Résolution

Chapitre 7 : Le retour du passé

Cela faisait bientôt deux semaines qu'Emilie avait eu son accident en cours d'histoire de l'art, et qu'elle s'était réveillée à l'infirmerie avec un petit message de son professeur lui proposant de passer le voir dans son bureau un de ces jours. Depuis, elle n'avait pas cessé d'y penser, tournant en boucle dans sa tête les images de ce qui s'était passé. Elle avait ressenti quelque chose en voyant cet homme, c'était certain, mais elle n'arrivait pas à mettre des mots sur ce sentiment et cela l'effrayait. Elle était intimidée lorsqu'elle le regardait en cours, rassurée lorsqu'elle écoutait sa voix et bouleversée lorsque leurs regards se croisaient. Luc avait remarqué les émotions de sa meilleure amie et essayait sans cesse de la pousser à aller voir Richard, si bien que le jeudi de la semaine suivante, Emilie se décida enfin à aller le voir.

Elle avait terminé son cours de philosophie à 18h30, et après avoir discuté quelques minutes avec Luc à propos de son voyage avec Ethan (oui ils en parlaient encore, tous les jours en boucle), elle avait pris le chemin du bâtiment C, là où se trouvaient les bureaux des professeurs. Tandis qu'elle marchait dans la nuit, elle imagina ce qu'elle pourrait dire à Richard : elle n'avait pas osé le voir avant car elle ressentait quelque chose pour lui et en avait peur ? non, elle ne dirait certainement pas ça. Simplement parce qu'elle était gênée de ce qui s'était passé ? oui, c'était beaucoup mieux, il serait obligé de comprendre vu les circonstances... Perdue dans ses pensées, elle arriva devant la porte du bureau sans s'en rendre compte. C'est lorsqu'elle toqua, mécaniquement, que son cerveau revint à la réalité et qu'elle réalisa ce qu'elle faisait. Personne n'ouvrit. Emilie resta immobile, la main encore levée. Elle fut surprise de se sentir rassurée. C'était peut-être mieux ainsi, elle reviendrait à un meilleur moment lorsqu'elle aurait réfléchi à une meilleure excuse. Mais soudain, du bruit lui parvint de derrière la porte et elle s'ouvrit légèrement. Richard passa sa tête dans l'entrebâillement. Ses cheveux étaient décoiffés, il semblait un peu essoufflé, et surtout assez agacé, comme si on le dérangeait en pleine séance de sport. C'était la première fois qu'Emilie le voyait d'aussi près depuis qu'il lui avait demandé de s'allonger sur le bureau, et elle se rendit compte qu'il était beaucoup plus jeune que ce qu'il lui avait paru, dans les 35 ans selon elle. Emilie se sentie gênée et se mit à bégayer :

« - Bonsoir monsieur, je... excusez moi de vous déranger...

- Bonsoir Emilie, répondit Richard d'une voix douce et suave.

Son regard s'attendrit et son agacement disparu immédiatement, ce qui rassura la jeune fille. Il se souvenait de son prénom ! Des papillons commencèrent à voleter dan son ventre et elle déglutina pour reprendre ses esprits. Il ouvrit la porte en grand et l'invita à entrer dans la pièce. Elle était spacieuse et assez ancienne, avec un grand bureau en chêne au milieu et un canapé gris à gauche de la pièce. A droite, un grand miroir était posé au-dessus d'une commode sur laquelle étaient exposées des bouteilles de divers alcools, sûrement de très grande qualité. Au fond, dans l'angle gauche de la pièce, il y avait une porte sur laquelle était écrit « PRIVATE ». Cela devait être une réserve où il rangeait ses livres rares et ses objets de collection, supposa Emilie. Une femme blonde, d'une trentaine d'année en sorti. Elle portait une chemise d'homme, et sa jupe était mal mise, ce qui, pensa l'étudiante, devait être le nouveau style à la mode des blondasses. Richard sourit en la voyant et Emilie sentie une vague de jalousie la parcourir de la tête aux pieds.

- Ah ! s'exclama Richard en tendant la main dans sa direction. Je te présente mon assistante, Amber. Nous étions en train de jouer aux cartes mais nous avons terminé, je suis tout à toi à présent.

Amber eu un sourire poli envers Emilie, avant de sortir du bureau en faisant un clin d'œil à Richard. Emilie fit mine de n'avoir rien vu pour ne pas gêner son professeur qui venait surement de se faire battre à plat de couture aux cartes. Il s'assit derrière son bureau et Emilie s'installa face à lui. Son cœur recommença à battre la chamade.