Chapitre 13

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Jungkook

Mes mains étaient dans les poches de mon jogging. J'attendais Ahri avec impatience, et dès que je la vis approcher vêtue de mes habits, un sourire en coin apparu sur mes lèvres. Elle était encore plus ravissante que je ne l'avais imaginé – encore plus tentante – et malgré moi, je ne pus m'empêcher de la contempler.

L'objet de tous mes désirs était auprès de moi – mes vêtements sur elle comme si elle avait passé avec moi la nuit qu'elle avait passé avec un autre – mais elle ne releva pas une seule fois ma présence lorsque mon père nous rejoignit. Elle ne fit que lui parler et le charmer un peu plus, tandis que j'étais là à la fixer comme un animal en rut.

« Jungkook, as-tu parlé à Ahri de notre petit séjour en mer ? »

« Papa... Je t'ai dit que je ne viendrai pas. »

« Et pourquoi pas ? », questionna mon aîné avant de poser à nouveau les yeux sur ma supposée petite amie. « Ahri, tu nous feras l'honneur de te joindre à nous, n'est-ce pas ? »

« Euh... Monsieur Jeon-... »

« Finalement... Nous viendrons. », dis-je soudainement avant d'esquisser un bref sourire. « N'est-ce pas, mon amour ? »

« Mmh... Oui. Je suis ravie de vous accompagner. »

Là encore elle ne fit que mentir, mais cela me satisfit. Passer trois jours sur un bateau ne me disait rien jusqu'à ce que je me rappelle que plus je passais de temps avec elle, moins elle en passait avec l'autre.

Ahri

Le déjeuner fut court et je me retrouvai dans la voiture de Jungkook bien plus rapidement que je ne l'eus cru. Il me déposa à quelques rues du manoir et je marchai rapidement pour rejoindre celui-ci.

Discrètement, je passai le grand portail noir en acier forgé, puis je me précipitai jusqu'à la fenêtre de ma chambre, grimpant plus ou moins habilement à cet arbre – il était mon complice à chaque fois que je découchais – afin de gagner ma chambre.

Jamais je n'aurais laissé ma mère me voir dans les vêtements de ce rabat-joie qui me servait de patron et s'imaginer que j'avais enfin accepté d'aimer quelqu'un. Elle voulait pour moi une vie pleine d'amour, car malgré le fait qu'elle avait été mentalement détruite par l'indifférence de l'homme qu'elle avait épousé, elle croyait toujours en l'âme sœur.

Ma mère voulait que j'aime – homme, femme ou peu n'importe le genre – mais ce n'était juste pas fait pour moi.

Je savais à quel point croire en quelqu'un les yeux fermés conduisait tôt ou tard à se retrouver face contre terre à pleurer des larmes de sang – mon père me l'avait appris – et jamais je n'aurais pu accepter vivre cela, alors faire espérer ma mère n'était pas la chose à faire.

« Ahri... T'es là ? »

« J'arrive ! »

La voix de mon frère me fit quitter la salle de bain rapidement et déverrouiller ma porte de ma chambre. Il me lança un regard plein d'inquiétude, puis il soupira et me prit dans ses bras sans se soucier que mes cheveux trempés puissent mouiller son t-shirt.

« Où étais-tu ? »

« Pourquoi as-tu l'air aussi inquiet ? », interrogeai-je en l'attirant dans ma chambre. « Maman a remarqué mon absence ? »

« Je lui ai dit que tu étais rentrée tard et que tu es sortie tôt ce matin, mais j'ai flippé. Tu aurais pu m'appeler pour me dire où tu étais. »

« Tu ne m'as jamais demandé de le faire avant. »

« Parce que je ne savais pas que tu fréquentais tous ces hommes ! », s'écria-t-il en haussant la voix avant de directement regarder en direction de la porte et de reprendre en chuchotant son mécontentement. « Tu pourrais très bien tomber sur un psychopathe, alors maintenant je veux savoir où tu vas. Tout le temps. »

« Sérieux ? C'est n'importe quoi. »

« Si tu veux continuer à te faire de l'argent comme ça sans que maman ne le sache, tu as intérêt à obéir. Je n'arrête pas de me faire du soucis pour toi depuis que je le sais, alors essaye de comprendre un peu mon point de vue. »

« Mmh... »

« Quoi, 'mmh' ? »

« Je ne compte pas te dire où je vais à chaque fois que je mets un pied hors de la maison, mais je garderai toujours activée la localisation de mon téléphone. »

« Promis ? »

« Promis ! »

Comme lorsque nous étions enfants, nos petits doigts se rejoignirent pour sceller notre accord, et puis nous descendîmes rejoindre notre mère au rez-de-chaussée.

*****

Lorsque Jungkook avait décidé de se confier à son meilleur ami, il n'aurait jamais pensé que ce dernier n'aurait pas su le conseiller, toutefois, le silence qui s'installa entre eux deux en fut bel et bien la preuve.

Zach était confus, car depuis qu'il connaissait le jeune Jeon, ce dernier ne s'était jamais vraiment donné trop de mal à séduire qui il souhaitait. Jungkook était séduisant et riche – l'image de l'homme parfait aux yeux de la société – alors pourquoi ce dernier ne cessait de dire que celle qui lui plaisait lui était complètement indifférente ?

« Mais quand tu me dis qu'elle te plaît-... »

« Elle me plaît et c'est tout. Elle me plaît. »

« C'est sexuel, hein ? »

« Bien sûr que c'est sexuel ! », s'écria Jungkook comme s'il se répétait pour la énième fois. « Elle me donne de ces envies. J'aurais honte d'en parler... Même à toi. »

« Oh mon Dieu. »

« Ne me juge pas ! »

« Je ne te juge pas, Kook... C'est juste qu'elle a été claire, non ? Cette fille ne veut pas plus et elle a même rédigé un contrat pour te le faire comprendre. Tu devrais respecter ça. »

« Mais qu'est-ce que je fais d'après toi ? », questionna le plus jeune en poussant ses cheveux en arrière avec un air exaspéré. « Je ne fais que me mettre des barrières. Elle a refusé de passer la nuit avec moi le soir du gala et je n'ai même pas essayé de la convaincre, mais... Mais j'ai juste perdu mon sang froid en la voyant être aussi intime avec cet autre mec. »

« Je n'arrive pas à croire que tu es jaloux. », marmonna le brun en balançant nonchalamment la tête. « J'ai l'impression qu'elle t'obsède pour la simple et bonne raison qu'elle t'ait dit non. »

« Tu crois ? »

Zachariah hocha la tête, puis sourit à son ami en tapant doucement sur son épaule. Le jeune Gray se sentait impuissant face à la petite mine de son meilleur ami, car même si il faisait de son mieux pour le conseiller, il ne savait pas ce que ce dernier ressentait et pensait clairement – Jungkook ne faisait que grommeler sa frustration.

« Ça fait 8 jours que je ne l'ai pas vu, mais elle est dans ma tête constamment. Mon père ne fait que parler d'elle ! D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il sait bien plus sur elle que je n'en sais moi-même. »

« Alors tu te plains qu'elle te rejette, mais tu ne fais pas attention à elle ? », interrogea Zach avant de boire une gorgée de son troisième espresso. « Qu'est-ce que tu espérais ? »

« Crois-tu que ce blondinet a fait mieux que moi ? »

« Difficile de faire pire, je dirais. »

« Ami en carton. »

L'ainé éclata de rire en remarquant la petite moue du plus jeune, toutefois, il se tut dès qu'il vit tous les regards se tourner vers lui dans la cafétéria du siège du ConnectCoeur. Leur soi-disant pose café s'était excessivement allongée, et toute l'attention qu'il eut si soudainement sur lui fit brusquement rappeler à Zachariah qu'il avait une énorme pile de documents à revoir sur son bureau.

« Je dois y aller ! », s'exclama le grand brun en se levant d'un bond. « N'oublie pas de la récupérer demain. Ce petit séjour avec ta famille vous rapprochera peut-être. »

Jungkook esquissa un faible sourire en voyant son meilleur ami s'éloigner, puis il baissa les yeux vers son café froid et intouché.

« Et c'est ce qui me fait peur. »

𝐗𝐎𝐗𝐎 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant