Vie de Valeur - Tome 2

7. Un pas

          Le lendemain de la rencontre impromptue de Samuel et Ornella, Talia déboula dans la chambre de son frère. Elle le réveilla en fanfare en lui instiguant de s'apprêter. Elle lui choisit les plus belles pièces parmi ses plus beaux costumes et les lui jeta avant de disparaître en lui criant qu'elle l'attendrait à la réception de l'hôtel. Une vraie tornade ! Samuel se réveilla sans trop comprendre jusqu'à ce qu'il se rappelle qu'il allait revoir Ornella ce matin. Tantôt euphorique et tantôt anxieux, il suivit les recommandations de sa sœur à la lettre sans vraiment être sûr de ce qu'elle manigançait. Une fois prêt, il rejoignit sa sœur pour se rendre à Ajali.

          Une fois devant la boutique, Talia s'évertua à tirer son frère à quatre épingles. Rasé de près, parfumé de la tête au pied, le teint crémé et habillé comme un prince : Il était prêt. Elle agrippa le bras de son aîné et se dirigea droit vers le comptoir. Hadassa les accueillis chaleureusement.

Hadassa : Bonjour et bienvenus à Ajali. Que puis-je faire pour vous ?

Talia : Bonjour, Madame. Je suis venue faire faire quelques tenues il y a peu.

Hadassa : Oui, oui, je m'en souviens. Que peut-on faire pour vous aujourd'hui ?

Talia : Je voudrais que la jeune couturière qui a confectionné mes tenues s'occupe de ce jeune homme. Elle et personne d'autre.

Hadassa : Très bien ! Installez-vous dans le salon d'essayage, je vous prie. Elle vous rejoindra dans quelques instants

          Hadassa s'empressa d'aller chercher Ornella à l'atelier, à l'étage de la boutique. Elle trouva Ornella assise à son poste de travail, crayon à la main et les yeux dans le vague. Elle affichait ce regard vide et cette mine triste depuis plusieurs jours maintenant. Perdue dans ses pensées, elle remarqua à peine qu'Hadassa s'était approchée pour prendre place à ses côtés.

Hadassa : Tu veux me parler de ce qui te met dans cet état ?

Ornella : Non, ça ira, merci ... Ça me passera.

Hadassa : Alors, écoute-moi. J'ai une nouvelle qui te mettra sûrement du baume au cœur. Un jeune couple de clients t'attend en bas. Ils ont expressément demandé que tu t'occupes d'eux.

Ornella : Ah bon ?

Hadassa : Oui ! Apparemment, tu te serais occupée de la jeune femme il y a quelques temps. Tu lui as fait très bonne impression !

Ornella : J'en suis très honorée

Hadassa : Bon, reprends tes esprits et vas te changer les idées en t'occupant de ce joli couple. Ils sont déjà au salon d'essayage. Ne les fais pas attendre trop longtemps, d'accord ?

Ornella : Entendu. Merci ...

          Hadassa lui rendit son faible sourire. Ornella avait toujours réussi à garder la tête haute jusqu'ici mais revoir Samuel et savoir qu'il avait retrouvé l'amour si rapidement lui faisait encore plus mal que de ne rien savoir du tout. Elle aurait préféré se contenter de continuer à espérer qu'il aille bien et qu'il soit heureux. Pour elle, tout était encore trop récent pour arriver à se réjouir de ses nouvelles noces. Hélas, elle n'était pas au bout de ses peines.

          Ornella rangea son matériel et descendit les bras chargés jusqu'au salon d'essayage. Cette grande pièce renfermait un podium circulaire en son centre vers lequel convergeaient trois immenses miroirs à pied permettant de s'admirer sous toutes les coutures. Les canapés installés en face du podium permettaient aux invités et accompagnateurs d'avoir la même vision d'ensemble. De part et d'autre de la salle se dressaient d'élégants paravents. Les grandes fenêtres et les hauts plafonds habillés de moulures offraient une belle lumière donnant un cadre presque royal à chacun des essayages. Ornella entra donc dans la pièce sans se douter un instant de l'identité du fameux couple. Quand elle vit Talia arranger le col de Samuel, un torrent d'émotion la submergea. Leur proximité lui était difficilement supportable. En tentant de reprendre ses esprits, elle laissa échapper sa boîte à aiguilles. La boîte s'ouvrit en frappant le sol, laissant s'échapper gaiement une floppée de petites aiguilles. Le temps semblait s'être suspendu après ce joli fracas. Ornella fixait la main de Talia sur l'épaule de Samuel, interdite. Samuel se défit de sa sœur pour accourir au pied d'Ornella.