Ludovic - 3

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– Tu as vraiment cru que papa ne te grillerais pas ?

Ma très chère sœur que je vais bientôt étrangler éclate de rire et se roule sur son lit au Club comme si ce que je venais de lui raconter était la chose la plus hilarante qui soit. Fang soupire et se passe une main sur le visage, dépité. La grossesse fait souvent faire des trucs bizarres aux femmes mais celle de Melody la rend prompte à rigoler de tout. Et ça fini souvent en larmes de crocodiles et en hoquets. Pourquoi je lui en ai parlé ... Je pose mon cul sur une chaise. Plutôt, je m'y laisse tomber lourdement. Melody s'arrête brusquement et redresse la tête. Elle s'approche de moi.

Papa ne t'a pas puni hein ?

– Non. J'ai eu une réprimande en privé et en public après la mess. C'était plus pour me faire comprendre que je ne devais plus me la jouer solo.

– Et c'est une bonne chose. Tu imagines s'il t'était arrivé quelque chose ? Demande Melody, inquiète. Je ne veux pas retrouver le corps de mon petit frère dans un fossé ou un truc du style.

– Promis. Soufflé-je en la prenant dans mes bras.

Elle fond en larmes, puis sourit. Je nous fais asseoir sur le lit. Elle me demande ensuite de lui parler de Lucie. Pendant des heures. Elle ne me lâche pas avec cette histoire. Fang, ce brave gars, s'est fait la malle il y a longtemps, prétextant un message URGENT sur son portable. Mouais ... Je suis septique, là. Il veut surtout échapper aux sautes d'humeurs de sa nana. Un coup elle rit, un coup faut sortir la boîte de mouchoirs. Mais je supporte sans trop de mal. Après tout, je sais que Melody m'interroge ainsi car elle veut connaître Lucie.

– J'ai hâte de la rencontrer. Dit-elle à la fin. Ça m'a tout l'air d'être une fille sympa. Et si elle arrive à te supporter, alors elle est super !

Morue ! M'écrié-je avec emphase.

P'ti con !

Montgolfière !

Fond d'égout !

J'ouvre la bouche pour surenchérir quand la porte de la chambre s'ouvre. Papa entre doucement et la referme derrière lui. Il sourit et vient se poser entre nous.

– Vous faites un concours d'insultes stupides ? Nous questionne t-il.

– On se prouve notre amour. Déclare Melody.

– Vous appelez ça comme ça vous ?

– Ouaip ! Fait-on en rigolant.

Blade nous serre contre lui avec force. Il ne dit rien, se contentant de faire de petits cercles avec ses pouces sur nous. Je ferme les yeux et appuis ma tête sur son épaule. Je dois m'endormir ainsi car quand j'ouvre de nouveaux les yeux, je suis allongé sur les draps, entouré par les bras de mon père, la tête de Melody posé sur mes jambes.

– Réveillé ? Souffle doucement Blade.

– Un peu. Murmuré-je à mon tour.

– Alors rendors toi. Ta mère viendra nous chercher quand ce sera l'heure de manger.

– D'accord.

Pourtant, je ne me rendors pas. Je reste simplement silencieux. Des doigts glissent dans mes cheveux lentement, sans but, comme on les passerait sur la fourrure d'un animal endormit. Un geste doux et presque inconscient qui m'apaise. Et fini par me faire pleurer. Je ne sais pas pourquoi mais, soudain, une boule se forme dans ma gorge et les larmes ruissellent. Je lève une main pour les chasser mais celle de mon père m'en empêche. Il me souffle un « Laisse les couler » et reprend ses caresses. Il se met à fredonner une comptine en français que maman nous chantait souvent quand on était triste. Les minutes glissent, les heures passent, et je fini par arrêter de pleurer. Je me sens vide et en même temps, bien mieux qu'avant. Parfois, se laisser à pleurer un bon coup fait du bien. Je fini par me redresser au moment où on toque à la porte. Maman entre, détaille l'image qu'on envoie, et nous rejoint. Elle réveille Melody et on se fait un bon gros câlin de famille. Accoudé à la porte, Fang nous sourit. Ma frangine saute du lit et file dans ses bras. Ils quittent la pièce tous les deux, me laissant seul avec mes parents. Qui m'offrent pleins de bisous et de chatouilles. Hilare, je me tortille sur le lit, subissant une double attaque perfide. Je me dégage tant bien que mal et bondit à mon tour sur le sol tout en remettant mes vêtements et mes cheveux en place.

Angel's Melody - Le RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant