Discussions en sous-sol

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Ils se mirent tous à courir. Derrière eux, Terra entendit un claquement d'uniformes se rapprocher. Elle entendit les prêtres échanger avec leurs poursuivants mais cela ne ralentit pas le son des bottes qui battaient les pavés derrière elle.

Roscelin était à l'avant et leur montrait le chemin. Il se retournait fréquemment pour vérifier où le reste du groupe était et Terra l'entendait parfois jurer entre deux foulées. Ancelle et Terra arrivaient à tenir son rythme pour l'instant, aidées par le fait qu'elles n'avaient que leurs poches individuelles à porter alors que Roscelin portait sa lourde besace sur le dos.

Mari-Alee était derrière eux et avait plus de difficultés à suivre la cadence. Ses talons la gênaient et elle devait porter sa robe des deux mains pour éviter de marcher dessus ou de la voir s'accrocher quelque part. Chaque seconde qui passait le bruit de ses petites chaussures devenait de plus en plus lointain.

Roscelin tourna à droite dans une rue plus étroite. Il prit fermement Terra et Ancelle par le bras et les plaqua dans un coin, dissimulées par une charrette.

— Restez-là, dit-il aux deux jeunes femmes terrorisées. Sans ôter son sac à dos, il repartit vers l'arrière. Allait-il sauver Mari-Alee, ou les abandonner à leur sort ?

Ancelle tenait le bras de Terra, enfonçant ses ongles dans sa peau.

Terra entendait des voix d'hommes au loin. Les secondes passèrent. Roscelin et Mari-Alee n'étaient toujours pas visibles. Elle n'y tint plus et se leva. Si on reste ici, on va nous embarquer et ensuite on fera le lien avec les cadavres dans la boutique, se dit-elle.

Elle vit soudainement apparaître Mari-Alee qui courait vers elles. La Comtesse virevoltait et, la main gauche contre son Cosmo de feu, tendait sa paume droite derrière elle. Le creux de sa main était rouge et plusieurs boules de flamme en jaillissaient pour aller s'écraser contre le mur des maisons d'en face, laissant une large trace noire.

Immédiatement derrière elle, un gendarme la suivit. Il se baissa pour éviter les projectiles enflammés mais fut rattrapé par Roscelin qui lui tomba sur le dos. D'un coup d'épée, il embrocha l'assaillant qui s'étala par terre. Terra n'avait pas vu l'épée entrer et sortir de la poitrine et se demanda comment il était possible d'aller aussi vite.

— Vous étiez censé nous aider à trouver un moyen de sortir de cette ville, et vous avez mené la police droit sur nous ! s'exclama Mari-Alee, le souffle court.

— Chut ! l'interrompit Roscelin, ceux qui se sont enfuis vont ramener du monde.

— C'est vous qu'ils cherchent ! répliqua-t-elle, ignorant sa remarque. Ils vous ont vu vous déplacer, ce genre de vitesse ne s'acquiert qu'avec l'aide de la magie. Et je ne pense pas que vous puissiez présenter un permis d'utilisation pour celui-là.

Encore quelqu'un qui se sert d'un Cosmo ? Et cette fois-ci sans autorisation. Avec quel genre de personne je me suis retrouvée ? s'inquiéta Terra.

— Tu ne veux pas te calmer ? Te demander de me remercier doit être trop compliqué, mais reste au moins tranquille ou je te laisse vous débrouiller.

— Non, je t'en prie, s'interposa Ancelle. Nous ne savons pas où aller.

L'intervention de la femme de chambre calma Roscelin.

Une porte à côté d'eux grinça et un homme passa la tête dans l'ouverture et leur fit signe. Terra reconnut Martand, le voisin qui l'avait embarquée dans l'émeute de ce matin, qui pourtant semblait dater de plusieurs semaines dans la tête de la jeune femme.

***

— Mademoiselle Warrin, je suis bien content d'être tombé sur vous. Votre groupe faisait tellement de bruit que j'ai d'abord pensé que vous étiez des fauteurs de trouble.

Les pierres de la révolteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant