon tu ne fais pas partie de la fratrie. Tu n'as pas été retourné dans son estomac pendant des années. Personne, pas même Poséidon, ne te considère comme un membre de notre famille.

La guerre mentale semblait tanguer comme un vieux bateau en pleine tempête. Zeus, qui avait eu le vent en poupe pendant des millénaires, penchait face aux paroles d'Hadès. Il voulait croire que ça ne l'affectait pas mais ç'aurait été se voiler la face. Lui qui prônait la famille avant tout , il voulait faire partie de ces six grand Dieux, il voulait qu'eux l'acceptent et non qu'ils se sentent forcé la main. Alors il nia à son frère, qui riait et l'ignorait. Hadès lui lança un nouveau coup de sceptre qui atteint Zeus au visage. Cela l'énerva. Mais il avait beau tenter encore et encore, ses coups atteignaient de moins en moins son grand frère. Il finit par plier un genou à terre et avança sa main en signe d'arrêt momentané.

- Attend Hadès. Attend une seconde.
- Et bien alors, tu faiblis déjà ? Je te pensais plus résistant que cela mon frère. Le grand héros de la nation qui a sauvé ses pauvres frères et sœurs du tyran qu'était leur père.
- Arrête voir une seconde. Tu sais très bien que c'est seulement parce que maman m'a caché que j'ai pu vous sauver. Si elle avait commencé en te cachant toi, tu aurais été le héros.
- Je n'aurais rien été du tout. Je suis le premier. Je n'aurais sauvé personne en tuant mon père. On m'aurait juste pris pour un fou comme Œdipe. Alors tu vois ta gloire sera toujours tienne.
- Il n'empêche... tu es le plus fort. Tu le sais très bien. Arrêtons cette folie tant qu'il en est encore temps.
- De qu'elle folie parles-tu ? Je vois juste deux frères qui discutent à leur manière de problèmes familiaux. Si tu ne m'avait pas humilié et rejeté aux enfers pendant toutes ces décennies, peut-être aurais-je pu être clément avec toi. Malheureusement tu as fait tout le contraire et pour une fois, j'aimerais que tu me laisse en paix pendant un très long moment. Alors je te le fais bien rentrer dans le crâne et puis je m'en vais.
- Hadès... mon grand frère... je suis désolé, je suis tellement désolé.
- Non Zeus, ne mens pas s'il te plaît. Tu es seulement désolé que je ne sois plus aussi effrayé et timide. Pas désolé du tout pour tout ce que tu as pu me faire.
- Mais...
- Allez, assez discuté.

À Circé, deux millénaires trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant