Zima - 3

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Comme toujours avec notre joyeux Boris, la première chose qui saute aux yeux, c'est le rouge sombre du sang. La deuxième, c'est l'odeur ferreuse qui va avec. La troisième ? Les mecs pendus par les bras à des crochets de boucher. Ils sont « joliment » écorchés, mais vivants. Faut dire qu'on n'appelle pas Boris « l'écorcheur » pour rire. C'est vraiment son passe temps. Efficace le passe temps. Dégueux et salissant mais efficace. Les pauvres gars gémissent, une lueur d'espoir dans le regard. Ils déchantent bien vite quand on pose notre sac sur une table à peu près propre et qu'on se saisit de celui qui traîne dans un coin. Et oui, on n'est pas là pour vous. Désolé. Amusé par leur tronche, Sun ricane et les imite pathétiquement. Abyss reste indifférent à notre crétin de frère et Deep s'allume une clope tranquillement. Je baille. Je vérifie que le sac contient la bonne somme d'argent, qu'on fasse pas un autre aller-retour dans la bouillasse de ce putain de bayou. Mais où sont les étendues éternellement gelées ? Mais pas la peine de s'inquiéter, l'argent est là dans sa totalité. Je referme le sac et épaule la sangle. J'offre un signe de tête à Deep qui sourit. On ressort tous après un petit geste de la main aux pauvres types suspendus. Dehors, Misha se tourne vers Boris.

Ils avaient fait quoi ces types ?

Toucher à ma femme. On touche pas à ma femme !

Elle va bien ? Demandé-je pour la forme.

Oui. Maintenant, partez. Je n'ai pas fini.

Reçu.

Faut pas le dire deux fois mon gars. Grâce à Deep et ses talents, on retrouve « vite » la civilisation. Fini la flotte, les moustiques et les crocos qui veulent notre peau. J'ai hâte de prendre un bon bain chaud. Dès que le réseau nous trouve de nouveau, mon téléphone se met à sonner et vibrer comme un malade. Vingt cinq messages, douze appel en absence. De Lorabel. De Harper. Je n'aime pas ça du tout bordel. En rappelant ma femme, je tombe sur le répondeur. Je crois que mon cœur va lâcher. Je serre mon poing libre et les dents. Misha fronce les sourcils et s'approche d'un pas, les autres m'observent. Ils comprennent que quelque chose ne va pas mais attendent que j'en sache plus. Je passe un nouvel appel. À Harper cette fois. Elle décroche aussi sec, m'arrachant un soupir. Je passe en haut-parleur, que tout le monde puisse suivre la conversation.

– Putain Harp' il se passe quoi ? Lancé-je, tendu comme la corde de l'arc de Vulcan.

– C'est maman, elle a été arrêtée par la police ! S'écrit-elle.

– Pardon ? Hurlé-je à moitié, choqué.

– Ouai, elle a collé une patate mémorable à Bradley devant témoins.

– Explique moi tout depuis le début ma chérie s'il te plaît. Dis-je. Parce que, là, je ne pige rien.

– Oui. Évidemment.

Harper me raconte que sa mère était au travail quand Monsieur Connard s'est pointé à son bureau en exigeant des explications quant à ma présence chez elle. Il voulait savoir qui j'étais, si ce que je lui avais dit était vrai, et tout un tas de conneries. Ils se sont engueulés, Bel a demandé à Bradley de sortir de son bureau. Comme il refusait et insistait, c'est elle qui est sortit, pour se calmer surtout. Mais il l'a suivit, lui a prit la tête. Harper est arrivée à ce moment là avec Thunder, elle devait la voir pour demander à sa mère si elle voulait manger avec eux lors de sa pause vu qu'ils étaient dans le coin pour un examen de santé. Bradley s'est servit de Harper pour en rajouter une couche, disant qu'il était son père, qu'il avait un droit de regard sur sa vie et qu'il avait le droit de la connaître, de la fréquenter. Thunder s'est interposé en disant que non, qu'il n'avait qu'à être là depuis le début et qu'un parent qui abandonnait son enfant pour une raison ou une autre n'avait plus de « droit » sur lui. Et que de toute façon, Harper était majeure, mariée et que rien dans sa vie ne le regardait.

Angel's Melody - Le RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant