Chapitre XXIII

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Télémaque était prêt à en découdre avec Héra. Sûrement parce que ses pieds lui faisaient un mal de chien, ou bien parce que sur les écrans qui retransmettaient sa vie, il pouvait voir toutes les fois où il avait perdu la mémoire dans les pires situations, au milieu d'un récital au lycée, en plein rendez-vous galant ou encore au beau milieu de sa journée de travail. En voyant tout cela il avait encore plus envie de planter sa lance au milieu de la déesse dorée.
De l'autre côté, Circé elle aussi balançait des sorts à profusion, mais n'utilisait pas les nouvelles capacités qu'elle avait volé à Cronos. Télémaque se demandait pourquoi. Il l'aurait bien interrogé à ce sujet mais dès qu'il s'approchait d'elle, Héra les attaquait pour les séparer. Il dut donc se résoudre à lui crier dessus pour lui poser la question. Après tout, si elle jouait avec la temporalité rien qu'une minute, elle aurait l'avantage et pourrait facilement tuer Héra.

- Circé ! Qu'est-ce que tu fous, utilise ton nouveau truc là !
- C'est gentil de le solliciter Mac, mais je peux pas, je dois attendre un peu. Faut croire que figer des flèches ça utilise pas mal d'énergie. Et puis je sais pas trop comment utiliser cette nouvelle merde, il avait raison Hadès j'aurais dû attendre.

Télémaque se sentit fondre face à la débilité de la scène. Pauvre de lui. Il continua donc à s'attaquer à Héra jusqu'à ce, il l'espérait, que son acolyte fasse un coup de maître pour mettre Héra hors jeu.
Mais très vite, le premier point de cette partie fut remis à Héra. Lorsqu'elle pièga le duo encore collés l'un à l'autre en leur lançant un sortilège maudit. Au premier abord, ils pensaient que rien ne s'était passé. Ils rigolèrent un peu, moqueurs. Et puis Héra envoya Télémaque valser à travers le mur et il s'écrasa sur une porte un peu plus loin. Circé hurla de douleur et comprit immédiatement le sens du sortilège.

- Vielle peau ! Sépare nous ! Tu rêves tellement qu'on soit ensemble que tu nous en fait partager la douleur ? Super vraiment.

La reine de l'Olympe se mit à rire. Circé de rage, se jeta sur elle. Télémaque était toujours sonné à l'autre bout du couloir.

- Que comptes tu faire Circé, me taper avec tes petits poings ?
- Pas tout à fait.

Elle manipula le temps, à l'aide de son instinct et figea la reine dans une boucle temporelle. Elle s'écarta ensuite et par dessus, elle l'envoya au rez-de-chaussée d'un sortilège qui mit en miette le sol autour d'Héra. Cette dernière cracha un peu de sang et mit une minute avant de se relever. Télémaque avait rejoint la fête, toujours un peu dans les vapes. Circé n'avait toujours pas remarqué Héphaïstos qui était spectateur de la scène très calmement.

- Alors Héra, tu admets ta défaite ?
- Ma défaite ? Quelle blague, je n'admets rien du tout ! Attend que je te maudisse à foison sorcière de pacotille !

Circé s'éloigna avec Télémaque de quelques pas. Héra se releva, beaucoup moins classe qu'avant. Ses cheveux étaient en bataille, ses yeux fous et ses vêtements déchirés. Télémaque aussi avait l'air d'un sans domicile fixe et Circé elle avait fière allure en comparaison. Son acolyte se demanda si elle n'utilisait pas les pouvoirs de Cronos pour garder ses vêtements propres au lieu de tenter d'abattre la reine. Elle le dévisagea bien vite en lisant à travers lui comme dans un livre ouvert.

- Télémaque tu dois gagner du temps. J'ai besoin de cinq minutes. Peut-être plus.
- Tu déconnes ou quoi ? C'est super long cinq minutes ! Je vais finir en pâtée pour chien le temps que tu te prélasses !
- J'ai besoin d'un poil de concentration si tu veux que je puisses utiliser mon « nouveau truc ».

Il grogna mais finit par se lancer. Héphaïstos et ses oreilles qui traînent avaient tout entendu de la petite discussion. Il profita donc de l'occasion pour glisser une main ou deux d'aide à Télémaque, qui fut plus que soulagé de voir qu'il n'était plus tout seul face à un monstre recouvert d'or. Il jeta sa lance une dernière fois, cette dernière traversant l'air et frôlant le visage d'Héra jusqu'à se réduire en miette derrière cette dernière. Il adopta la même position que le dieu forgeron et tous deux étaient prêts à faire parler leurs poings. Héra, une déesse d'ordinaire calme et mesquine, qui lance des sorts avec prestance au lieu de se remonter les manches, n'avait ici plus aucune autre option. De toute façon, les halls étaient vides, chaque dieu avait fui le plus loin possible de ces combats terrifiants et d'autres encore étaient à la recherche de quiconque pourrait arrêter ce massacre. La reine retroussa l'unique manche qu'il lui restait et alla se salir les mains bien comme il faut. Elle tenta d'éjecter Télémaque d'un sort mais il réussit à le parer de ses gros bras, ou bien parce qu'un peu de la magie de Circé vit dans son corps. Mais l'objectif était de le distraire et Héra avait réussi. Elle se dirigeait donc vers son fils pour un règlement de comptes en famille bien comme il faut. Malgré son air frêle, elle fit basculer Héphaïstos en arrière avec un coup de poing. Il s'écrasa au sol et cracha un peu de sang mais en se relevant pour tenter de renvoyer la balle à l'envoyeur, il ne trouva pas le courage de frapper sa mère de plein gré et se retrouva simplement à se faire tabasser à nouveau. Télémaque lui fit la remarque avant de repenser à sa mère à lui. Il s'allongea à terre pour faire le singe comique et ne remarqua pas Héra qui lui lançait un coup de pied qu'il se prit de plein fouet dans l'abdomen.

À Circé, deux millénaires trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant