Chapitre 8 : Souffrance

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Tout se passe très vite autour de moi ; le paysage défile à une allure soutenue me faisant perdre la notion de temps, des voix différant les unes des autres résonnent, elles résonnent comme provenant des fins fonds de mon être. Elles créent un écho dans un vide proche, incertain. Des lumières, des flashs, mes yeux se plissent, je ne détecte rien de précis. Des cris, des hurlements de tristesse, de douleur... de haine. Tout s'enchaîne sans me laisser un instant de répit. Je lève les yeux, soudain consciente de ma propre personne subissant ce trouble incompris. Le ciel est noir, dénué d'étoiles, tel un vide infini. Sans me contrôler je me met à courir, fuir toutes ces sensations insurmontables est mon seul but, toutes ces impressions que je ne connais que trop bien, que je ne veut plus revivre, dont je ne veut plus entendre parler. Alors que je cours un éclair rouge sang surgit dans le ciel semblable à une giclée de sang projetée contre un mur blanc. M'attendant à un bruit fracassant je m'arrête subitement pour me recroqueviller sur moi même, mes mains se plaquent sur mes oreilles, enroulant mon visage de mes avants bras, mon nez est désormais réfugié dans mes genoux. Les larmes me montent au yeux et, comme prévu, un vrombissement d'une agressivité sans pareille retentit. C'est un son insoutenable, d'une sonorité abusivement élevé qui devrait m'arracher les tympans, mais je ne ressens rien si ce n'est une peur extrême. Ce son fracassant recouvre les cris, les pleurs et toutes mes pensées qui auraient pu s'éveiller en moi. Sans transition tout devient clair. Tout disparait. Tout se calme. Je me redresse et profite de cet instant de répit et me met à courir, à sprinter pour fuir, fuir ce qui m'arrive, fuir cette énigme qu'est le moment présent, qui me ronge de l'intérieur inlassablement. Je cours, mais je remarque bien trop tard que je fais du sur-place. Rien ne change autour de moi, rien ne défile comme précédemment, comme si tout autour de mon être faisait partie de moi. Tout est figé. Je stagne contre ma volonté, quelque chose m'empêche d'avancer. Tout à coup je prend peur. Je me retourne persuadée d'être suivie, d'être freiner par quelqu'un, quelque chose. Je me retourne. Je suis face à Clara. Ses cheveux châtains ondulent dans un vent qui ne m'atteint pas, ses yeux clairs me fixent, inexpressifs, misérables d'un quelconque sentiments. Ils sont vitreux, comme si un voile blanc recouvrait ses pupilles dilatées. Soudain, elle s'écroule, laissant au sol un corps raide et inerte. Une ombre prend forme sur ce corps. Une forme noire, synonyme de vide, comme si elle avait été creusée, voir même violemment dévorée. Mon coeur se met à battre à toute allure. Cette ombre, que je suit du regard, provient d'une personne. Quand je relève la tête celle-ci se tient debout à côté du cadavre. Des chaussures Richelieu noires, brillantes et parfaitement cirées, un pantalon noir coupe droite, un costard, des gants. Un homme immense, fin et parfaitement immobile. Mais, le visage indéchiffrable. Il est dissimulé par une peau cramoisie, ou peut-être simplement caché d'une cagoule couleur chair. C'est une matière indéfinissable, imprécise. Deux petits ronds noirs se forment à l'emplacement où devraient se trouver ses yeux. Ils se posent sur le corps inerte au sol d'abord silencieux, puis, il se met à être pris de secousses. Quand il redresse les yeux sur moi je sais que c'est la fin, l'horreur en face de moi provoque dans mon organisme tout un tas des sensations se résumants à une épouvante incalculable, alors qu'un sourire démoniaque apparaît sur son visage inhumain, je sais à ce moment là que je suis la prochaine. Mais, alors que je sors de ma transe et décide de prendre la fuite c'est trop tard ; sa première main s'est déjà posée lourdement sur mon épaule, et la deuxième quand à elle s'agrippe sur le col de mon tee-shirt. Elles effectuent sur moi une pression inconcevable, un poids s'abat sur mes épaules, j'ai l'impression d'être engloutie aux milieux des abysses, coulant sans ne pouvoir rien y faire ou d'être à des kilomètres sous terre, portant le poids du monde sur mes épaules. Ma respiration se bloque alors, incapable de prendre une bouffée d'air supplémentaire, je sens mes poumons commencer à me bruler. Je ne me débat pas. Au lieu de ça je ferme les yeux, me laissant porter par les flots de mes affres. Je me laisse porter sous son rire croissant qui résonne dans la pénombre, et sous les cris étouffés de ses défuntes victimes. Je ne pourrai pas fuir, il fait partit de moi désormais.

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