Monsieur Tout-Le-Monde

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《La vie, c'est mieux à l'air libre, hein ?》

Sigmund Freud lâcha un aboiement affirmatif. Le brun caressa sa fourrure pleine de tique, affectueux, son éternelle cigarette dans le coin de sa bouche. Les groupes d'élèves gravitaient autour du lycée, oisivement, comme si le temps n'avait plus d'importance maintenant que les cours prenaient fin. Le brun, assis sur le bord du trottoir, se demande combien de temps mettrait l'autre à sortir. Sigmund Freud guettait, lui aussi, la queue battant l'air avec enthousiasme. Soudain il aboya et tourna sur lui-même, avant de se jeter à la rencontre du châtain qui émergeait de la foule sortant par le grand portail vert.

Kido semblait un peu surpris de le voir là mais accueillit tout de même le chien, se baissant pour lui flatter le garrot. Le fumeur lui fit signe depuis le trottoir, et le concerné suivit le cabot vers lui, sous le regard intrigué de Sakuma et Genda, qui l'observaient depuis le troittoir d'en face.

《Qu'est-ce qu'il fait là ?》demanda le châtain en approchant, et le brun se leva.

《Je suppose qu'il avait envie de te voir.》Répondit-il en tendant sa paume à l'animal.《Ou qu'il n'avait plus envie de voir Dazel.》

Le sans abri devait être en train de patauger dans son alcool régurgité. Le cabot dut lire dans ses pensées car il aboya, comme pour lui donner raison. Kido semblait se demander ce qu'il allait lui vouloir, le brun jeta son mégot.

《Alors, qu'est-ce que tu me veux ?》finit-il par demander.

《Un grand bol d'air frais. Tu n'as pas envie de rentrer chez toi, pas vrai ? Pas après la nuit de samedi, hein ?》

L'élève modèle ne répondit pas. Fudo sourit et s'engagea dans la rue ; son interlocuteur le suivit, d'abbord incertain puis, encouragé par Sigmund Freud, plus assuré. Le brun s'engagea dans la seconde impasse qu'ils croisèrent, une parmi la centaine de petits chemins qu'il connaissait et aimait arpenter. Vivre au gré du temps, sauter de toit en toit comme un Tarzan des villes, ce n'était pas spécialement un rêve de gosse, ou un objectif philosophique : non, il avait commencé à vivre ainsi parce qu'il y avait été contraint. Mais le temps passant, Inazuma était devenu son terrain de jeu, son coin de soleil et son hamac, tout à la fois. Il sauta sur une benne à ordure, la ruelle puait, et prit son élan pour atteindre une fenêtre condamnée, où il s'aggrippa pour sauter sur le poteau électrique en béton, qu'il escalada aisément. Lorsqu'il posa le pied, il baissa la tête pour voir que l'autre ne l'avait pas du tout suivi.

《Bah alors,》lança-t-il, à moitié suspendu dans le vide,《tu dors en bas ?》

《Tu t'attends pas à ce que je grimpe là-haut comme toi !》fit juste le concerné, presque indigné.

《C'est pas compliqué ! Tu verras, il suffit d'écouter un peu moins sa tête.》

Kido fit la moue, pas tout à fait persuadé par son discours, mais grimpa sur la poubelle. Sigmund Freud aboya et se mit à gémir.

《Tais-toi Sigmund Freud !》s'exclama le brun avec autorité.《T'es un chien, tu peux pas venir !》

Le cabot tourna sur lui même et gémit derechef, avec sa petit mine de chien battu.

《J'ai dit non ! Vas plutôt vérifier que Dazel ne se noie pas dans son vomi !》

Kido s'aggripait difficilement à la fenêtre condamnée, mais s'en sortait honorablement. Il se pencha pour s'accrocher au pilier, et calla ses pieds dans les cavités en forme de parping pour se hisser au niveau de l'accrobate. Sigmund Freud pignait et pleurnichait en contrebas, en vain bien sûr puisqu'il n'y avait aucun moyen de le faire monter.

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