Le contenu du sac

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Roscelin avait pris cinq gemmes en tout dont la taille et la couleur variaient d'une orbe à l'autre. Terra pointa du doigt la gemme noire beaucoup plus grosse que les quatre autres.

— Je ne sais pas si c'est un Cosmo. J'ai vu cette pierre dans l'armoire du bureau d'Hadrian et j'ignore si c'est une commande spéciale qu'il a prise sans m'en parler ou simplement un objet qui lui appartenait. Je n'ai jamais vu un Cosmo de cette couleur, vous avez peut-être simplement pris un objet décoratif. Vous en avez déjà vu un comme cela ? ajouta-t-elle en se tournant vers Mari-Alee.

La Comtesse fit non de la tête.

— La taille et la couleur sont uniques. Je n'ai jamais vu quelqu'un posséder un tel Cosmo.

Hadrian avait l'air de tenir suffisamment à cet objet pour le garder dans ses affaires, pensa Terra, est-ce que Roscelin accepterait de me le rendre si ça ne sert pas aux révolutionnaires ? Ou bien voudra-t-il tout de même le garder pour le vendre ?

Elle passa ensuite aux autres gemmes. Celles-ci lui étaient familières. Elle avait accueilli chaque client et avait recueilli ces Cosmos elle-même. Cette vie lui semblait si loin, maintenant.

Elle n'avait pas ses pinces sur elle avec lesquelles elle avait l'habitude de manipuler les orbes. Elle approcha une main méfiante et guetta la réaction de ses trois compagnons, le bras tendu vers les gemmes. Roscelin semblait ennuyé par sa réticence à poser ses doigts directement sur les orbes, lui qui n'hésitait pas à les traiter comme de simples cailloux. Mari-Alee qui rongeait nonchalamment ses ongles haussa les épaules. Seule Ancelle avait les sourcils froncés d'inquiétude.

Voyant qu'aucun d'entre eux ne souhaitait objecter, Terra prit le Cosmo le plus proche d'elle dans sa main.

L'orbe tenait parfaitement dans sa paume et son cœur vert émeraude pulsait lentement, propageant de minuscules éclairs du centre vers l'extrémité. Terra se souvenait du client qui avait amené ce Cosmo en lui demandant une copie pour les quatorze ans de son fils.

— C'est un Cosmo d'esquive. Le porteur peut se déplacer très rapidement lorsque la gemme est en contact avec sa peau.

Elle leva les yeux vers Roscelin.

— Comme celui que vous utilisez lorsque vous vous battez.

Elle regarda à la ceinture de l'homme pour essayer de détecter la gemme qu'il portait. Il sembla noter sa recherche visuelle car il lui répondit :

— La mienne est incrustée dans la garde de mon épée.

Terra n'avait jamais réfléchi à comment utiliser les orbes efficacement et cela semblait une bonne idée pour ne pas s'embarrasser d'un objet à toucher en permanence. Tenir l'épée en main permettait un contact facile.

— Est-ce que vous avez volé cette épée également ? demanda Mari-Alee.

— Tu seras surprise de savoir que non. On me l'a léguée, elle est à moi, répliqua Roscelin à la Comtesse qui fit un léger geste de la tête pour s'excuser de l'accusation.

Techniquement, c'était possible. Terra connaissait quelques personnes qui possédaient des Cosmos sans être nobles, souvent par héritage. Comme elles ne pouvaient pas obtenir de permis pour s'en servir, la solution la plus courante était de les vendre. Beaucoup d'aristocrates profitaient de ces occasions pour acheter des gemmes à bas prix.

Dans tous les cas, il n'avait pas le droit de la porter ni de l'utiliser.

Terra prit un deuxième Cosmo dans son autre main. Celui-ci était plus petit, de la taille d'une noix et beaucoup plus léger. Elle se demandait s'il se casserait en tombant par terre. Son centre bleu marine dégageait une forte lumière fixe qui illuminait l'intérieur de sa paume. Il était impossible de confondre ce Cosmo avec un simple orbe. Ce n'était pas elle qui avait accueilli le client pour cette commande et elle mit quelques secondes à se souvenir ce que Roscelin lui avait dit.

Les pierres de la révolteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant