Angel's Melody - Le Recueil

Vince - 1

Dakota et moi sommes différents des autres. On se complète comme si on était une seule âme dans deux corps différents. Enfin, pas temps que ça. On sait toujours ce que l'autre pense, ressent ou va faire. On est deux et un. Et c'est tellement génial que je ne sais pas comment font les autres pour vivre sans ce lien. Sans cette connexion incroyable que l'on possède. Ça paraît chiant pour beaucoup mais jamais je ne pourrais vivre ou faire un truc sans mon jumeau. C'est lui et moi et c'est tout. Nous deux ou rien. Ensemble depuis notre création et jusqu'à notre mort. Ça ne nous a jamais posé de problèmes. Enfin, si, un. Trouver une personne qui accepterait de nous aimer tous les deux. En même temps. De partager notre existence à part égale. Lorsqu'on a annoncé ça à notre famille, j'entends par là maman, papa, Thunder Katya et les Angel's Melody, on balisait un peu même si ils ont toujours été ouvert d'esprit. On a eu des conseils, des « bonne chance » et d'autres dans ce style. Sans pression. On nous a juste dit que ça risquait d'être compliqué. Parce que ce n'est pas dans les mentalités. À quinze ans, on s'est déjà perdu dans ce problème. On est trop en avance d'après notre père. Mais toutes nos peurs et nos doutes ont disparus quand Katya nous à parlé de cette personne qu'elle venait de rencontrer. Tantôt homme tantôt femme. Notre sœur nous a dit qu'elle avait l'impression que Sasha vivait avec deux âmes dans son corps. L'inverse de nous qui en avons une pour deux. On a pas eu besoin d'en apprendre beaucoup plus. On savait qu'on avait la bonne personne.

Actuellement, notre vie est plutôt tranquille. Si on oublie les connards qui n'aiment pas notre métissage et ceux qui sont jaloux de notre famille. Mais le plus chiant, ça reste ceux qui nous critique parce que Sasha, notre Sasha, est plus vieux que nous. Pour beaucoup, c'est carrément du détournement de mineurs. Bon, je peux comprendre un peu, Sasha a vingt piges, nous quinze. Enfin, les gens cassent aussi les couilles à Jamie parce qu'il sort avec notre sœur qui a dix-huit ans alors qu'il n'en a que seize. Sérieux ? Deux piges d'écart c'est pas la mort. Cinq non plus. Surtout qu'on est pas débile non plus, merci. Les gens sont vraiment déprimants. Et étroits d'esprit. Ils feraient mieux de s'occuper de leurs affaires plutôt que de nous prendre la tête avec ça. Ils ne voient que notre écart d'âge. Par contre, que Dakota et moi aimions la même personne, là y'a aucun pépin étonnamment. La nature double de Sasha ou son code vestimentaire, ça va aussi. C'est juste ces cinq années de différence qui, par tous les dieux, sont horribles. Peuh ! Nos « amis » de quinze piges aussi ont commencé à mimer les adultes comme des moutons. On a eu droit à des questions grave chiantes du style « Vous ne voulez pas trouver quelqu'un d'un peu plus jeune ? ». Dans ce goût là. Mais merde quoi ! Sasha a vingt ans pas quarante non plus. Faut pas abuser là. À force de recevoir ce genre de remarque à longueur de journée, de manière plus ou moins discrète, on en a eu marre et on les a dégagé. Qu'ils aillent tous bêler plus loin. On reste donc tous les quatre Ludo, Jamie, Dakota et moi. Les groupe des gars étranges, hors-la-loi, dérangés. Au moins, on n'est pas insipide comme eux. Tessa est celle qui souffre le plus de cette situation par contre. Elle hésite constamment entre ses amies, qui sont super sympa, et nous. On leur a dit de rester à l'écart, elles auront moins de problèmes. Elles savent que si y'a un truc, elles peuvent venir y'a pas de soucis.

Avec tout ça, allez au bahut n'est pas un truc qu'on apprécie, tous les deux. C'est gonflant et trop simple parfois. Je crois surtout qu'on est un peu en avance sur les autres. Ce qui rend les cours longs et soporifiques. À part celui de Riley. Les autres profs ne nous disent rien par contre. Ils ont trop peur de notre paternel et des retombées sur le lycée. Papa et oncle Blade donnent pas mal de tunes au directeur alors il laisse couler pas mal de choses pour nous. Donc, on peut dormir en cours ou ne pas y allez. Sauf que si on teste la deuxième solution, maman va nous tomber sur le coin du nez. Elle a un sixième sens pour ça. Super flippant. Mais du coup, le meilleur moment de la journée, c'est la sonnerie finale, celle qui libère les élèves. Et qui annonce le début tant attendu des vacances. Plus de connards, plus de problèmes. Juste nous et notre famille. On range nos affaire en deux minutes et on file sans un mot. À la grille, on peut voir la silhouette androgyne de Sasha qui nous attend. Aujourd'hui, elle porte une robe simple, bleu et des sandales. On lui sourit. Sasha est tendue. Normal, on peut entendre les murmures pas si discret que ça des élèves et des profs. Ça bourdonne comme un essaim d'abeilles en colère. Avec Dakota, on choisit chacun une joue qu'on embrasse avec douceur, appréciant la légère rougeur qui les gagnent.