Chapitre douze

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  Ils venaient de finir le repas dans une ambiance tendue. Tous étaient encore abasourdis par les événements du jour-même. Helena, qui était restée muette tout le long du dîner, avait été la première à quitter la table, rapidement suivie par Aysha. Manuela avait ensuite accompagné Jacob et Queenie à l'étage et n'était pas redescendue. William, Thésée et April étaient restés dans le salon et discutaient. Norbert, qui avait vu disparaître Tina à l'extérieur de la maison, se décida à aller la rejoindre. Il la trouva assise sur le perron et lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir, elle se leva avant de se détendre légèrement en constatant qu'il s'agissait de Norbert.

  — Je ne suis pas certain qu'il soit prudent de traîner dehors seule si tard, murmura Norbert. Surtout après aujourd'hui.

  Tina lui adressa un timide sourire avant de s'excuser.

  — Navrée. J'avais juste besoin d'un peu d'air. Tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui... c'était...

  — Oui.

  Ils se regardèrent et se sourirent, sans vraiment en connaître la raison, et ils restèrent ainsi de longues secondes. Aucun d'eux n'osait reparler de ce qu'il s'était passé avant les événements avec Grindelwald. Norbert fut le premier à détourner le regard qu'il posa sur un pot de fleur derrière l'Auror avant de lui proposer :

  — J'allais nourrir mes... créatures... Voulez-vous venir avec moi ?

  L'américaine émit un léger rire avant d'acquiescer, un immense sourire aux lèvres.

  — Avec grand plaisir. Norbert.

  Le magizoologiste redressa légèrement la tête et sourit timidement avant de pivoter sur ses talons et d'ouvrir la porte. Ils entrèrent tous deux et ignorèrent les regards amusés que leur lancèrent Thésée et April lorsqu'ils passèrent devant le salon.

  Ils ne tardèrent pas à arriver dans la chambre du magizoologiste qui attrapa sa valise, la posa au sol et l'ouvrit avant d'inviter Tina à passer devant lui. Avec un sourire, la jeune femme s'exécuta et disparut bientôt dans la valise, rapidement suivie par la magizoologiste.

  Lorsqu'ils furent tous les deux en bas, ils se dirigèrent sans un mot vers les Veaudelunes qu'ils commencèrent à nourrir.

  — Avez-vous ouvert le livre que je vous ai donné ? demanda soudainement Norbert à voix basse.

  Tina sentit ses joues s'empourprer, car elle se souvenait bien de ce qui avait été écrit à la main sur la première page. Elle n'avait pas osé lui en parler et s'était contentée de lire ces quelques mots encore et encore. Les battements de son cœur s'accélérèrent et elle bredouilla :

  — Oui... je... En effet... Je voulais vous dire merci.

  — Nul besoin de me remercier, lui assura le magizoologiste. Je vous l'avez promis.

  — Oui... Merci aussi pour le mot.

  Le sorcier redressa la tête, les joues rouges, et ils se fixèrent, chacun pensant à ces fameux mots. Ils pouvaient paraître insignifiants, infimes, pourtant ils importaient énormément pour les deux sorciers. En réalité, Norbert les avaient formulés sous forme de dédicace :

  À Tina Goldstein, la plus incroyable créature qu'il m'ait été donné de rencontrer.

  N'importe qui d'autre aurait été offusqué d'être qualifié de "créature". Mais il s'agissait là d'une personne qui avait été comblée de voir ses yeux être comparés à ceux d'une salamandre.

  Norbert fut le premier à détacher son regard, un Veaudelune l'ayant bousculé tendrement. Tina émit un léger rire, mais, bientôt, ils se séparèrent. Le magizoologiste continua son tour pour nourrir chacun de ses compagnons, tandis que l'Auror se dirigeait vers les Niffleurs. Lorsque ces derniers la virent approcher, ils tournèrent la tête vers elle, la voyant s'asseoir par terre, et sortirent de leur nid pour venir la voir de plus près. Le plus grand, qui la connaissait déjà un peu, fut le premier à tenter un rapprochement avant de venir se lover contre son ventre. Ceci encouragea les trois plus petits à s'approcher à leur tour et, bientôt, ils furent trois à jouer auprès de la sorcière qui semblait être un lit confortable pour le quatrième. Tina ignorait combien de temps elle resta ainsi, mais apparemment suffisamment longtemps pour que Norbert ait finit de nourrir tout le monde. Il avait été surpris, puis attendri de trouver son amie américaine en si bonne compagnie et s'était contenté d'observer la scène de loin, un sourire aux lèvres.

  Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes que la magizoologiste indiqua sa présence :

  — Ils ont l'air de beaucoup vous apprécier.

  Tina se retourna, lui adressa un sourire et répondit :

  — Il semble que ce soit réciproque.

  Norbert lui rendit son sourire et s'approcha d'elle avant de déclarer :

  — J'ai fini de tous les nourrir. Nous devrions sûrement remonter ou mon frère et Queenie risquent de s'inquiéter de ne pas nous voir dans nos lits.

  — Vous avez sûrement raison, admit l'Auror qui ne put s'empêcher d'afficher un air déçu.

  Avec un sourire, le jeune homme alla remettre les Niffleurs dans leur nid et invita Tina à le précéder.

  À peine s'eurent-ils hissés en dehors de la valise que la jeune femme murmura :

  — Vous savez, je crois que nous devrions parler de ce qu'il s'est passé plus tôt.

  Le magizoologiste prit le temps de fermer et ranger sa valise avant de faire face à l'américaine. Il sentit que ses joues avaient de nouveau viré au rouge, mais il sut ne pas détourner le regard.

  — Vous avez sûrement raison, admit-il.

  Alors que Tina ouvrait la bouche, la porte de la chambre s'ouvrit sur Thésée qui les fixa tous les deux quelques secondes avant de sortir en fermant la porte derrière lui, sans prononcer un mot. Tina rit doucement, amusée, tandis que Norbert la contemplait. Lorsqu'elle le remarqua, elle reprit :

  — Je n'ai pas toujours bien agi avec vous et je m'en excuse.

  Surpris par de tels propos, le magizoologiste met du temps à trouver à quoi répondre :

  — Ne... Ne vous excusez pas. Je n'ai pas toujours bien agi avec vous non plus.

  — Incluez-vous ce qu'il s'est passé aujourd'hui ? Avant Grindelwald.

  — Non. Évidemment que non... répondit maladroitement le sorcier.

  Elle lui adressa un sourire ravi et ils se regardèrent encore pendant de longues secondes avant que Norbert ne vienne replacer une mèche rebelle de la chevelure de l'Auror derrière son oreille. Tina lui adressa un sourire enchanté tandis qu'il reprenait :

  — Ce n'est plus un Botruc que je vois. Ce n'est que vous.

  Et si la jeune femme ne put saisir le sens de ces propos, ceci avait un lourd sens pour le sorcier. Tout comme il était naturel pour lui de parler à Aysha, il trouva aussi plus simple de s'adresser à l'Auror. Et ce fut sûrement pour cette raison qu'il trouva de nouveau le courage pour déposer un baiser sur les lèvres de la jeune femme.

[PREMIER JET] Les Animaux Fantastiques - Tome 1 : Le Pacte de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant