12. Une famille

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          De retour sur les terres de Boïké, Merveille et Akeem étaient prêts à faire face à tout ce qui les attendait : L'opposition, les injures, les refus et même l'abandon. Ils savaient qu'ils s'apprêtaient à s'engager dans une guerre de longue haleine. Ils savaient aussi qu'ils risquaient d'essuyer de violentes représailles à cause de leur volonté de s'unir envers et contre tous. Ils se séparèrent à l'aéroport pour aller affronter leur famille respective, se jurant de tenir bon et de se retrouver d'ici quelques jours.

          De son côté, Merveille ne s'inquiétait nullement. Elle savait que sa mère serait ravie de savoir qu'Akeem comptait toujours être son gendre malgré l'attitude que Geneviève avait eu à leur égard. Elle n'était pas sans savoir qu'Akeem et Merveille s'étaient retrouvés en Gévonie. Quelle ne fût pas sa joie en voyant sa seule fille franchir le portail de sa demeure, tout sourire, bagages en main et bague au doigt. Béatrice sauta au cou de sa précieuse fille en lui criant combien elle lui avait manquée et combien elle s'était sentie seule et désœuvrée sans elle. Merveille aussi était très heureuse de revoir sa mère mais elle appréhendait d'accomplir la lourde tâche qui lui avait été confiée : annoncer à Béatrice que Bethany allait se marier, qu'elle attendait son premier enfant mais qu'elle ne désirait pas que sa mère soit présente pour partager ces moments. Après être rentrée et s'être délestée de ses bagages, Merveille s'installa auprès de sa mère dans le séjour. Elles avaient tant de choses à se raconter !


Béatrice : Je suis tellement heureuse que tu sois de retour, ma chérie !

Merveille : Même si j'ai beaucoup aimé la Gévonie, je suis très contente d'être de retour !

Béatrice : Raconte-moi tout ! Je veux absolument tout savoir !

Merveille : Par où commencer ?

Béatrice : Dis-moi d'abord comment vont tes sœurs !

Merveille : Cathy va très bien ! La Gévonie lui va à ravir. Elle se plaît énormément dans son école. Elle a un talent fou ! Regarde, j'ai pu développer quelques photos !


          En regardant les photos que Merveille lui tendait, Béatrice fût fortement émue. Le sourire rayonnant de Cathy la toucha au plus profond d'elle. Elle n'avait pas le souvenir de l'avoir déjà vu sourire aussi sincèrement. Elle était pleine de vie, heureuse, épanouie ... Tout ce qu'elle n'avait pas pu être à Boïké, près de sa propre mère.


Béatrice : Ce sourire ... Elle est magnifique. Elle est heureuse, ma petite Catherine ...

Merveille : C'est une jeune femme maintenant ! J'ai cru comprendre que son charme ne laissait pas les jeunes gévoniens indifférents mais elle sait garder la tête sur les épaules. Nous avons de quoi être fières, Maman. La semaine, elle vit sur le campus de son école et fait beaucoup de bénévolat. Elle passe souvent ses jours de congés avec Samuel et Ornella.


          Au même moment, Béatrice tomba sur une photo de ses filles avec Ornella. Alors que Merveille poursuivait son récit, le cœur de Béatrice rata un battement. La ressemblance entre la jeune femme et sa défunte mère, Helena, la frappa de plein fouet. Mise à part ses yeux verdoyants et son teint macassar, elle lui ressemblait trait pour trait. Ses expressions, son sourire, ses courbes ... Ornella était encore plus belle qu'à son départ de cette maison mais il était impossible pour Béatrice de l'admettre de vive voix. De concert, elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais pris le temps de regarder sa jeune nièce. À l'époque où elle était encore emprisonnée dans cette maison, sa présence insupportait Béatrice. Elle la méprisait si ardemment qu'elle ne pouvait poser les yeux sur elle plus de quelques secondes. Les similitudes entre Ornella et Helena rappelèrent une autre évidence à Béatrice : Elle ne pouvait nier ou feindre de ne pas se rappeler qu'Ornella était bel et bien de sa famille. Elle n'était ni une fille sous sa tutelle ni une esclave, elle était chair de sa chair, du même sang.

Vie de Valeur - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant