Soupçons et disparition

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A l'air libre, Terra hésitait entre courir de joie de pouvoir enfin remuer ses jambes et s'allonger sur le sol pour profiter d'un instant de repos immobile. Elle était ravie d'être enfin à l'extérieur mais regrettait que le soleil soit déjà levé : elle avait espéré pouvoir apercevoir les reflets rosés du Ruban durant la nuit.

Derrière elle, Mari-Alee s'étirait également. Terra l'attendit et engagea la conversation avec la jeune Comtesse lorsque celle-ci fut à sa hauteur. Roscelin et Ancelle étaient tous les deux quelques dizaines de mètres devant et marchaient avec énergie.

Terra nota le visage fatigué de Mari-Alee. Elle avait de grosses cernes sous les yeux et le regard dans le vide. Ses mouvements semblaient également ralentis. Lorsqu'elle remarqua l'inspection à laquelle elle était soumise, Mari-Alee secoua vivement la tête et du rose de ses joues réapparut comme par magie.

— J'espère qu'on n'aura pas à faire le même voyage au retour, dit Terra.

— Si cela me permettait d'être de nouveau en sécurité dans la capitale dès demain, je serais prête à retourner à Gallia en charrette sous la pluie, répliqua Mari-Alee. On est où ?

Ils sortirent de la forêt ; quelques maisons entouraient la route. Plus ils marchaient et plus celles-ci se rapprochaient. Ils croisèrent plusieurs hommes qui travaillaient dans leurs champs et un groupe de femmes occupées à laver le linge, quelques marmots dans les jambes. La population était bien plus homogène que ce qu'on croisait dans les rues de la capitale. Ils n'avaient pas l'air riches, mais ne mourraient pas non plus de faim. Personne ne portait de perruques et Mari-Alee, avec sa jolie robe et ses chaussures précieuses, attirait l'attention.

Un panneau en bois qui semblait avoir été repeint récemment indiquait "Saint Loge". Voici l'endroit où Roscelin devait rencontrer sa connaissance.

— Maintenant que nous sommes arrivés, il va falloir que nous en apprenions un peu plus sur lui, dit Mari-Alee en montrant leur compagnon d'un mouvement de menton.

— Vous pensez vraiment que c'est une bonne idée ? demanda Terra. Je sais qu'il est étrange et qu'il a plein de secrets, mais est-ce que ce n'est pas plus sûr de ne rien demander ?

— Vous n'avez pas envie de savoir pourquoi il était dans le magasin de votre ancien maître ? répliqua Mari-Alee.

Maintenant qu'elle en parlait, c'est vrai qu'il n'avait jamais expliqué ce qui l'avait amené dans le magasin. Terra ignorait ce qu'il avait échangé avec Hadrian et s'il se faisait passer pour un noble sans en être un. Ses affaires étaient sûrement louches.

— Il a fouillé votre boutique avant de s'enfuir, n'est-ce pas. A ton avis, qu'est-ce qu'il a pu emmener dans son sac ? Insista la jeune Comtesse.

— Des outils, l'argent... je ne sais pas...

Terra se sentit stupide. Elle n'avait même pas pensé un seul instant à ce que Roscelin avait pris dans leur fuite. Son esprit était uniquement occupé par la mort d'Hadrian et la peur de se faire rattraper par la police. Il lui avait bien dit de chercher de l'argent, mais ensuite il avait fait le tour de l'arrière boutique et du bureau d'Hadrian pendant plusieurs minutes.

Mari-Alee la regardait avec un air sarcastique :

— Vous croyez vraiment que le plus précieux et utile qu'il ait pu trouver était de simples outils ?

— Vous voulez dire, hésita Terra, qu'il aurait volé nos Cosmos ?

Quelle double idiote ! pensa-elle. Bien sûr qu'il a pris nos Cosmos. C'est peut-être même la raison pour laquelle il est entré dans le magasin.

Les pierres de la révolteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant