Rêve Éveillé

Chapitre 47

Tout ce que je fais, c’est pour toi Scott. Tout…

La musique se prolonge, nous avons passé les cinq minutes et je maintiens toujours le même rythme. Lorsque je rouvre les yeux, je remarque que mon adversaire est en sueur. Je dois probablement être dans le même état. Je me met à accroupis et je tourne sur moi même une jambe tendue, parallèle au sol. Je ne sais pas comment je tiens. Je ne sais pas ou j’ai appris à faire des choses pareilles mais ça intrigue tout le monde et en particulier mon adversaire. Il ne me quitte pas des yeux si bien qu’en me relevant, quand j’esquisse un pas brusque vers lui en balançant les bras en arrière, il recule et tombe. J’ai gagné. Tout le monde hurle à plein poumons. Je m’arrête de danser et je passe mes mains dans ma nuque. Je regarde le plafond pendant que de nombreuses mains viennent me toucher, m’enlacer et m’applaudir. Qu’est-ce que je fais ?

Clarisse attrape mon visage et se met sur la pointe des pieds. Avant que je ne puisse réagir, elle vient déposer ses lèvres sur les miennes. Je l’attrape alors par la taille pour l’éloigner mais elle prend justement appuie sur mes épaules pour sauter de manière à enrouler ses jambes autour de ma taille. Ses lèvres dévorent les miennes. Elle passe ses mains dans mes cheveux… Comme le faisait Scott… Elle joue avec ma lèvre inférieure… comme le faisait Scott… Et moi, énervé, je lui rend son baiser avec cette rage qu’elle prend pour de la passion.

Mes mains sous ses cuisses sont chaudes. Elle va m’échapper si je reste comme ça alors je la fait remonter. Clarisse laisse échapper un soupir en cherchant à nouveau mes lèvres. Je la ramène à la table, l’y assoie et je m’écarte pour m’asseoir à mon tour. Je suis crevé. Scott me manque… Je me laisse aller. La tête basculée en arrière et les bras dans le dos. Clarisse laisse ma chemise dans un coin et elle vient s’asseoir sur mes genoux. Je me laisse faire en fermant les yeux. Elle profite de ma vulnérabilité… Je suis comme paralysé…

4 mois et 1 semaine sans Scott.

J’ai recommencé à parler avec tout le monde y compris ma psychologue. Elle a l’air d’être vraiment aux anges à chacun de mes mots. Je me demande même si elle écoute ce que je dis. Je lui parle de Scott. C’est tout ce que j’ai envie de faire alors c’est tout ce qu’elle arrive à obtenir de moi. Il arrive même que je reste un peu plus longtemps que prévu, parfois. Je lui confie les mots qui ont pesé sur mon cœur pendant des mois en souriant, en pleurant et surtout en rêvant. Oui… Je rêve de le revoir.

Je ne t’oublierai jamais, Scott Wayland. Ma peau se souvient de tes mains. Mon corps peut encore se tordre de plaisir rien qu’en repensant au frôlement de tes doigts et j’ai toujours cette sensation étrange, tout près de mon cœur, lorsque je pense à tes lèvres posées sur les miennes. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi et tous ces moments que nous avons vécus ensemble.

_Il m’a pris dans ses bras par derrière ce jour-là…
_Tu semble vraiment l’aimer.
_Oui. Il domine mes pensées. Mon cœur et mon corps ne demande que lui. Je crois que… Je crois qu’il est l’étoile la plus belle de mon univers. Probablement une étoile rose. Oui, le plus bel astre de mon univers. Il illumine cette obscure vie dans laquelle nous devons survivre.

A la fin de la séance, Jonas entre dans le bureau pendant que je patiente dans la salle d’attente. Il en sort quelques minutes plus tard avec un sourire inquiétant. Je le soupçonne de me cacher quelque chose.

_Que se passe t-il ?
_C’est une surprise.
_Je suis obligé d’attendre ?
_Une surprise n’en est plus une si je te la révèle.
_Je n’aime pas attendre… Tu n'aurais pas dû me le dire…
_Chut ! Ça suffit !

***

J’observe le plafond en serrant le tee-shirt de Scott contre mon nez. Il n’a plus son odeur… Mon téléphone n’arrête pas de vibrer. Pourquoi est-ce que je l’ai mis à charger, déjà ? Ça fait quatre mois qu’il est éteint. Maintenant il n’arrête plus de vibrer. Je n’étais même pas sûr qu’il allait se rallumer. Je m’en empare et je me rends dans le salon. Jonas fait à manger tandis que je me jette dans le canapé en soupirant. Je me débarrasse de toutes les notifications puis j’ouvre Instagram.

Pourquoi est-ce que j’ai autant d’abonnés ? Je ne suis personne moi. Une pensée subite se fait une place dans mon esprit. Le profil de Scott… Je vais aussitôt dessus. Il est inactif depuis plusieurs mois, lui aussi. Je regarde nos photos. Je les like toutes. Je complète ensuite mon profil comme indiqué et je fais un rapide tour sur mon téléphone avant d’aller manger. Les raviolis de Jonas sont vraiment les meilleurs.

_Tu vas peindre aujourd’hui ?
_Oui, je vais finir mon tableau. J’ai une tonne d’idées pour les mélanges ! Ça va être magnifique, tu vas voir.
_J’ai hâte.
_Allez, mange. On a une longue journée devant nous.
_Je croyais qu’on avait rien à faire ?
_Changement de programme. Clarisse veut te voir et j’ai du boulot donc je lui ai dit que tu la rejoindrai au starbuck ou vous êtes allé le soir des feux d’artifices.
_Quoi ?!? Mais quand est-ce que tu l'as vu ?!
_Quand je suis allé faire les courses. Elle était avec sa mère. Elle t’invite chez elle à faire des gâteaux, des choses comme ça.
_Mais… Je ne connais pas sa mère et je ne veux pas la voir.
_Elle est pourtant inquiète pour toi. Elle m’a dit que tu ne l'avais pas contacté depuis les feux d’artifices.
_J’avais des choses à faire.

Jonas me regarde en haussant un sourcil.

_Tu passes la moitié de tes journées à regarder le plafond de ta chambre. Je commence à me demander si je ne vais pas te peindre des étoiles au plafond. Tu m’inquiète à contempler un blanc aussi éclatant. Si au moins il y avait quelque chose à observer… Mais ce n’est pas le cas !
_Juste la moitié. L’autre, je travaille et je fais du sport. C’est important non ?
_A ton âge il est surtout important de sortir.
_D’accord, je vais sortir mais je ne veux pas aller au Starbuck.
_Elle t’attendra là bas. Sois tu la préviens, sois tu la rejoins directement à quatorze heure.
_Mais je ne l’ai pas sur les réseaux !
_Alors cherche la ! Je ne vois pas ce qu’il y a de compliqué. On trouve tout le monde dessus, de nos jours.
_Tu vas pas me dire que tu es sur les réseaux, toi aussi ?
_Bien sûr que si. Comment veux-tu que j’organise les expositions de mes œuvres dans le cas contraire ?
_Okay… Je vais y aller. Le temps de faire la route, tout ça…
_Tu devrais t’habiller d’abord, non ?

Je jette un coup d’œil à mes vêtements mais je ne porte pas grand-chose, finalement.

_Je dis ça, je dis rien…
_Oui… Je vais faire ça.

J’enfile un pantalon avec des trous, un tee-shirt, mes chaussettes et enfin mes doc martens noires. Magnifique. Mon bandana est de travers, il faut juste que je le replace et ce sera bon.