Chapitre 7

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Le silence s'intensifia. Léna croisa le regard de Raphaël et lui prit la main. Le jeune homme parut surpris. Jusque là, elle ne prenait jamais les initiatives.

"C'est un de mes meilleurs amis. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas vu sa ressemblance avec Raphaël tout de suite. Il s'appelait Eliott n'est-ce pas?"

À nouveau, un silence suivit. Enfin, le père de Raphaël hocha lentement la tête.

"Est-ce qu'il va bien? demanda sa femme d'une voix étranglée.

"Très bien, affirma Léna. Il s'est un peu blessé récemment, mais il s'est très vite remis."

La force tranquille de Léna joua son rôle. Les deux parents parurent rassurés et Sacha se remit à manger son yaourt à grandes cuillerées. Seul Raphaël n'avait pas réagi. Il gardait les yeux rivés au sol en repensant à ce qu'il avait pensé d'Eliott en le voyant pour la première fois. Il regrettait. C'était son frère après tout. Alors qu'il commençait à remettre sa vie en question, sa mère se leva d'un bond pour débarrasser, aidée par Léna et Sacha. La jeune fille se montra très amicale avec l'ombre, comme si le secret éventé avait dissipé la méfiance, et Raphaël se leva pour les aider, blanc comme un linge.

Cette nuit-là, Léna dormit sur un gros matelas dans la chambre de Sacha. Les bruits qui emplissaient la maison étaient étranges pour elle, qui n'avait connu que les couloirs silencieux du Sanctuaire. Il y avait les légers bruits de pas des rongeurs, parfois ponctués des pas plus lourds du chat qui les poursuivait. Avec son ouïe très développée, Léna pouvait suivre toutes leurs cavalcades. Ils y avait aussi les diverses insectes qui s'infiltraient dans la maison la nuit et volait en bourdonnant. Mais d'un certain côté, ces bruits avait quelque chose de réconfortant. Ils rappelaient la forêt, où Léna ne s'aventurait jamais la nuit.

Au matin, l'ombre fut réveillée par Raphaël qui entra dans la chambre sans frapper. Elle avait le sommeil léger, et le petit couinement de la porte la tira de son sommeil. Elle se redressa aussitôt, tirant la manche du pyjama trop court prêté par Sacha au-dessus de la marque, et sourit à son ami. Mais Sacha l'empêcha de dire quoi que ce soit en poussant un grognement qui signifiait clairement à son frère qu'il n'aurait pas dû la réveiller. Elle se retourna vers le mur, la tête sous l'oreiller, et Raphaël et Léna échangèrent un regard amusé.

"Le petit-déjeuner est prêt, dit-il. Il faut qu'on se dépêche si tu veux partir tôt."

Léna acquiesça, mais elle ne bougea pas, sachant qu'elle ne pouvait pas descendre avec ce pyjama trop court et risquer de dévoiler la marque.

"La salle de bain est à droite, indiqua Raphaël, comme s'il avait lu dans ses pensées. Tu peux y aller, les serviettes propres sont dans le placard sous le lavabo."

La jeune fille se leva, attrapa ses habits et s'enferma dans la salle de bain tandis que Raphaël descendait prendre son petit-déjeuner. Elle le rejoignit un quart d'heure plus tard, ses cheveux mouillés détrempant son T-shirt. Les parents de Raphaël l'accueillirent avec effusion et Léna fit pour la première fois l'expérience d'un petit déjeuner convivial, en famille, loin des repas solitaires pris au Sanctuaire lorsqu'elle se levait plus tôt qu'Eliott.

"Sacha ne vient pas? demanda-t-elle à Raphaël au bout d'un petit moment.

-Elle est pas du matin, répondit-il, contrairement à moi, qui suis magnifique et très sympathique en toute circonstance."

Léna lui donna une petite tape à l'arrière du crâne, comme il l'avait fait la veille avec sa sœur. De ce qu'elle avait compris, ça traduisait un agacement amusé et elle espérait l'avoir utilisé correctement. Raphaël prit un air offusqué en se frottant la nuque, feignant d'avoir mal.

La Nuit des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant