(3) Où ils se font rattraper.

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— Inès, Lucie, Adèle.

— Pffff. Tu ne me facilites pas la tâche.

— Tu dois en choisir un, on a dit. C'est ton idée, je te le rappelle, me gronde Lou, sourcils froncés.

— Ok, alors je prends... hum... Lucie. Mais sans conviction, note-le bien. Allez, à moi : Romane, Flavie, Julia.

— J'aime bien Flavie... oui, c'est pas mal. A moi : Cléa, Méline, Anaëlle.

— Anaëlle, non. Mais Cléa et Méline, c'est joli.

— Tu peux prendre les deux si ça te plaît, me propose-t-elle, la mine réjouie.

— Tatata, on respecte les règles, Madame Lartigue. Je choisis Cléa.

Mauvaise joueuse, elle m'adresse sa tête de chat contrarié, pour changer.

— Suzanne, Juliette, Izée.

— Suzanne, mais t'es sérieux ? Juliette c'est chouette, mais je choisis Izée, c'est plus original. Zélie, Lana, Clémence.

— Zélie, sans hésiter, je réponds, du tac au tac, mais Lou fait la moue.

— Redis-le ?

— Quoi, Zélie ? Zélie.

— Oh non, j'aime pas, en fait.

Je me retiens de me prendre la tête entre les mains. Cette enfant n'aura jamais de prénom. Soudain, je tends l'oreille vers la musique en arrière fond. Jack White sur une reprise d'une chanson de Dollie Parton.

— Et Jolene, qu'est-ce que tu en dis ? Comme dans la chanson, écoute...

— Oui, c'est beau, admet Lou.

— Et une belle référence. Et puis, j'aime bien l'idée d'un prénom franco-anglais, comme mes sœurs et moi.

— Comment ça s'écrit ?

— J, O, L, E, N, E.

Raté. À nouveau sa tête dubitative.

­— Quoi, qu'est-ce qui ne va pas, cette fois ? reprends-je, découragé.

— Tout le monde va l'appeler Jolène.

— Alors on change l'orthographe, on met un « i ».

Elle grimace.

— Non, non, décidément, ça ne va pas.

­— Garance, je lance, comme une bouteille à la mer. Mais c'est trop tard, plus rien ne convient à ma femme, ou alors elle est juste d'humeur à me contrarier.

­— Non, c'est trop BCBG.

— T'es pénible, grogné-je entre mes dents.

— Mais quoi ? Je ne vais pas choisir un prénom que je n'aime pas juste pour te faire plaisir quand même ! Et d'ailleurs, je vais te dire, vu ce qu'endurent les femmes enceintes, je ne comprends pas que les hommes aient voix au chapitre en ce qui concerne le prénom de l'être qu'elles ont porté pendant neuf mois et expulsé ensuite.

Je n'ai rien à opposer à cet argument, heureusement, mon téléphone sonne, nous offrant une trêve, et une diversion.

Depuis que Lou doit rester au repos, nos super amis se relaient pour venir nous tenir compagnie. Trois ou quatre fois par semaine, les 3C débarquent, seules ou en bande, avec ou sans leur compagnon, pour un café dans l'après-midi, un repas, ou une tisane.

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