CHAP 8 : l'obscurité d'une belle âme

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- Qu'est ce que tu fais là ?

Je reste dans la cuisine, mais je sens dans sa voix que Léo n'est pas ravi de voir la personne derrière la porte.

- Je peux entrer ?

Ho non... pas elle... Je reconnais sa voix insupportable. J'entends même ses talons après que Léo m'ait lancé un regard désolé. Elle se stoppe net quand elle me voit, me juge de la tête aux pieds avec ses yeux surchargés de maquillage.

- Bonsoir Marina, que nous vaut le plaisir de ta visite ? J'affiche un grand sourire, tandis qu'elle me regarde comme si j'étais un monstre.

- Je suis venue pour Léo, va jouer ailleurs.

Elle agrippe son bras, mais il se détache pour se ranger de mon côté.

- Tais-toi, mes parents sont là.

- Alors trouvons un endroit plus intime.

Léo m'adresse un regard de détresse, mais c'est à lui de gérer cette situation. D'un coup, il prend le poignet de Marina et l'emmène dans le jardin. Je les vois se disputer à travers la baie vitrée. Sofia m'appelle en chuchotant depuis le palier. Je la rejoins, et elle me tire dans sa chambre. Elle me montre sa fenêtre ouverte, qui donne sur le jardin. Nous nous y penchons pour écouter la discussion.

- Tu me quittes ?

- On a jamais été ensemble, alors arrête.

- J'ai compris... c'est à cause de l'autre gamine qui t'a retourné le cerveau. Crois moi elle perd rien pour attendre.

La mâchoire de Léo et ses poings se resserrent.

- Ne t'approche pas de Zoé, elle n'a rien à voir la dedans.

- C'est ça oui. Ça t'as plu de coucher avec moi pour oublier tes vieux démons ? Tu es sans cœur, et peu importe ce qu'on t'a fait, tu l'as mérité !

Elle est si cruelle... je ne sais pas de quoi elle parle, mais je dévale les escaliers avec Sofia pour l'arrêter. J'ouvre la baie vitrée, et Sofia attrape Marina par les épaules.

- Toi tu t'en vas, et ne reviens jamais.

Elle l'a pousse jusqu'à la porte. Léo à les yeux brillants, mais tente de le cacher. Il va s'asseoir sur un transat près de la piscine. Je m'assois à côté de lui et pose ma main sur sa joue pour le forcer à me regarder.

- Ça va aller ? J'ai entendu ce qu'elle t'a dit, elle a été odieuse.

Ses yeux tristes deviennent colériques, et sans comprendre, je continue.

- De quoi parlait elle ?

- Tu n'aurais jamais dû écouter cette conversation ! S'emporte-t-il, me faisant presque sursauter.

Il se lève en furie, et même si j'essaie de le retenir, il s'en va sans se retourner.

Sofia s'installe à côté de moi.

- Ne t'en fais pas, il va se calmer. Ça lui arrive souvent depuis deux ans.

- Mais pourquoi ? Je veux juste savoir ce qu'il s'est passé. Pourquoi Marina a-t-elle parlé de vieux démons ? J'ai beaucoup de questions.

Elle pose sa main sur la mienne pour m'arrêter.

- Tu auras des réponses, enfin sûrement. Mais c'est à lui de te le dire, c'est encore douloureux donc laisse lui le temps. Le temps de prendre totalement confiance.

Je vais me coucher, avec évidemment des tonnes de questions dans la tête. Il est arrivé quelque chose à Léo qu'il garde enfoui, et il se ferme complètement. Je me résout à attendre qu'il m'en parle, et j'essaie d'oublier.

Je bouge sans arrêt dans mon lit. Je n'arrive pas à effacer le visage malheureux de Léo. Si seulement il s'était confié...

S'en est trop, je me lève pour aller boire un verre d'eau dans la cuisine. En m'apprêtant à remonter, je le vois. Il est assis, au même endroit que tout à l'heure, les coudes sur les genoux et la tête dans ses mains. J'ouvre la baie vitrée pour le rejoindre, mais il ne réagit pas. Je m'accroupis devant de lui. Au moment où je touche son poignet, il retire ses mains pour m'enlacer, en me faisant une place entre ses jambes. Ça me surprend, mais je le sers fort, pendant qu'il plonge sa tête dans mon cou. J'espère lui donner le réconfort dont il a besoin. Il se décolle de moi, mais je laisse ma main dans sa nuque, que je caresse du bout des doigts. Nos front se collent automatiquement.

- Je suis là pour toi, tu le sais ? Je chuchote au bord des larmes.

- Oui, merci. Je te demande de me laisser du temps.

J'hoche la tête et approche mes lèvres, mais pour ne pas gâcher ce moment en prenant un risque, je les décale vers sa joue, où une larme à coulée. Il lâche un petit rire nerveux, je fais de même. Il se lève d'un coup, et me tend sa main, que je tiendrai avec plaisir.

- Ça suffit, allons nous coucher maintenant.

Je le suis à l'étage, et devant ma porte, il s'arrête et lève nos mains accrochées, pour plaquer la mienne contre le mur, et moi avec.

- Bonne nuit Zoé, susurre-t-il avant d'entrer dans sa chambre et m'adresser un clin d'œil.

Je soupire. Avec le nombre d'occasions de nous embrasser que nous avons, c'est miracle qu'aucun de nous n'ait cédé.
Comment suis-je censée dormir maintenant ?

Les derniers événements ont été chaotiques dans ma tête. Je me sens bien chaque fois qu'il s'approche de moi, chaque fois qu'il me touche ou me prend dans ses bras.

Ma semi-séparation avec Tom est très récente, mais je n'en ai que faire. Je suis même soulagée que ce soit fini. Léo m'attire tellement, et si mes intuitions sont bonnes, je l'attire aussi. Nous avons une relation si énigmatique, mais ce que je sais, c'est que quand il est là, tout s'efface autour de moi. Par pitié il faut que je m'endorme, avant que je me fasse des films. Disons plutôt que c'est un très bon ami.

Ce matin je suis partie faire un footing pour me changer les idées. J'étais déçue en rentrant, car Léo n'était toujours pas levé. Sofia et moi préparons le repas du midi en continuant Élite.

- Tu peux aller réveiller Léo ? J'ai invité la bande pour se baigner, alors je voudrais qu'il soit près.

- Yes.

Je toque à sa porte, en sachant qu'il ne répondra pas.

- Léo ? Debout il est midi.

Il grogne, mais je vais ouvrir son volet, ce qui le fait râler encore plus.

- Aller lève toi.

Je prends ses mains pour les tirer, mais il fait de même. Il est plus fort que moi alors je tombe sur lui, ma tête sur son torse. Nos jambes s'entremêlent, Léo me recouvre de ses bras, et me dépose un long baisé sur la tempe. Je pourrais me rendormir grâce à sa chaleur, son souffle régulier contre moi. Mais Sofia déboule dans la pièce pour interrompre cette "intimité".

- Vous rigolez ou quoi ? J'ai faim moi c'est pas le moment de se faire des câlins.

J'essaie de me dégager, gênée, mais Léo me retient en riant.

Nous descendons sous les ordres de Sofia. Après le repas, nous rangeons vite la maison pour accueillir nos amis. Avant qu'ils n'arrivent, je vais enfiler un maillot de bain bleu roi, assez plongeant. Je les entends entrer, alors je les rejoins. Léo essaie d'être discret, mais je le vois inspecter mes formes, et scrute Diego qui n'hésite pas à me dire que je suis canon.

Un échange torrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant