Chapitre 12

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Il se dirige vers moi. Mon cœur se serre, et je trésaille à la simple vue de son regard. Il avance vers moi, tel un bouledogue enragé avant de m'attraper violemment le cou et de commencer à le serrer de toutes ses forces. J'avais du mal à bien respirer, alors que mes poumons se vidaient peu à peu d'air.

Je luttais pour rester en vie, mais il était plus fort que moi. Je n'avais plus d'issue. Je me disais que c'était fini pour moi.

Alors un bruit sourd ramollit soudainement le corps de Lucas, ce qui me fit tomber lourdement sur le sol et me permit de reprendre mon souffle.

C'était Lydia, qui venait de lui donner un coup sur la tête. Le cendrier encore immaculé du sang de son frère, elle avait l'air horrifié par ce qu'elle venait de faire. Puis, dans un élan de maîtrise de soi, elle m'aide à me lever pour m'emmener avec elle.
***

Les doigts tapotant nerveusement le volant, la jeune blonde ne faisait ni attention à sa conduite dangereuse ni à la personne sur son siège passager. Cela faisait une heure qu'elle se prenait pour un pilote de course, déviant la circulation telle une folle.

_ Est-il possible qu'on ralentisse un peu ?

_ Non. Je connais bien mon frère, il a déjà sûrement envoyé ses hommes à nos trousses.

_ Bon, mais où va-t-on ?

_ Dans un petit endroit sûr.

Vraiment ? Peut-il vraiment y avoir un endroit sûr dans cette ville sans que ce taré ne nous retrouve ? Mais au fait...

_ Tu es sûre que Lucas ne va pas nous retrouver ?

_ Sûre et certaine.

_ Où se situe précisément l'endroit ?

_ Dans un petit ranch.

_ Ok.

J'étais assez sceptique avec cette histoire. Je ne voulais pas non plus que Lydia s'aperçoive que je n'avais pas confiance.
En un rien de temps, nous nous sommes retrouver dans petit endroit abandonné dans le nord de la ville. L'endroit était vide et silencieux; la méfiance que m'inspirait les murs effrayants de la maison me surprennaient. Pas l'ombre d'un chat. De fortes brises d'air balayaient mon visage, agrémentées d'une poussière étouffante. Elle m'invite à rentrer dans la maisonnette après s'être rendue compte que je grelotais.
L'intérieur était si sombrement décoré, des toiles d'araignée recouvrant la moitié du plafond, un bruit de fenêtre grinçante un peu trop stressant, des gouttes d'eau qui coulaient du plafond, et j'en passe avec toutes ces décorations siniques. Et avec l'atmosphère glaciale que dégageait la pièce principale, on eut vraiment l'impression d'être dans la maison une maison hantée. Soudain, après m'avoir fait visité les lieux, nous revenons dans le petit salon, salement entretenu.
_ Assied-toi je t'en prie.
Elle disparaît dans une pièce voisine pendant que je m'installe devant la cheminée. Puis elle revient avec une tasse de thé au jasmin qu'elle me tend avant de s'installer en face de moi.
_ Ça va ?
_ Je ne sais pas.
_ Tu ne te sens pas en sécurité c'est tout, mais je sais que ça va passer.
_ J'espère...
Je prends difficilement une gorgée de mon breuvage, par peur de retrouver une toile à l'intérieur de la tasse.
_ Je sais bien que tu fais ça pour me sauver de ton cinglé de-
Je coupe soudainement ma phrase pour ne pas la vexer, cependant je ne pus m'empêcher de le penser.
_ Désolée.
_ Ne le soit pas. Au fond, j'ai toujours su que Lucas était fou. Sa place n'est dans cette villa, mais à l'hôpital psychiatrique. Elle se concentra silencieusement sur sa tasse tout en coulant quelques larmes.
_ Dire que tout est de ma faute.
Sa faute ? Mais de quoi parle-t-elle ?
_ Comment ça c'est de ta faute ? Si Lucase est devenu fou, ce n'est sûrement de ta faute.
_ Si, c'est la mienne. Je... Je... J'aurais dû l'envoyer dans un centre spécialisé quand il a commencé sa folie.
_ Mais non enfin, t'es pas responsable de tout non plus. Votre père avait sa part de responsabilité.
_ Mon père ? Mais, qu'est-ce tu racontes ? Il a quitté maman lorsqu'elle était enceinte de moi, alors que Lucas venait à peine de fêter ses un an. D'où t'es venue cette idée étrange ?
_ Alana. Elle m'a même dit que tu avais un frère jumeau que Lucas a noyé.
_ Je n'en attendait pas moins de cette idiote. Elle est raide dingue amoureuse de Lucas, et ne supporte pas qu'une autre femme s'entiche de lui.
Alors, cette petite idiote d'Alana m'a raconté des mensonges.
_ Notre mère a été chassé de sa maison familiale à 17 ans, lorsque son père a appris qu'elle était enceinte d'un bon à rien qui la traitait mal.
_ Quel genre de personne était votre mère ?
_ Elle était simple, très gentille et un peu bavarde. Mais c'était un bonne mère. Elle faisait toujours de son mieux pour qu'on ne manque de rien, Lucas et moi, enfin jusqu'à ce qu'elle ne décide de nous faire adopter par manque d'argent.
J'étais scotchée à son récit si bien que je ne pouvais qu'être triste pour elle.
_ Maman a voulu retrouver notre père pour nous confier à lui, mais à la place elle nous a confié à un de ses vieux amis pas très recommandable.
_ Comment ça ?
_ Je préfère ne pas en parler...
De toute façon, elle m'en déjà assez dit comme ça. En plus, j'en sais largement assez sur ce que Lucas fait.
_ Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est lui qui a tout appris à Lucas, vraiment tout. Particulièrement tout ce qu'il fait aujourd'hui.
Bon, je me doutais bien que ce serait ça.
_ Cet homme a tout fait pour nous, mais quand nous avions commencé à vivre notre propre vie à l'adolescence, il en a décidé autrement en empêchant de sortir nous amuser, nous faire des amis, participer à des soirées hyper branchées. Nous étions devenus ses prisonniers, voir ses esclaves.
Mais, c'est horrible.
_ Où est-il à l'heure d'aujourd'hui, si ce n'est pas trop curieux de ma part ?
_ Il a été cruellement assassiné par-
Elle coupe sa phrase, boit amèrement son thé, se mord les lèvres avant de continuer.
_ Lucas. Il lui a tranché la gorge.
_ Oh mon Dieu ! Pourquoi a-t-il fait ça ?
_ Lucas-
Elle se met à vouler quelques larmes, impuissantes face à ces mots qui peinaient à sortir.
_ Il voulait me protéger, et il a fini par se salir les mains...
Elle fond en larme. Je la console en lui caressant le dos.
_ Il s'avère que cet homme se rinçait l'œil quand je prenais mon bain. Et, un jour il a... Il... Il a abusé de moi pendant que Lucas était encore au lycée. Je...
Elle lève les yeux vers le plafond en prenant une longue respiration avant d'essuyer ses larmes.
_ Je n'avais pas la force de dire à mon frère que la personne qu'il considérait comme son père avait abusé de moi, alors je me suis tu et je l'ai laissé faire sans broncher...
J'étais compatissante envers elle, je la réconfortais du mieux que je pouvais.
_ Et puis... Un... Un jour, Lucas est rentré plus tôt. Il... Il avait vu cet homme être violent avec moi, à un tel point qu'il pouvait le supporter. C'est à ce moment qu'il a saisi un couteau et l'a égorgé.
Je n'en revenais pas de ce que venait de me raconter Lydia. Je me suis toujours plaint d'avoir une vie ennuyeux, mais là. J'en revenais pas.

Après avoir consolé Lydia, je suis restée devant la cheminée, admirant les flammes danser sous mon regard triste et compatissant. Soudain, un bruit me fit sursauter; une voix me fait sursauter, et je me retourne en la reconnaissant.
_ Ça m'a pris un peu de temps, mais je t'ai retrouvé ma belle.
C'était Lucas, accompagné de ses hommes. Je reculais, très apeurée, le cœur s'accélèrant de plus en plus après chaque battement.
_ N'aie pas peur ma belle.
Je continuais ma marche arrière jusqu'à ce que je me retrouve bloquer contre un mur, plus aucune issue possible. J'étais coincée.
Lucas s'approchait de moi, le regard aussi glacial que jamais. Je n'arrivais plus à respirer au fur et à mesure qu'il s'approchait de moi. Je me suis forcée à fermer les yeux, tout en inondant mes joues de larmes.
_ Ne pleure pas, mon amour... Je n'aime pas voir les jolies femmes pleurer.
Malgré ses paroles, je sanglotais encore plus. Soudain, une main se pose sur ma mâchoire qui subit aussitôt une horrible pression que je ne pouvais décrire que par des cris.
_ Ferme-la.
J'étais incapable de répondre à cet ordre, je me suis donc contentée de le fixer froidement, et horriblement terrifiée.
J'ai voulu parler, mais aucun son ne voulait sortir de ma bouche.
_ Cette fois, je n'aurais aucune pitié pour toi, Alia.
Posant ses mains sur mon cou, il commence à exercer une forte pression dessus, à un tel point que je pouvais à peine respirer. Je me débattais de toutes mes forces, mais rien. J'étais condamnée.
Soudain, une voix résonne dans le dos de mon assaillant. Elle était à peine audible, car tous mes sens semblaient perdus dans cette vague d'émotions déchirante.
_ Lâche-la.
Cette voix ressemblait à celle de Lydia. Lucas me lâche brusquement. J'étais soulagée de pouvoir enfin respirer. Je me penche alors sur un côté pour reprendre ma respiration.
_ Je te promets de ne pas te tuer si tu arrêtes de te mêler de ce qui ne te regarde pas.
Il serait donc capable de tuer sa propre sœur !
_ Tu serais capable de me tuer ?
_ Sans aucun doute.
Il semblait sûr de lui. Je l'ai remarqué par la détermination qui animait sa voix. Je réussis ensuite à me lever difficilement, les jambes engourdis, afin de me diriger vers eux. Lydia, en me voyant les approcher pathétiquement, m'aide en m'obligeant à m'appuyer sur elle.
_ Ça va ? Me demande-t-elle en me faisant asseoir sur le petit canapé.
_ Ou... Oui...
J'étais encore très essoufflée. Je me contentais donc de parler peu pour ne pas trop me fatiguer.
_ Comment oses-tu Lydia ?
Lucas semblait plus furieux que la dernière fois que je l'ai vu, voir plus dingue.
_ Lucas, écoute... Je-
_ La ferme !
La jeune femme avait peur, très peur. Elle était complètement effrayée.
_ Emilio, occupe-toi de Lydia.
_ Lucas, mais-
Avant même qu'elle ne finisse sa phrase, Emilio l'attrape par le poignet et la fait sortir de force, alors qu'elle criait s j r son frère. Pendant ce temps, ayant déjà pris possession de tous mes sens, j'ai commencé à m'enfuir.
Je ne franchis même pas la porte que la main de Lucas se pose violemment sur mon nuque pour la presser.
_ Où comptais-tu aller, ma belle ? Tu pensais pouvoir m'échapper, n'est-ce pas ? J'aurais pu te pardonner, mais t'as osé léguer ma sœur contre moi. T'as vraiment osé...
_ Je-
_ Tais-toi.
Avant de faire sortir un autre son de ma bouche, ses deux mains ne prennent le cou d'assaut en me le torturant. J'essayais tant bien que mal de le repousser, le frapper, mais en vain. J'étais impuissante. Était-ce vraiment mon heure ? Devais-je mourir ainsi, sans pouvoir demander gain de cause ?

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