3. Une mère reste une mère

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          Ce matin, à Kilambu, le lever du Soleil sonnait pour plusieurs le début des hostilités. Bethany peaufinait son plan pour la libération de Cathy avec un avocat et ses démarches étaient en bonne voie. Cathy émerveillait son entourage avec ses créations. Comme une fleur en éclosion, cette jeune fille s'épanouissait dans son art, ayant toute confiance en ses sœurs pour lui permettre de s'envoler vers ses rêves. Il lui arrivait certaines nuits de pleurer sa mère mais elle s'accrochait à son rêve, se disant qu'un jour, elle la rendrait tout de même fière. Pour Prince, les choses semblaient s'arranger également. L'état de son père s'étant stabilisé, il allait plutôt bien. Pendant la période de repos de son père, Prince s'occupait des affaires familiales à Likita, son village natal.

          Cela faisait quelques jours qu'Ornella était sortie de l'hôpital. Sortir de cet hôpital après des semaines de convalescence avait fini de signer son réel nouveau départ. Elle vivait à présent chez Marcello, dans une chambre au-dessus de l'atelier. Elle avait recommencé à travailler. Elle prenait grand plaisir à passer ses journées à coudre et à dessiner sans avoir à s'en cacher. Elle avait d'ailleurs commencé à travailler sur un projet très particulier : Sa robe de mariée. Le vieux tailleur lui apprenait tout ce qu'il savait et ils s'affairaient ensemble à la monter pas à pas. Les seuls moments où Ornella n'était pas perchée sur sa machine et ses croquis, c'était quand ses sœurs lui rendaient visite ou quand son fiancé venait la kidnapper pour leurs balades au marché. En effet, ils avaient repris leurs petits rendez-vous mais ces derniers n'avaient plus rien de clandestins. Ils pouvaient enfin se voir et s'aimer au grand jour sans craindre d'être rattrapés par le temps ou par qui que ce soit. Bien que très pris par les affaires de l'entreprise, Samuel savait toujours s'en dégager pour passer du temps avec l'Amour de sa vie. Ils s'attelaient aux préparatifs de leur mariage avec grand enthousiasme.

          Edith, d'abord faussement euphorique à l'idée de revoir sa future belle-fille, avait feint d'être extrêmement occupée par la suite. Tout à coup, tous les galas du monde lui tombaient du Ciel. Ce n'était pas pour déplaire à Ornella. Non pas qu'elle souhaitait repousser l'échéance mais grâce à cela, elle avait la main mise sur toute l'organisation du mariage. Elle avait hâte. C'était d'ailleurs ce même jour qu'Ornella et Edith devaient se rencontrer. Puisqu'il serait question de la fameuse robe, Samuel ne pouvait pas être présent. Ornella n'avait pas oublié les réticences d'Edith mais elle avait décidé d'en faire fi. Elle convaincrait Edith. Elle la convaincrait qu'elle était le meilleur choix possible pour son fils bien-aimé : le choix du cœur. Pile à l'heure fixée, la clochette de la porte d'entrée de la boutique tinta. Edith entra dans la charmante petite échoppe. Très coquet, pensa-t-elle, surprise de trouver certaines pièces de très bon goût, presque raffinée.

Ornella : Bonjour, Madame Nsanga ! C'est un plaisir de vous revoir

Edith : Merci de me recevoir.

Ornella : Je vous présente mon Oncle, Marcello, le propriétaire des lieux

Marcello : Bonjour, madame. Je suis Marcello Tshimbu, enchanté.

Edith : Edith Pascaline Nsanga, c'est un plaisir. Votre boutique est pleine de charme !

Marcello : Je n'en suis l'auteur qu'à moitié. Ornella a conçu la plupart des pièces que vous voyez là. Du croquis jusqu'au modèle final.

Edith : Vraiment ? Je suis impressionnée ...

Ornella : Merci beaucoup

          Ornella eut l'espoir que, peut-être, finalement, Edith avait laissé ses aprioris de côté et accepté leur union. Le cœur plein d'espoir et d'entrain, elle guida Edith jusqu'au petit salon près de l'arrière-boutique, suivie de près par Marcello. Ornella s'était appliquée à confectionner de petits biscuits pour sa belle-mère afin de la recevoir encore mieux que lors de leur première rencontre. Elle voulait continuer de lui montrer que même sans nom notable et sans fortune, elle était tout de même digne de son fils. Une fois confortablement installés, Marcello étala les croquis de la fameuse robe devant Edith. Il lui montra chaque échantillon de tissu et chaque détail de leur confection avec entrain. Edith semblait intéressée et en accord avec tout ce qui était proposé. Elle était particulièrement coopérante aujourd'hui. Peut-être même un peu trop ... En regardant Edith plus attentivement, le doute prit le pas sur la confiance et l'enthousiasme d'Ornella. C'était comme si, au fond d'elle, elle sentait que quelque chose n'allait pas. Marcello s'absenta, prétextant une commande urgente à finir pour laisser ces dames discuter plus aisément. Peu après le départ du vieux tailleur, Edith déposa sa tasse de thé sur la table qui lui faisait face avant de poser son regard sur Ornella.

Vie de Valeur - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant