~Chapitre 3~

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~Froy~

Hortense est contre moi, j'ai réussi à la convaincre de rester avec moi. Je veux passer du temps avec elle, je ne sais pas quand est-ce qu'Adeline viendra me chercher pour se venger définitivement de moi, mais le temps qui me reste, je dois le passer avec Hortense. Adeline m'a laissé la vie sauve une fois mais je sais que c'est pour mieux se venger après. Elle veut que je ressente la peur, celle de se sentir constamment observé, suivis, menacé par un danger que l'on ne voit pas mais qu'on sait qu'il noue épie. Mais pas de chance pour elle, je ne ressens rien de tout ça. Je n'ai pas peur, ou plutôt, j'ai toujours eu peur donc je ne vois pas la différence. Avant, j'avais peur d'être tué par les ennemis de mon père, qu'ils se servent de moi pour l'atteindre. Même si je savais que je ne représentais rien d'autre qu'un objectif pour lui, celui d'être son successeur, de perpétuer la terreur et les horreurs qu'il a commises. Je n'ai jamais été son fils, juste un moyen pour lui de continuer d'exister même après sa mort. Il m'a appris à être comme lui, à penser comme lui, à agir comme lui. Bien que c'était une vraie enflure, il ne restait pas moins un homme très intelligent, qui devine tous les gestes de ses ennemis, qui apprend en gagnant. La seule fois où il a perdu, c'est le jour de sa mort. J'ai au moins hérité du seul point positif de son caractère médiocre : sa façon de penser, celle qui m'a transmise. Alors non, je n'ai pas peur d'Adeline.

Hortense s'installe plus confortablement contre moi, son dos contre mon torse et me tire de mes pensées. Lorsqu'elle bouge, ma blessure me brûle et je réprime une grimace. Je cale mon nez dans son cou, je ferme les yeux, ma main prend la sienne et j'entrelace nos doigts. Je respire son odeur et un sentiment de bien être m'envahit. Si je pouvais, je resterais comme ça jusqu'à la fin de mes jours. Hortense tourne la tête vers moi, le regard étonné.

« - Je rêve ou tu me sniff là ? Elle me demande en prenant un air outré. »

Je ris. Oui je la sniff carrément.

« - C'est mon côté animal qui ressort, c'est pour ça, je répond en me retenant de rire. »

Mais quand je vois son visage se décomposé face à ma remarque, je ne peux pas m'empêcher de rire. Puis, je le serre plus fort contre moi.

« - Bon si tu continue, je vais mourir d'étouffement, et je commence à penser que c'est intentionnel.

- C'est à cause de...

- De ton côté animal ça va j'ai compris ! Elle s'exclame. Mais du coup, tu es plus côté animal style moineau ? Ou style lézard de mer ?

- Mais ça n'existe même pas lézard de mer...

- Bon bah, disons plus suricate alors, elle dit en se tournant complètement vers moi.

- Alors, moi j'aurais plutôt dis style canard, mais après c'est comme tu veux hein, je lui répond en tentant de garder mon sérieux. »

Elle rit et me regarde droit dans les yeux, ce qui a tendance à me déstabiliser.

« - Va pour le canard alors. »

Mais elle ne rit plus maintenant. Elle semble plutôt tourmentée. Il se passe quelque chose, ou du moins, il s'est passé quelque chose qu'elle ne m'a pas dit. Je commence à m'inquiéter quand elle baisse le regard.

« - Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande sans cacher mon inquiétude.

- Rien.

- Arrête, on en est plus là toi et moi. Tu peux tout me dire. »

Elle inspire et relève le regard vers moi.

« - Il y a deux types qui sont venus au bar ce soir. Il étaient bizarre et quand ils ont demandé à ma collègue de venir les voir, j'ai paniqué. J'ai cru que c'était des sbires du gang d'Alvin envoyés pour se venger. Enfin, bref, c'était pas du tout ça et j'ai eu peur pour rien. C'était simplement des camarades de classe de Lincoln. Mais après j'ai cru que c'était un leurre pour qu'ils puissent tranquillement aller te tuer chez moi, pendant que moi j'étais occupée avec eux. Mais comme je l'ai dit, c'est juste moi qui suis parano et qui ais paniqué pour rien. »

(RE)LIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant