Le début des aveux

4 2 0
                                    

Roscelin ne devait jamais se séparer de son épée. Il ne savait jamais quand il pouvait en avoir besoin. Même entouré de trois femmes non armées et fatiguées d'un voyage de plusieurs heures, dans une maison qui appartient à un ami à lui, il suffisait d'une question, d'une personne souhaitant des réponses et ayant la main posée sur un Cosmo de feu pour qu'il se retrouve coincé sans défense.

— On dirait bien que j'ai l'air d'un con, déclara Roscelin en ramenant sa main vers sa poitrine.

— Nous ne vous voulons aucun mal, expliqua calmement Mari-Alee, sans pour autant ôter la main de son orbe de feu, seulement nous assurer de savoir à qui nous avons affaire et récupérer ce qui pourrait être dans ce sac et ne pas vous appartenir.

Roscelin se tourna vers Terra à l'évocation du pluriel.

— T'es dans le coup, toi aussi ?

— Je ne souhaite pas être en conflit avec vous. Mais je souhaiterais savoir ce que vous avez pris dans le magasin avant notre fuite.

Terra ne lui avait jamais semblé être suspicieuse, trop occupée à s'apitoyer sur la mort de son maître. Même maintenant, il avait noté comme elle utilisait le verbe "prendre" et non "voler" pour éviter de le brusquer. Il l'avait traitée comme une alliée. Ce qu'il transportait dans son sac n'allait pas lui plaire et il ne pourrait sûrement pas tout garder pour lui.

Ses compagnes de route n'ayant pas l'intention de bouger, Roscelin soupira, ôta son sac de son épaule et s'assit en tailleur par terre. Lentement, il ouvrit sa besace. Terra s'assit près de lui. Mari-Alee ne bougeait pas et restait tendue, prête à réagir au moindre faux mouvement, ce que Roscelin se gardait bien de faire.

Il sortit d'abord plusieurs morceaux de pain et un marteau lourd qu'il tendit à Terra.

— Tiens, c'est à toi de toute façon. Je comptais te le rendre si jamais t'en avais besoin pour te défendre.

Terra récupéra son marteau et l'attacha à sa ceinture. Elle semblait attendre la suite.

Roscelin plongea de nouveau la main dans sa large sacoche et en remonta un orbe dont le centre semblait chargé de tout petits éclairs verts. Il posa le Cosmo légèrement plus petit qu'un œuf par terre, devant lui.

Le manque de réaction de ses acolytes confirma ses soupçons. Elles se doutaient déjà qu'il avait emporté les Cosmos d'Hadrian qu'il avait pu trouver dans la boutique. En même temps, il n'avait jamais caché cette information. Lorsqu'ils avaient fui, Terra était tellement sous le choc et Mari-Alee réticente à s'enfuir qu'une discussion sur ce qu'il comptait emmener n'aurait fait qu'empirer les choses.

Terra continuait de le fixer alors qu'il sortit trois autres orbes et les aligna devant lui. Elle eut un mouvement de recul lorsqu'il sortit une boule noire, parfaitement lisse, de la taille d'une pastèque et donc beaucoup plus grosse que les autres. Roscelin déplaça cette énorme gemme avec beaucoup plus d'attention que les autres. Lorsqu'il la posa sur le sol, la boule émit un bruit sourd à cause de son poids inhabituellement lourd et Roscelin sentit le sol vibrer sous lui.

— C'est tout, dit-il.

Lorsque Terra lui fit un geste indiquant qu'elle ne le croyait pas, il lui passa son sac, vide. Elle en inspecta l'intérieur puis le posa à côté d'elle.

— Ces Cosmos ne sont pas à vous.

— Techniquement, ils ne sont pas à vous non plus, répliqua-t-il. Vous ne faites que les préparer pour vos clients.

— Vous jouez sur les mots. Vous avez volé ces Cosmos, on vous emprisonnerait pour le reste de vos jours si on vous arrêtait avec ça sur vous..

Oui, et alors ? Si tout se passe bien, ils finiront pas abolir la loi ne laissant l'utilisation des Cosmos qu'aux privilégiés de la noblesse ; alors ce sera simplement une redistribution des richesses, pensa Roscelin.

Les pierres de la révolteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant