Soumise Au Diable

Chapitre 19

__ Tu croyais quoi ? Que tu pouvais t'échapper comme ça ?

Je tente de me libérer de son emprise, mais rien ne fonctionne. Ma mâchoire me fait horriblement mal quand il presse encore plus. Il désire l'arracher ou quoi ?

Je ne réfléchis pas et la première chose que je balance est mon pied, qui se retrouve au bon endroit. Dans son entrejambe.

__ Sale garce !

À terre, je cherche un objet, rien en particulier mais, quelque chose pour me défendre. Cependant, ma vision est brouillée par je ne sais quoi. La fatigue ? La faim ? Je l'ignore.

Il attrape ma cheville et réussit à me retourner sur le dos, et de se mettre à califourchon sur moi.

Ses doigts se posent violemment sur mon cou et ses grandes mains exercent une forte pression jusqu'à ce que l'air dans mes poumons se vide.

Je me débats du mieux que je peux, tentant le tout pour le tout pour me libérer. Soudain, mes mains effleurent un objet assez léger que je réussis malgré tout à saisir.

Je fais un effort de plus en l'enfonçant dans le corps de mon assaillant, le voyant grimacer malgré tout. Le coup était parti tout seul. J'avais tiré. Ou plutôt, j'avais poignardé, laissant le liquide rouge couler abondamment. Dans le cœur. C'est brutal.

J'appuie plus fort pour empêcher tout mouvement de sa part. Je constate avec horreur le liquide qui me salit.

Je lâche l'arme de mon forfait, essayant malgré moi de garder un peu de mon sang froid quand j'entends les sirènes arriver. Un grand fracas me fait sursauter et je lève les mains en l'air comme me l'ordonne un homme avec une insigne.

__ Bordel... Qu'est-ce que c'est que-

Il analyse la pièce pour poser à nouveau ses yeux sur moi. Je suis d'abord horrifiée avant de me rendre compte qu'ils étaient là pour me secourir.

__ Que s'est-il passé ici, bon sang ?

Il me regarde encore avant d'avancer sans ma direction, affichant une expression étrange, voir indéchiffrable avant de me demander si j'étais Alia Campbell.

__ Oui.

Je me leve et tente de marcher en titubant avant de me jeter trrbucher pour me retrouver dans les bras du policier qui me rattrape de justesse. Libre, enfin, je suis libre. Libérée de toute cette horreur. Enfin.

Enfin...

Le sommeil m'avait emporté. Seulement à quel moment ? Je l'ignore. Les cris me réveilleront plus tard seront les seuls témoins de mon état d'épuisement. Je grimace en essayant de me lever, mais une main vient se poser sur mon épaule.

__ Ne bougez pas.

Je suis à l'hôpital. Et si je l'avais pas réalisé avant, je suis réellement hors de danger.

__ Laissez-moi passer ! Je dois la voir... je dois-

Cette voix... Je la reconnais, c'est celle d'Alana. Je suis surprise qu'elle s'en soit sortie. Enfin, j'étais étonnée jusqu'à ce qu'elle déboule dans la pièce, telle une furie, avec ce regard.

Hautain. Glacé. Inexpressif. Comme celui de Lucas, si ce n'est pire. C'était incroyable mais, je ne pouvais pas le supporter.

__ Elle a tué l'amour de ma vie.

Le son était coincé dans ma gorge quand j'ai essayé de parler. De toute façon, qu'aurais-je pu dire ? Les faits étaient déjà présents.

__ Veuillez sortir, S'il-vous-plaît mademoiselle.

__ Pour aller où ? Je n'ai plus rien ! Plus de famille, rien !

__ Veuillez sortir ! S'oppose le policier qui m'avait secouru.

Elle s'horripile et avance dans ma direction où elle pousse l'infirmière avant de me forcer à ma lever.

__ Rend-le moi ! Rend-le moi.

Elle n'arrêtait de se donner en spectacle, accentuant la migraine qui se formait dans ma tête. Finalement, la sécurité a réussi à la faire sortir.

L'infirmière se tourne ensuite vers moi en souriant faiblement, sûrement pour me rassurer.

__ C'est fini maintenant, tout va bien se passer.

Je l'espère. Je l'espérais vraiment en tout cas.

***

Mieux. Je me sens enfin respirer depuis des mois, voir presqu'un an. J'avais tout perdu. Une famille, des amis, et même mon humanité.

Je me refuse à ressentir une quelconque émotion pour le plaisir de Lucas. Même s'il ne pourra plus jamais rien me faire, je ne me sens plus en sécurité. Voir cette femme encore moins, elle qui a ses yeux, cette étincelle sans pudeur dans le regard.

__ Alia, est-ce que vous allez bien ?

__ Je ne sais pas.

Je me sens tellement vide. Je n'arrive plus à penser correctement.

__ Alia... si ça ne va pas, nous pouvons interrompre la séance.

__ Je ne sais pas.

__ Aimeriez-vous qu'elle quitte la pièce ?

Mes yeux errent dans la pièce pour se poser à nouveau sur Lydia. Après être venu à mon secours, la police avait réussi à arrêter tous les complices de Northman et par ailleurs, ils avaient retrouvé Lydia. La pauvre avait fini comme un légume.

Aucune joie n'éclairait plus son visage. Elle passait ses journées à rester assise sans rien dire depuis qu'on lui a annoncé la mort de en frère.

J'avais décidé de l'aider en faisant des séances avec mon psychologue, puisqu'on avait vécu à peu près la même chose.

Mais, c'était une catastrophe. Elle ne disait jamais rien et je sentais au fond de moi qu'elle ne voulait faire aucun effort pour guérir.

__ Oui. Faites-la sortir. Osai-je enfin dire.

La séance s'arrêta ainsi, j'avais pris mon sac et je m'étais dépêchée de rejoindre mon bus, quand une voix me stoppa.

__ Tu es un monstre, Alia Campbell !

Je continue mon chemin malgré les passants qui n'arrêtaient pas de me jeter des coups d'œil indiscrets.

__ Tu l'as tué et tu oses vivre tranquillement ta vie !

Elle hurle une fois. Puis, une autre fois. J'entends un bruit sourd. Je me retourne et elle est par terre, pleurant à chaudes larmes.

Mes jambes me guidant, je m'arrête devant Alana, la regarde de toute ma hauteur avant de me rendre compte qu'il n'y avait plus rien. Rien qui ne pouvait me changer. La changer. Et surtout rien ne pouvait changer ce qui s'est passé.

Je devais avancer. Oublier tout ce qui me rappelait cette année et pour ça, je devais m'éloigner de tout ce qui pouvait m'en empêcher. Mon psychologue avait raison, j'en avait besoin plus que tout.

__ Tu mérites l'enfer pour avoir aimer ce bâtard.

Ce fut mes derniers mots avant de tourner les talons et de m'en aller, la laissant dans ces sanglots incessants.