(RE)LIVE

~Chapitre 17~

~Froy~

J'ai envie de pleurer, de crier, de hurler, de le tuer. Pourtant, je ne fais rien de tout ça, je n'y arrive pas, rien ne vient. Je la connais la suite, je sait ce qu'il s'est passé parce que j'étais là. Je n'ai pas envie que ces mots sortent de sa bouche. Je n'ai pas envie qu'il les prononce parce qu'il n'est rien et qu'il n'a pas le droit. S'il m'espionnait, il doit savoir que Céleste est morte, que j'ai perdu mon gang et que je suis dans la merde jusqu'au cou. Il devrait en déduire que je n'ai aucune envie d'avoir cette conversation avec lui.

« - Je veux que tu la fermes, je lui ordonne.

- Un jour, ta mère est venue chez moi, couverte de bleus, elle saignait du nez et elle pleurait. Elle n'a pas réussi à me dire ce qu'il s'était passé, mais j'ai tout de suite compris. Ton père la battait depuis le début. Pourtant, elle était restée avec lui.

- Tu penses que je ne le sais pas ? Je fulmine.

- Froy, laisse-moi finir, s'il-te-plaît. »

Je ne dis plus rien. Je ne peux plus rien dire car toutes les insultes restent coincées au fond de ma gorge. Je ne peux pas lui hurler à quel point je le déteste.

« - Ce jour-là, je suis allé voir Earl. Je voulais lui régler son compte pour de bon. J'avais déjà tenté de lui parlé mais il me riait au nez à chaque fois. Mais voir Serena dans cet état, c'était trop. Sauf qu'au lieu de l'aider, je crois que ce jour-là je n'ai fais qu'empirer les choses. On venait de terminer le lycée, je pensais qu'ils ne pouvaient plus se voir, je pensais qu'elle s'éloignerait de lui. En réalité, c'est tout le contraire qui s'est passé. Il m'a battu à mort ce jour-là, j'ai fini à l'hôpital. J'ai pensé que j'allais mourir, mais non. J'ai survécu. Quand je suis sortit de l'hôpital, j'ai constaté que Serena était partie avec lui. Je n'ai jamais su si elle l'avait fait de son plein gré ou s'il l'y avait forcé. Quoi qu'il ne soit, je n'ai jamais eu de nouvelles. Durant cinq ans je suis resté sans nouvelle de ma meilleure amie. J'ai tout tenté, mais rien n'y a fait. Puis, un jour, j'ai reçu un courrier, de Serena. Elle y disait qu'elle était désolée, qu'elle m'aimait de tout son cœur, qu'elle n'avait pas pu lui dire non. Elle racontait toute la vérité. Une vérité que je ne peux te dire, car elle est trop dure pour moi, même encore aujourd'hui. Elle y disait qu'elle était enceinte de toi. Peut-être que tu ne me crois pas. C'est pour cette raison que j'ai gardé cette lettre et que je te la donne aujourd'hui, parce qu'elle te revient. »

Ce con me tend une enveloppe jaunie. J'hésite à la prendre. S'il dit la vérité, je ne suis pas sûr de vouloir lire cette lettre. C'est Hortense qui l'attrape. Elle en sort un papier et elle me le tend. Les larmes au bord des yeux, je me doute qu'elle s'attendait à une telle histoire.

« - Tu devrais la lire, elle me dit tout bas. »

Je n'arrive pas à lui dire que je ne pourrais pas le faire. Que j'ai peur de le faire. Je ne sais pas ce qu'il y a dans cette lettre et je ne veux pas le savoir. J'ai d'autres problèmes à gérer qu'une crise existentielle. Je ne peux pas le faire maintenant, pas temps qu'Adeline est dans les parages, qu'elle nous menace de nous tuer tous jusqu'au dernier. Peut-être qu'un jour je le ferais, quand j'habiterai au Chili dans une petite cabane au fond d'un trou perdu. Mais aujourd'hui, je n'y arriverais pas.

« - Si c'est trop dur, je peux te la lire si tu préfères, elle me propose. Ou bien on peut aussi ne pas la lire.

- Je ne suis pas là pour te faire du mal Froy, je veux juste t'aider à avancer. Je veux juste faire ce que je n'ai pas pu faire pour ta mère.

- Vu comme ça, on dirait pas, je crache sans que je ne puisse contrôler ce que je dis. »

Alors elle va être comme ça ma vie maintenant ? Je ne vais plus rien contrôler du tout ?

« - Froy, je suis au courant de tout, je sais ce qu'a fait Adeline. Je suis là pour t'aider.

- Permets-moi d'en douter... »

J'attrape le papier et décide finalement de le lire. Après tout, je sais déjà à quel point mon père est une merde, la vision que j'ai de lui ne peut pas être pire.

Holmes,

Je suis sincèrement désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles ces dernières années, je te jure que je ne t'ai pas oublié. Je n'ai pas oublié non plus ce que Earl t'a fait subir. Je suis tellement désolée, je sais que tout ça est de ma faute, si tu savais comme je m'en veux pour tout ce que je t'ai fais subir. Pardonne-moi, je t'en supplie.

Tu vas sans doute trouver absurde ce que je vais te demander, mais s'il te plaît, ne me cherche plus. Je ne peux pas revenir. Je ne peux pas te dire où je suis car je te mettrais en danger et je crois que j'ai déjà fais assez. J'aimerais que tu retrouve une vie normal, pas que tu m'oublies, mais que tu passes à autre chose. Je suis morte le jour où je suis partie avec lui. Tu avais peut-être une chance de me sauver avant, mais aujourd'hui il est trop tard. Pardonne-moi.

Cependant, il y a encore une personne que tu peux sauver Holmes. Je suis enceinte. J'attends un petit garçon. Earl a arrêté de me battre durant la grossesse. Il sait que c'est un garçon. C'est son héritier et il aimerait l'avoir en bonne santé. C'est pour cette raison qu'il m'a enfermé dans une pièce depuis plusieurs mois. C'est son bras droit Alfred Hootles, retient bien ce nom. C'est lui qui m'a permis de t'écrire.

Tu dois te demander quelles sont les horreurs qu'a commit Earl pour devenir chef de gang. Il les a tout simplement tous trahi et a tué celui qui était à la tête du gang il y a trois ans. Tout le monde a peur de lui, sauf Alfred. J'ai convenu d'un marché avec lui. J'accoucherai sans que personne ne soit au courant. Sans que Earl le sache. Alfred est le seul à veiller sur moi, il est le seul à avoir accès, en dehors de Earl, à ma prison. Quand mon fils sera né, il l'emportera avec lui, il le fera sortir d'ici avant que Earl ne le sache. Il t'attendra au parc où on allait quand on était jeune. Il t'attendra avec lui le 26 décembre. Je dois accoucher au plus tard le 24. Mais je sens que mon petit bébé viendra avant.

Tu dois adopter mon fils. Il doit porter ton nom. Donne lui le prénom que tu souhaites et protège le au péril de ta vie. Fais en sorte que Earl ne te retrouve jamais. Ne lui dit la vérité que quand il sera en âge de comprendre.

Quant à moi, je me suiciderais une fois que je serais sûr que mon fils sera en sécurité. Je refuse que Earl ait de nouveau le pouvoir de vie ou de mort sur moi. Alfred aura disparu dans la nature, je serais morte, il ne restera plus que toi qui saura la vérité. Alors brûle cette lettre, pour être sûr qu'il ne restera aucune preuve.

Encore une fois, je suis désolée. Pardonne-moi pour tout le mal que je t'ai fais et que je te ferais sans doute encore. Protège mon fils et aime le comme si c'était le tien. Je te fais confiance.

Je t'aime,

Serena

Cette fois, les larmes coulent, elle ne s'arrête plus. Cette partie de l'histoire, je ne la connaissais pas. Elle a voulu me sauver des griffes de mon père. Elle a voulu m'éloigner de lui. Je suis tellement en colère, contre moi, contre mon père. J'ai cru pendant tout ce temps qu'elle ne m'aimait pas assez pour me protéger de lui. J'ai cru pendant tout ce temps qu'elle n'était qu'une sale égoïste. Je me suis tellement trompé. Je n'arrive pas à croire que pendant toute ma vie, j'ai cru que ma mère me détestait. Je sais que son plan n'a pas réussi, car elle finalement morte des coups de mon père, le père de Payne était toujours là. Holmes ne m'a jamais adopté. Mon père n'était pas stupide, il se doutait que maman préparait quelque chose pour me sauver la vie. J'ai au moins hérité de sa seule qualité, son intelligence. J'ai envie de demander à Holmes ce qu'il a fait quand il a vu que je n'arrivais jamais chez lui. Mais je n'y arrive pas. Je ne veux pas savoir parce que je me doute de ce qu'il a fait, tout ce que j'ai vu et entendu fait sens maintenant que j'ai lu cette lettre. 

***

Voici le chapitre tant attendu ! J'espère qu'il vous a plu ! Merci d'avoir lu ;)

A bientôt, 

Loïs :)