10. Deux valent mieux qu'un

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Bethany : Tu es prêt ? 

Prince : Je ne sais pas ... Tu penses que je suis prêt ?

Bethany : Je pense que tu es né prêt. Tu seras parfait, mon Amour


          Les deux futurs parents se prirent dans les bras, se donnant du courage pour affronter la journée qui les attendait. Le jour du conseil de l'union des chefs de canton était arrivé. Prince devait s'y rendre pour défendre sa place à la gouvernance. Il s'yétait préparé pendant des jours, depuisque son Père en avait fait l'annonce. Cette réunion se tenait en plein air dans la grande cour de la Résidence Principale devant l'arche des rites, lieu où se déroulait tous les évènements importants de Likita. Pour se faire, il était vêtu de son habit traditionnel. Une couronne de perle trônait sur sa tête et des franges de perles tintinnabulantes encadraient sa mâchoire saillante. Un plastron en cuir reposait sur sa poitrine au-dessus d'une large toge écru et des bracelets du même cuir cerclaient ses bras. Son pantalon large était assorti à sa majestueuse toge et ses mocassins venaient parfaire le tout. Il était prêt. Cette fois, Bethany n'était pas autorisée à assister à cette réunion extraordinaire, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Elle l'attendrait chez eux, assise tout près du poste radio. Cette réunion avait un caractère si exceptionnel que seuls les chefs de canton pouvaient y assister. Néanmoins, puisqu'il était question de l'avenir de Likita, tout le peuple pourrait entendre ce qu'il s'y passerait grâce à la retransmission radio.

          Alors qu'il s'apprêtait à paraître devant l'union des chefs de canton, Prince se doutait que beaucoup ne s'étaient pas réjouis de sa future union avec "une vulgaire femme de la grande ville". De plus, la nouvelle de la grossesse de Bethany s'était répandue comme une traînée de poudre. Pour ce peuple très attaché aux traditions, cette union et cette grossesse était bien plus qu'un petit manquement au protocole. C'était un affront aux traditions, aux autorités et au peuple. Prince se présenta tout de même devant l'assemblée des chefs de canton et ses concitoyens avec l'assurance d'obtenir gain de cause. Non pas à cause de son rang mais parce qu'il avait le soutien de son père, de sa grande sœur Sarah et de la femme qui l'aimait. Bien que Victorien fût très déçu par l'annonce de la grossesse de Bethany, il n'avait pas perdu confiance en Prince pour être un bon souverain. Il savait que son fils saurait prouver à chaque membre de cette assemblée qu'il était encore digne de succéder à son père. 

          Avant le début de cette réunion extraordinaire, Prince prit quelques minutes pour s'adresser à Dieu dans son cœur : « Dieu ... J'ai bien conscience que je ne viens que quand les temps sont durs mais j'ai vraiment besoin de Toi. Je sais que Bethany et moi avons mal agi et nous en sommes vraiment désolés ... Nous avons déçu beaucoup de monde et mon peuple est en colère mais j'ai besoin que Tu agisses en ma faveur aujourd'hui. J'ai vu comme Tu as gardé Ornella durant toutes ces années et comme Tu as répondu à ses prières. Comme elle le disait souvent, "Tu es le rémunérateur de ceux qui te cherchent" ... Elle t'a fait confiance et Tu lui as fait justice. Alors, je veux aussi te faire confiance pour nous garder, Bethany, notre enfant et moi. Aide-moi à convaincre tous ceux qui m'écouteront que ma place est à leurs côtés et qu'il en est de même pour ma femme et notre enfant ... ».

          Une fois les sept chefs de canton installés, le Grand Chef Victorien les invita tous à se lever pour déclarer l'ouverture officielle de la réunion extraordinaire de l'union des chefs de canton de Likita. Le secrétaire s'avança devant l'assemblée pour annoncer l'ordre du jour : " Le repentir de l'héritier de la gouvernance, Prince Victorien Bakary Lisango de Likita huitième du nom et le vote pour ou contre son éviction de la gouvernance". Il descendit ensuite de l'estrade mise en place pour l'occasion et laissa Prince prendre sa place dans une atmosphère plus que pressante. Victorien, dans sa fonction de souverain de Likita et de président de l'assemblée, permit à Prince de débuter son plaidoyer.

Vie de Valeur - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant