Prologue

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Je m'étais inscrite dans cette faculté dans le but de poursuivre des études dans la littérature. J'ai toujours été passionnée par les livres, les histoires, les émotions qu'elles transmettent, les messages qu'elles font passer, le monde dans lequel elles nous guident, nous oublient. La lecture fait partie intégrante de mon quotidien, de ma vie depuis aussi longtemps que je me souvienne. C'est pourquoi, sans n'avoir jamais pensé à ce que je ferai adulte, je me suis dirigée vers ce secteur, un secteur familier, rassurant, évident.

M'inscrire à cette fac fut une de mes meilleures décisions, enfin, c'est vraiment ce que je pensais.

De nature très timide et réservée j'ai rapidement pris goût à ce nouveau système différent de celui du lycée. Je me suis sentie libre, totalement indépendante, comme j'ai toujours adorée l'être.

C'est dans ce milieu que j'ai rencontré Luc en début d'année. Il est mon seul vrai ami, mon seul ami tout court en fait, et j'en suis satisfaite, c'est un choix. Il est dans le même domaine d'étude que moi, il étudie la littérature dans le but d'être éditeur. Dès le premier jour, nous avons su que nous serions de bons amis, ses vêtements extravagants ont attirés mon attention, ses yeux maquillés excessivement m'ont éberlués et son sourire franc, composé de belles dents blanches joliment alignées, m'a séduit. C'est son comportement naturel et drôle qui m'a fait me sentir directement à l'aise en sa présence.

Luc, c'est le genre d'ami à qui on peut tout dire, mais absolument tout et auquel on peut avoir une confiance aveugle, j'ai pour lui une confiance aveugle. Nous sommes les mêmes et en même temps, les parfaits contraires. Il est du genre extraverti sans pour autant être une personne très sociable, il se contente simplement de quelques amis, tout comme ma personne, sauf que moi, je suis introvertie et je n'ai littéralement que lui comme ami. Il enchaîne ses coups d'un soir, sors en boîte, drague sans cesse et s'aime de A à Z tandis que moi, je ne sors jamais où que ce soit, ne parle à personne et suis une personne inondée de complexes, qui ne parviens pas à s'aimer, à commencer par mes yeux de cette couleur grise immonde que j'essaie tant bien que mal de cacher avec des lunettes de vue au grand désespoir de Luc, lui, amoureux de cette couleur. Impossible. Qui peut sincèrement trouver des yeux de cette couleur réellement beaux ? Personne, je le sais mais en réalité je m'en fiche, je n'ai pas besoin de l'accord des autres pour me sentir bien.

En plus d'être mon ami, Luc endosse un rôle de colocataire, un choix qui n'a pas été compliqué à faire lorsqu'il à du falloir choisir une personne avec qui loger dans ce logement étudiant pour deux personnes. C'est ce qui est pratique avec un ami gay, je sais qu'il ne tentera jamais rien et que notre relation s'arrêtera toujours à de l'amitié pure.

Heureusement qu'il est là pour égayer mes journées, bien que nous soyons très différents en beaucoup de points, j'aime l'entendre me raconter sa vie palpitante avec ses milles et unes histoires de couple, ses disputes avec ses parents au sujet de son homosexualité, ses nouveaux achats de vêtements en ligne ou encore ses nouveaux essais de maquillage qu'il à pu voir sur les réseaux sociaux. Sans lui ma vie serait d'un ennui total.

Enfin, c'est ce que je pensais, avant qu'ils ne débarquent dans ma vie.

Bien que fermée socialement et absorbée par ma personne et mes complexes, je ne suis pas une fille que l'on pourrait qualifier de «déprimante». Je n'ai jamais eu de période de réelle tristesse, mise à part cette période où Biscotte, mon hamster marron, est mort dans mes mains suite à une insuffisance cardiaque, j'en fus dévastée durant des mois à l'époque. J'avais 6 ans.

Je ne vois pas de quoi je me plaindrais, j'ai deux parents qui m'aiment, qui s'aiment et portent tout leur amour sur leur fille unique, avec une vie stable, des parents ayant une situation financière extrêmement favorable et une maison pour le moins confortable pour ne pas employer le terme de «luxurieuse», un mot que je déteste, mais, que je le veuille ou non, peut parfaitement décrire ma vie avec mes parents, bien que je ne vive plus sous leur toit lors de mes semaines de cours.

La situation financière de mes parents est un sujet que j'essaie le plus au monde d'éviter. Leur richesse me met mal à l'aise par rapport aux autres, je ne m'en sens pas digne, c'est pourquoi je n'en profite pas comme certaines filles de bourges le ferraient avec des habits de marques, des sacs de luxe et j'en passe. Comme je vous l'ai précisé, je suis du genre discrète, invisible au yeux des autres.

Le comble dans mon histoire c'est que je croyais sincèrement l'être.

Je n'ai rien en ma personne susceptible de me démarquer à mon grand avantage, si ce n'es ces hideux yeux grisâtres. Bien qu'ayant des complexes, comme la plupart des personnes j'imagine, je suis du genre à m'apprécier globalement. J'aime passer du temps avec moi même, me faire jolie à ma façon, coiffer mes longs cheveux bruns, m'occuper, sortir à la librairie, à la bibliothèque et même parfois au musée pour admirer tous ces tableaux. J'aime partir du principe que je n'ai besoin de personne et personne n'a besoin de moi, que je suis libre.

Encore une fois, ce ne sont que des croyances, des impressions.

M'inscrire dans cette fac a été pour moi un moyen de me découvrir, de me développer, mais surtout de me rendre compte que j'avais faux sur toute la ligne, par rapport aux autres, par rapport à ma vie, par rapport à moi.

J'ai toujours été observée, partout, où que je sois.

J'étais inlassablement désirée.

La cible parfaite.

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Kimie

RésolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant