Chapitre 4

4 3 0
                                    

Léna rejoignit rapidement ses coéquipiers, priant pour que Raphaël obéisse. Ils étaient occupés à examiner les quelques traces de magie qui restaient dans la clairière, afin d'identifier à quel genre de démon elle avait eu affaire, et surtout quel genre de créatures se cachaient peut-être dans le sombre boyau qu'ils devaient emprunter. Une fois que chacun se fut fait une idée, ils s'approchèrent de la cavité. En en franchissant le seuil, ils se rendirent immédiatement compte que les traces résiduelles de magie qui y persistaient étaient fortes. Le champ de force important indiquait qu'il y avait sans doute d'autres créatures qui vivaient là. Échangeant un regard d'appréhension avec Eliott, Léna s'approcha du tunnel découvert la veille, avant de se tourner vers ses coéquipiers.

"Allons-y."

Elle s'engouffra la première dans l'étroit passage. Ils étaient obligés de progresser pliés en deux, si bien qu'il leur serait presque impossible de se défendre en cas d'attaque. Léna ouvrait la marche, tous les sens en alerte, progressant à pas lents dans le boyau en pente douce. Elle entendait les pas rassurants d'Eliott juste derrière elle. Il faisait de plus en plus noir, ils se prenaient les pieds sur le sol inégal. Au premier tournant, Léna alluma sa lampe torche et jeta un coup d'œil de l'autre côté. Personne. Mais la magie, elle, était bien présente, produisant une électricité statique constante qui faisait voleter ses cheveux. Elle jeta un rapide coup d'oeil à Eliott, dont la tignasse habituellement bien coiffée se dressait sur sa tête. Elle l'interrogea du regard, il hocha la tête en signe d'assentiment. Continue. Léna tourna dans le tunnel et reprit sa marche lente, prudente, dans les entrailles de la terre.

Au bout d'un long moment, le tunnel remonta légèrement. Ils n'avaient croisé aucun monstre mais il ne faisait aucun doute qu'il y en avait quelque part. Ils arrivèrent à un embranchement et Léna, indécise, s'arrêta. Son instinct lui disait d'aller à gauche, là où le tunnel remontait, peut-être vers leur salut à tous. Mais les traces de magie se faisaient plus intenses à droite. La jeune fille interrogea ses camarades dans un murmure à peine audible, et ils décidèrent d'aller à droite. Il leur fallait découvrir ce qui se cachait ici, quel qu'en soit le prix.

Aux embranchements suivants, Léna fit confiance à ses sens, prenant systématiquement le chemin vers lequel elle captait le plus d'énergie. La tunnel finit pas s'élargir, et ils arrivèrent dans une vaste pièce, vide. Mais en pénétrant à l'intérieur, Léna fut frappée de plein fouet par une vague d'énergie.

Ce n'était pas une magie agressive comme celle dont usait habituellement les démons. C'était plutôt une magie pacifique, utilisée pour maintenir les visiteurs à distance sans leur faire de mal. Mais la jeune fille se doutait que s'ils s'approchaient trop de ce qui était caché et protégé ici, il y aurait des représailles. Elle s'apprêtait à proposer à ses coéquipiers de faire demi-tour, à présent qu'ils avaient trouvé quelque chose, pour revenir avec du renfort, lorsqu'elle aperçut une silhouette qui les dépassait et s'enfonçait dans l'imposante noirceur de la pièce. Elle la perdit vite de vue et se tourna vers les autres d'un air alarmé. L'une des ombre s'était aventurée dans cette vague de magie sans consulter les autres, et les conséquences encore inconnues de cette décision ne tarderaient pas à se manifester.

Toujours caché dans les buissons, Raphaël attendait, inquiet. Il ne savait pas depuis combien de temps il attendait, les yeux fixés sur l'ouverture béante creusée dans la montagne, dans l'espoir d'apercevoir enfin un signe de vie. Il aurait voulu aller jeter un coup d'œil, mais il ne voulait pas décevoir Léna. Alors il attendait.

L'onde de choc les frappa de pleine fouet et tous tombèrent par terre. Quelques instants plus tard, il y eut comme une détonation qui résonna dans les tunnels. Puis, Léna aperçut l'ombre qui revenait vers eux en courant, criant quelque chose qu'elle ne pouvait entendre. Il avait l'air effrayé, et il passa devant eux en courant pour regagner le boyau sombre par lequel ils étaient arrivés. Alarmée, Léna l'imita et fit signe aux autres de la suivre. Ils remontèrent toute la galerie en courant, pliés en deux par l'étroitesse du tunnel. la remontée était pénible, mais un grondement permanent leur rappelait qu'il fallait fuir, toujours plus vite, toujours plus loin.

La Nuit des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant