Chapitre 10

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Devant le manoir, je descendais notre prisonnier menotté de la camionnette prévu à cet effet quand Adriel déjà en compagnie du gendre de la Reine vint vers nous. Il me regarda attentivement avant de se tourner de mauvaise humeur vers l'otage. J'étais étonné de sa réaction. Je crois que c'était la première fois qu'un noble s'intéressait réellement à moi. Jamais aucun d'eux n'avaient souhaité, ni même tenter de laver mon honneur pour une simple insulte. Ce qui avait tendance à me troubler.

Il empoigna le prisonnier par le bras avant de le remettre à ces hommes pour finir par m'observer de nouveau. Je restais interdite devant son regard inquisiteur. Sincèrement, si j'avais un miroir devant moi je me serais contempler pour voir s'il n'y avait pas eu un changement chez moi, car tout à coup j'avais cette impression d'être devenue irrésistible.

Dingue, non ?

Mais qu'est-ce qui lui prenait ?

-- Beau travail, Jo.

Bordel ! J'avais même le droit à un Jo !

Ouch, mais qu'est-ce qu'il s'était passé depuis qu'il avait bu mon sang ? Avait-il succombé à mon charme de gamine ? Lui avoir remis les pendules à l'heure lui avait-il fait du bien ?

S'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir, je pouvais en remettre une couche.

-- Ça va ? Me demanda-t-il devant mon mutisme.

Il pointa ma joue de la main.

-- C'est superficiel, affirmais-je avec nervosité, troublé malgré tout par son comportement dont je n'avais pas l'habitude.

Son regard se promena sur mon corps.

-- Et tes côtes, ça va ?

-- Comment ?.....

On ne voyait rien avec ma veste,  alors comment avait-il fait pour le découvrir ?

-- Tu te penches plus sur le côté comme si tu souffrais.

J'écarquillais les yeux, étonné, quand il rouspéta mécontent.

-- Je prête toujours attention à mes sujets.

Petit rappel pour me signifier que pendant encore cent ans je lui appartenais, même si quelque part cela me faisait plaisir, ce qui eut le don de m'énervé. Qu'est-ce qui me prenait d'être heureuse de rester dans ce clan pourrit avec un noble pour me donner des ordres ? Un noble, bon sang ! Un mec qui se croit encore au-dessus des lois et au-dessus de la petite vampire qu'il croyait que j'étais, seulement parce qu'il était persuadé que j'avais été humaine autrefois. Je perdais la boule, aucun doute ! Au moins, il avait le mérite de remettre mon petit cerveau de femelle en place.

-- Ça va.... Merci, dis-je avec plus de hargne en serrant les dents.

-- Montre-moi ta blessure !

-- Quoi ?!

-- Montre-moi ta blessure ! Se renfrogna-t-il.

Je jetais un regard autour de moi en constatant que tous mes collègues étaient encore présents. Et qu'ils nous observaient avec attention.

-- Ici ? Tout de suite ? C'est que nous ne sommes...

-- Maintenant ! M'ordonna-t-il d'un ton sec en m'interrompant tout en me faisant sursauter.

Quel connard prétentieux. Il s'attendait à ce que je me déshabille devant tout le monde. Son ton était même catégorique, il ne suggérait aucune discussion de ma part. Je le fusillais du regard en sentant une colère sourde teinté de violence m'envahir.

Monsieur, notre nouveau Seigneur cherchait seulement à me prouver sa supériorité et cela devant tout le monde. Une façon bien à lui de me rabaisser devant les membres de mon équipe tout en prouvant sa dominance face à son invité. Je savais qu'il n'était pas différent des autres. L'espace d'un instant, j'avais caressé l'espoir que... mais non, il était comme tous les autres nobles.

Parfait ! Qu'il en soit ainsi, alors !

Immédiatement, je m'en voulais d'avoir eu un moment de faiblesse pour ce noble de pacotille. Je relevais le menton et plongeais mon regard dans le sien prête à lui montrer que s'il avait voulu me blesser, il allait en avoir pour ces frais.

J'enlevais ma veste suivit par mon sabre que Blake récupéra. Je commençais tout juste à défaire les liens de mon corset quand j'aperçus la mâchoire d'Adriel se crisper avant qu'il ne pose sa main sur la mienne.

-- Tes vêtements ne prêtent à aucune intimité. Laisse tomber et va plutôt te nourrir.

Je rejetais sa main avec violence, j'avais trop les nerfs pour accepter qu'il me touche.

-- Pour avoir de l'intimité, il ne faut pas ordonner à une femme de se déshabiller devant tout le monde.

Je continuais donc sans prêter attention à ce revirement. Il avait tout d'abord cherché à me prouver sa supériorité et maintenant qu'il se rendait compte que je me donnais en spectacle monsieur voulait faire marche arrière.

Dans tes rêves mon grand !

Jaloux ? Possessif ? Je n'appartenais à personne et encore moins à un noble aussi changeant qu'une girouette ! Et j'allais lui prouver !

Loin d'être pudique, je défis mon bustier que je remettais une fois de plus à Blake qui souriait comme pour approuver mon choix. Un bras couvrant ma poitrine nu, l'autre glissant la masse de cheveux sur le côté, je me tournais afin de lui montrer mon flanc, là même où le pouvoir du vampire m'avait touché. Adriel sans même y jeter un œil récupéra mes vêtements des mains de Blake et me les lança, énervé. Je les récupérais sans un mot en les plaquant contre ma poitrine. Je prenais même le temps de m'incliner dans un geste de respect, alors que c'était loin d'être le cas. Je faisais surtout en sorte de prendre tout mon temps. Ce qui semblait l'agacer, surtout devant les membres de mon clan qui me reluquaient avec de grand sourire, tandis que d'autre allaient jusqu'à me siffler.

Quand on veut jouer, il faut savoir aller jusqu'au bout !

Et jusqu'au bout afin de l'enrager, même s'il n'avait aucune raison pour, je me tournais vers tous les hommes qui composaient mon équipe et m'inclinais le sourire aux lèvres tout en les remerciant pour leurs flatteries. Puis sans un regard de plus pour Adriel, je me détournais et montais directement dans ma chambre en faisant appel à un humain qui me suivit aussitôt.

Je montais les marches en sentant le regard d'Adriel me transpercer le dos. Qu'est-ce qu'il s'était passé depuis que je lui avais offert mon sang ? Pourquoi avait-il autant changer ? Pourquoi cela l'agaçait-il de me voir me mettre à nu devant ces hommes, surtout après l'avoir lui-même exiger ? Et pourquoi continuais-je à penser à lui, ou même à ces réactions étranges ? Il n'était là que depuis quelques heures et pourtant il avait envahi ce clan aussi bien qu'il avait envahi ma tête.

Comment une simple présence pouvait-elle être aussi envahissante ?

Tome 1 - L'Exécutrice : A Cran!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant