Chapitre 11

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Jungkook

Le sursaut qui suivit mon réveil rendit ma respiration haletante, et aussitôt, ce rêve que je venais à peine de quitter regagna chacune de mes pensées – elle en était la seule et unique protagoniste. Elle.

« Non, Jungkook ! Non ! », m'écriai-je en me mettant brusquement debout. « Ne pense pas à elle ! »

Personne n'aurait pu comprendre à quel point je fus en colère contre moi-même à ce moment-là – je me sentais à la fois écoeurant et impuissant.

Comment mon esprit pouvait la dévêtir si facilement ?

Rêver d'elle complètement nue dans mes bras avait un goût d'interdit, et bien que l'idée me plut bien plus qu'elle ne dut, ma morale en fit heurter. Je ne pouvais pas la désirer autant – du moins pas aussi intimement qu'au sein de l'un de mes rêves – cependant, ce souvenir d'elle dans ce bar me fit me rappeler que la façon dont elle avait aisément attiré et capté mon attention.

Ahri était une femme élégante. La manière dont ses doigts glissaient dans ses cheveux aurait pu être le lieu de naissance de tout un roman. Elle était un peu comme l'une de ces sculptures taillées par les mains d'un homme qui n'imaginait que la femme parfaite, mélangée à l'un de ces livres qui parlaient de tous les sujets possibles et inimaginables.

Comme elle me l'avait dit la veille, elle était séduisante et moi séduit.

Comment aurais-je pu ne pas l'être lorsqu'elle était la seule femme qui avait effleuré ma peau depuis des mois ?

« Kook ! »

« Quoi putain ? Quoi ? », criai-je à cause de ma frustration grandissante. « Qu'est-ce que tu me veux, Mia ? Ne pouvez-vous pas tous me foutre la paix ? »

« Oh... Euh... Je suis désolée si je tai dérangé. Je ne voulais pas t'embêter. »

Et pour ne pas arranger ma situation, la petite voix attristée de la femme de mon frère me fit me sentir un peu plus horrible. L'époque où elle m'aidait à faire mes devoirs me revint en tête comme si cela ne remontait pas à plus de dix ans, et soudainement, j'eus le cœur gros.

Mia était comme une sœur pour moi – ou du moins elle l'avait été avant mon départ pour Latlas – et elle ne méritait pas que je fasse d'elle au lieu de moi-même l'objet de ma colère, alors je quittai rapidement ma chambre pour la rattraper.

« Excuse-moi. », dis-je dès qu'elle se retourna vers moi. « Je suis vraiment désolé. »

« Ce n'est pas grave. Tu m'as l'air surmené. »

« Je ne le suis pas... Juste un peu tourmenté. As-tu besoin de moi ? »

« Mmh... », répondit-elle en hochant la tête. « J'ai un rendez-vous dans une heure, mais je ne me sens pas très bien. J'ai la tête qui tourne de temps à autre alors je n'ai pas vraiment envie de prendre le volant. Je... Je voulais savoir si tu pouvais m'y conduire. Je l'aurais bien demandé à Junghyun, mais il est déjà parti pour le bureau et-... »

« Attends-moi au salon, OK ? Je me prépare et j'arrive. »

*****

Jungkook n'était pas médecin, toutefois, il fut complètement sûr que Mia était enceinte en se rappelant qu'il ne l'avait pas vu toucher à une seule goutte de vin lors du gala. L'idée d'avoir un neveu ou une nièce lui plaisait bien et cela le fit sourire en jetant de petits regards çà et là à la jeune femme lors du trajet.

« C'est ici. Arrête-toi là. »

Le jeune Jeon stationna sa voiture sur l'une des places de parking qui bordait la petite route, puis la brunette regarda sa montre. Elle était une personal shopper assez réputée à Lestar, néanmoins, cela ne changeait en rien ce stress qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle devait rencontrer ses clients.

« Bonne chance ! », s'exclama Jungkook en serrant fermement son poing en l'air. « Je t'attends ici. »

« Merci ! »

Mia serra son poing à son tour en pouffant de rire, puis elle quitta la voiture et s'en éloigna pour entrer dans ce bâtiment à la devanture blanche qui n'était autre qu'une boutique de vêtements très tendance mais peu connue. Elle y avait donné rendez-vous à sa cliente pour quelques heures à jongler entre shopping et conseils, et Jungkook en fut presque envieux – il adorait faire les boutiques.

Le beau noiraud, à peine sa belle-sœur partie, se laissa envahir par l'ennui. Il détestait cela, mais il fut bel et bien forcé à se tourner les pouces, car pour lui, partir et laisser Mia sans garde du corps n'était pas du tout une option.

Ahri

Je n'avais jamais été du genre à vénérer le petit-déjeuner – je n'en prenais presque jamais – mais Eyan insista pour que je reste un peu plus et j'acceptai. Je l'accompagnai avec un simple verre d'eau tandis qu'il mangeait des céréales tel un enfant, toutefois, j'appréciai le voir mâcher et apercevoir ses joues gonflées.

« On dirait un écureuil. »

« Mmh ? »

« Rien... », répondis-je en lui faisant un bref signe de la main pour qu'il poursuive son repas. « Manges-tu tout le temps tout ça le matin ? »

« Comment ça 'tous ça' ? Il faut bien que je mange pour prendre du muscle, non ? »

Mes yeux se posèrent instantanément sur ses bras robustes, et telle la femme la plus compréhensive de la planète, je hochai la tête. Regarder son corps aurait facilement pu devenir l'une de mes plus grandes passions, néanmoins, m'éprendre à ce point de quelqu'un ne faisait pas partie de mes plans, alors je préférai détourner le regard.

Nous discutâmes longuement dans la chaleur de son appartement – c'était plus du flirt qu'autre chose – puis nous prîmes notre douche ensemble.

Il adorait me toucher, et franchement, je ne m'en plaignit pas, néanmoins, lorsque mon besoin de rentrer chez moi monta, il ne fut compréhensif et ne fit ni une ni deux pour me prêter l'un de ses sweats à capuche et ce qui ressemblait à un short, avant de m'accompagner hors de son immeuble.

Jungkook

Mes yeux fixés l'écran de mon téléphone – je lisais l'actualité et les potins du jour. Je n'arrivais pas à croire que le fils du président de Lestar et son amant avaient été pris en flagrant délit à la sortie d'un hôtel, mais cela me fit rire plus qu'autre chose.

Constater les problèmes des autres me faisait du bien de temps en temps, alors j'appréciai ce moment où ce fut le cas.

C'était peut-être cruel de ma part de rire du malheur des autres, mais après tout, ce n'était pas de ma faute que le petit prince du pays ne trouvait plus de réconfort dans les bras de son épouse – moi j'en avais trouvé en tout cas.

Avoir couché avec une femme mariée n'était pas une chose dont j'étais fière – à ma décharge elle était celle qui m'avait fait des avances. D'ailleurs, je n'en avais parlé à personne, car si cela avait eu le malheur de remonter jusqu'aux oreilles de mon père, il m'aurait sans doute fait voir la création du monde en 4D avant de faire évaporer mon cadavre de celui-ci.

« J'ai la chair de poule rien qu'en y pensant. », soufflai-je avant que mes yeux me se posent sur l'autre côté de la rue. « Mmh ? Elle ici ? »

Ma soi-disant petite amie était là – à peine sortie d'une espèce d'immeuble – et pour me surprendre davantage, elle n'était pas apprêtée comme à son habitude. Elle semblait noyée dans ces vêtements bien trop grands, et je trouvai cela adorable jusqu'à l'instant où je vis le mec du bar quitter à son tour le bâtiment et l'embrasser si fougueusement que j'en détournai le regard.

𝐗𝐎𝐗𝐎 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant