Baba-kudan et son bunker (presque lemon)

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Law



Je n'en reviens toujours pas, il ne reste plus rien, tout le bâtiment a été réduit en miettes.


Alors que nos oreilles bourdonnent encore à cause des explosions, le silence qui s'est abattu sur nous a quelque chose d'irréel, de fragile. On a tous peur de respirer un poil trop fort ou de prononcer le moindre mot. Comme si nous savions en nous-mêmes que briser ce silence risquait de tous nous emporter dans un tumulte plus violent encore.


- Ha merde...


Je sursaute et me tourne vers Liv. Tout à coup le monde semble reprendre son souffle après une longue apnée. Elle est penchée en avant et son nez saigne à grosses gouttes.


- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que t'as ? Liv ?!


J'enroule mon bras autour de ses épaules et l'aide à maintenir sa tête.


- T'inquiète pas, j'ai juste un peu forcé avec mon fruit. Elle se dégage de mes bras d'un mouvement d'épaule, se mouche dans ses doigts et se remet en route. Je la regarde s'éloigner un peu et je comprends qu'elle n'est pas vraiment du genre à prendre soin d'elle, de sa santé je veux dire. Ça m'inquiète, il faudra que je la surveille de très près.


- On peut pas rester là, allez tout le monde debout ! Dans quelques minutes vous pourrez vous reposer, en attendant on a encore un tout petit peu de chemin à faire.



Les enfants sont épuisés, elle les relève au passage avec peu de douceur. Les pauvres, ils sont bousculés, ballottés, malades et frigorifiés.


- Liv, on peut pas attendre encore un peu, regarde-les, ils sont à bout de force.


- Je sais, moi aussi Law... mais on est qu'à une porte d'un lit dans lequel dormir cette nuit... alors encore un effort, tu veux bien ?


- Tu vas encore ouvrir un passage ?


- Il faudra bien.


- T'es pas raisonnable ! Faisons une pause.


- Si on s'arrête maintenant je serai out pour les six à dix prochaines heures. Tu veux rester dehors tout ce temps ? Moi non, je préfère cramer mes réserves.


Je lui donne raison et l'aide à rassembler tout le monde. Je la regarde néanmoins du coin de l'œil. Je la sais à bout de force.


Nous nous dirigeons vers une petite structure en tôle rouillée.


- Qu'est-ce que c'est ?


Shachi arrive dans mon dos.


- Une cabane à outils ?


Elle prend une grande inspiration et presse la poignée. Elle l'ouvre sur un sol enneigé. C'est fascinant, il y a une ligne parfaitement nette qui sépare les deux univers.


- Allez-y, ne traînez pas.


Les uns après les autres nous traversons le plus vite possible. Je m'avance à mon tour, c'est comme un mur d'eau glacée et électrique de cinq centimètres, ce n'est pas très agréable.


De l'autre côté on se les gèle encore plus ! Le vent souffle très fort et la neige nous fouette le visage comme des dizaines de minuscules poignards. Nous sommes tous rassemblés sans savoir où aller. Il n'y a rien à par des congères à perte de vue.


- PAR ICI !


Quelqu'un nous appelle dans le blizzard, j'aperçois une petite silhouette noire qui se détache sur le sol blanc, elle tient une lanterne qui brille, mouchetée par les flocons qui dégringolent paresseusement entre deux rafales de vent.

L'inconnue de Trafalgar Law. 🍋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant