The Bounce - Perry [En correction]

Chapitre 1 : Perry

-Maman s'il te plait, tu devais me le dire il y a un an déjà !

-J'ai changé d'avis. Tu as vécu vingt-deux ans sans savoir qui est ton père, ça ne va pas te tuer de continuer comme ça. Crois-moi, c'est pour ton bien.

Des années que j'harcèle ma mère pour avoir des informations sur mon père, mais elle ne souhaite toujours rien me révéler. Il faut absolument que je sache qui il est. Le vide qui résonne profondément en moi est déjà bien trop ancré. 

-Putain, mais je ne suis plus une gamine ! Je fêterai mes vingt-trois ans dans deux semaines et tu sais que c'est très important pour moi. Toi quand tu avais cet âge là tu accouchais de moi.

J'observe ma mère prendre sa tête entre ses mains et se masser les tempes quelques instants avant de prendre une grande inspiration. Ses longs doigts fins remettent finalement ses cheveux blonds polaires parfaitement lissés en place et ses yeux bleus pâles presque irréels me fusillent. Habituellement elle aurait relevé l'injure dans ma phrase, mais aujourd'hui elle fait l'impasse. Je recevrai sûrement une correction plus tard. Son air exigeant que je connais bien me détaille quelques instants avant de céder.

-Tu sais quoi ? Tu as raison. Le jour de ton anniversaire je te donnerai toutes les informations.

-Mais pourquoi pas maintenant ? Je lui demande en gémissant. C'est dans deux semaines à peine.

Son regard de glace coupe ma supplication. Je ne me rappelle pas avoir eu de tendres moments avec ma mère. 

D'un seul doigt, elle m'intime de m'arrêter, et je connais la suite si je ne l'écoute pas. Quels sévices choisirait-elle cette fois si je décide que son silence a trop duré ? 

-Je t'ai dit que tu saurais tout le jour de ton anniversaire, pas avant. Maintenant laisse moi.

J'hésite un instant à insister mais je me résonne avant de baisser les yeux. 

-Cette fois je ne lâcherai pas l'affaire. 

Agacée, j'attrape ma veste et saisis les clés de ma voiture. Parfois, rouler est la seule chose qui peut m'apaiser. Le ronronnement du moteur sur l'asphalte sort de ma tête toutes les questions que je me pose. Et puis, ca me rappelle aussi que tout pourrait prendre fin si rapidement. 

Un coup de volant et c'est terminé.

Malgré tout, cette conversation me trotte dans la tête. Je ne crois pas un seul instant que ma mère va réellement me dévoiler l'identité de mon géniteur. Ce n'est pas la première fois qu'elle me fait de faux espoirs.

J'ai peut-être tort de la harceler à ce sujet. C'est sûrement mon père qui ne veut pas de moi. Ma génitrice a toujours rempli son rôle malgré des gestes souvent trop marquants pour un enfant. 

Des mots qui blessent, des gestes qui laissent des traces. 

J'ai longtemps regardé avec envie les familles unies, et les enfants qui reçoivent des sourires sans raison. 

Vous avez déjà eu l'impression d'être totalement à côté de la plaque ? C'est la sensation qui m'enserre chaque fois que je suis avec ma mère. Des colis mystérieux qu'elle me cache, aux réunions de travail confidentielles qu'elle tient avec ses collaborateurs, je ne connais absolument rien de cette femme. Ma seule certitude c'est qu'elle aime le martini et les  vêtements luxueux et hors de prix. 

Mais moi, elle ne m'aime pas. 

Resserrant les mains autour du volant de ma vieille Dodge charger de 71, mon pieds écrase l'accélérateur jusqu'à ce que mon cœur palpite un peu plus fort et que je n'ai plus d'autre choix que de me concentrer pour ne pas louper un virage.  Apaisée par le bercement de la route, je me laisse porter par ce que je possède de plus précieux à mes yeux. Après tout, j'ai mis du temps à la rénover avec Henri après l'avoir trouvée dans le garage de ma mère et j'ai dû la supplier longtemps avant qu'elle me laisse la conduire. A ses yeux, je n'ai rien le droit de posséder. Dès ma majorité, j'ai du subvenir à mes besoins, sans avoir le droit de quitter cette maison.