8. À nos bonheurs

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          Les mois passant, tout semblait paisible à Likita. La famille régente semblait avoir accepté la relation de Prince et Bethany. La jeune institutrice s'était liée d'amitié avec Sarah et conversait souvent avec le couple régent. Dans l'attente de la bénédiction de Teresa, le jeune couple essayait de vivre heureux et de se retrouver dans leur nouvelle maison de temps à autre. Pour lui comme pour elle, l'attente se faisait de plus en plus dure, d'autant plus que les moments à deux se faisaient de plus en plus rares. Bethany travaillait pour ses élèves et Prince, pour le village.

          Afin d'éprouver le futur couple régent, Teresa incitait ses parents à déléguer le poids de la régence à Prince, l'occupant le plus possible et ne lui laissant que peu de temps pour voir Bethany de jour comme de nuit. En effet, l'héritier de Likita s'était mis à découcher de temps à autre, ce qui était loin de plaire à son aînée. Teresa se mit alors en tête de charger Prince "d'affaires urgentes" qu'il était le seul à pouvoir gérer. Victorien étant toujours en convalescence, Prince ne pouvait se soustraire à ses obligations de futur Grand Chef. Si le jeune couple avait le malheur d'y voir quelque chose à redire, Teresa y trouvait un parfait prétexte pour insinuer que Bethany n'était pas prête à épouser le poids de la régence. Le but premier de Teresa n'était pas de séparer son frère de sa compagne mais de les préparer à leur future vie de couple régent. Ainsi, tous pourraient les observer et statuer sur leur légitimité à monter sur le trône de la gouvernance. Pour la première fois de son existence, Prince arrivait à remettre en question ses capacités d'être à la fois un bon souverain, un bon fils et un bon mari. Les quelques fois où il parvenait à échapper aux obligations déguisées de son aînée, le jeune héritier trouvait réconfort dans les bras de sa belle. Bethany usait de patience et de compréhension quant à cette situation mais elle se demandait sans cesse comment faire fléchir le cœur de Teresa en sa faveur et comment soutenir son bien-aimé dans l'exercice de ses fonctions.

          Un soir, Prince s'immisça discrètement hors de la Résidence Principale pour se rendre dans ce qu'il qualifiait déjà comme son nouveau foyer. Il trouva Bethany, endormie sur leur sofa, un livre sur la poitrine. Attendrie par cette douce vision, il s'assit devant le visage de sa belle endormie juste pour la contempler longuement. Elle lui manquait tellement ... Après de longues minutes à la scruter, il décida de la coucher. Se sentant flotter, Bethany ouvrit doucement les yeux. Elle s'accrocha au cou de son bien-aimé avant de les refermer. Après l'avoir déposée, Prince s'allongea à ses côtés. Dormir enlacés aux côtés de l'amour de sa vie était pour lui le parfait achèvement d'une journée dument remplie. Au petit matin, Bethany se leva en trombes, prises de haut-le-coeurs qu'elle ne put contenir. Alerté par la course de Bethany, Prince campa devant les sanitaires, très inquiet d'entendre Bethany régurgiter si violemment et si soudainement. Les bruits de vomissements laissèrent place aux bruits de l'eau. Quand elle sortit, Prince lui saisit les épaules tout en douceur. Elle avait l'air pâle et titubait quelque peu.


Prince : Depuis quand tu te sens aussi mal ?

Bethany : Je ne sais pas, quelques jours, quelques semaines ...

Prince : Semaines ?! Tany !

Bethany : Je vais bien ! Ce n'est que le matin que je me sens mal mais le reste du temps, je vais très bien.

Prince : Allons voir un médecin

Bethany : Non, je dois me préparer pour mes cours.

Prince : Tu ne peux pas y aller dans cet état-là !

Bethany : Chéri, je vais bien. Je t'assure. Ça va passer.


          Après un baiser sur la joue et une caresse, Prince s'attendrit. Bethany voyait bien que lui aussi semblait éreinté. Elle le fit asseoir sur le lit qu'ils venaient de quitter si précipitamment. Elle s'assit à son tour et posa la tête de son prince sur ses cuisses. Les mains douces de Bethany flirtaient avec le visage de Prince en de délicats va-et-vient auxquels Prince céda. Tant pis pour les longs comptes rendus du matin ou pour les exercices de calculs mentaux de la première heure. Ils étaient ensemble, rien d'autre ne comptait.

Vie de Valeur - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant