Chapitre 16

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Étrangement, après qu'il m'ait quittée je ne ressens rien, ça m'est parfaitement égal. Je suis juste contente qu'Élias n'est rien. La femme devant moi me demande si je vais bien, je réponds que je suis légèrement choquée mais que sinon ça va. Elle me caresse la joue, puis elle se relève, s'approche d'Élias, lui chuchota quelque chose que je n'entends pas puis elle part dans la cuisine suivie de son mari. Élias s'approche de moi, s'assoit là où il était plus tôt et s'excuse. Je lui fais un câlin rapidement comme pour le remercier. Je sais que s'il ne s'était pas levé, Gabriel se serait énervé contre moi. Il m'aurait frappée et je serais sans doute à l'hôpital à cette heure-ci. J'ai honte de le dire mais heureusement qu'Élias était là. Je prends conscience que ce n'est pas lui que j'aurais dû ignorer, mais Gabriel qui lui s'en fichait réellement de moi.

Je dis au revoir et merci à tout le monde et je rentre, je monte dans ma chambre pour faire mes devoirs comme à mon habitude mais je n'arrête pas de penser aux dernières minutes. J'enlève ces pensées de mon esprit et je me concentre sur mes devoirs.

« A table ! »

Mamie m'appelle, je descends les escaliers à toute vitesse, cela fait une heure que je suis à fond dans mes devoirs. Je m'installe à table, prends mes couverts et attends que mamie apporte le diner. Je préfère ne pas parler de ce qu'il s'est passé lorsque j'étais chez les voisins. Je suis heureuse d'avoir enfin rencontré les parents de mon ex, et du garçon qui m'a embrassée pour la toute première fois. Je me souviens de la chaleur que j'avais ressentie lors de ce baiser. Je ne comprends pas non plus comment l'on peut ressentir tant de plaisir seulement en posant ses lèvres sur celles de quelqu'un d'autre. Je n'ai toujours pas eu de nouvelles de ma mère, mais la connaissant, c'est que soit elle se fiche complétement de moi, soit qu'elle prépare un mauvais coup. Ma mère n'est pas une super méchante, qu'est-ce qu'elle pourrait faire ? Mamie pose le plat sur la table et s'apprête à s'assoir, mais le téléphone sonne. Ma grand-mère fait partit d'un seul comité :

Celui des femmes de pouvoirs.

Ma grand-mère était maire de la ville il y a plusieurs années, c'est pour ça qu'elle en fait partie.

Si le comité l'appelle à cette heure-ci c'est qu'il y a une urgence. Ma grand-mère décroche sans plus attendre, attend quelques secondes puis me regarde, je n'entends pas ce qu'elle dit, mais je vois bien qu'elle refuse quelque chose. Je me lève et je me cache derrière un meuble pour pouvoir écouter ce qu'elle dit.

« Non elle l'a déjà fait une fois, mais cette fois non. »

« J'ai dit non ! Même si elle est avec ce garçon, oui, je sais qu'il est gentil avec elle mais ce n'est peut-être qu'une façade. »

Est-ce qu'elle parlerait de moi et Élias ? Pourquoi elle refuse et surtout qu'est-ce qu'elle refuse ? Je sens qu'elle va raccrocher très prochainement donc je me relève doucement sans qu'elle me voit et je cours me remettre à table. Mamie revient, s'assoit et me demande d'aller chercher quelque chose dans la cuisine. Je sais très bien qu'elle va demander conseil à son copain, mon grand-père. Je prends ce qu'elle m'a demandé d'aller chercher et je me plaque contre le mur pour écouter sa conversation avec papi.

« Elles m'ont demandé si Victoire pouvait aller saboter les plans de sa mère.

- Elle a fait quoi ta fille encore ?

- Je ne sais pas, je crois qu'elle m'a volé les plans quand elle est venue la dernière fois, elle est en train de chercher un moyen de séparer de nouveau les deux sexes. Tout le monde est heureux ensemble, c'est pour ça que le comité veut que j'envoie Victoire et le voisin Élias arrêter ma fille.

- Où est le problème ?

- Et bien je ne sais même pas si elle s'est réconciliée avec le voisin. »

En entendant ça, je me sens obligée d'intervenir, donc je m'approche d'eux. Je pose le ketchup sur la table de toutes mes forces pour que le bruit les fasse sursauter et je dis :

« Mamie, explique-moi tout. Je vais au lycée demain, je préviens Élias que nous devons repartir et je rentre faire mes valises. »

Ma grand-mère me regarde perdue.

« Victoire, je ne veux pas que tu y retournes.

- Mamie, je n'ai pas le choix. En plus ça me permettra de me rapprocher encore plus d'Élias.

- Tu es amoureuse de lui j'en suis certaine.

- Peut être un tout petit peu comme ça, répondis-je en resserrant mon pouce et mon index. »

Nous rigolons tous les trois puis mangeons sans un bruit. Je réfléchis à comment parler à Élias sans que la classe s'en aperçoive. Je remonte après avoir débarrassée, je m'assois sur le rebord de ma fenêtre, je cherche encore, comment demander à Élias si nous pouvons repartir à l'aventure ?

Quand soudain mes yeux s'illuminent et s'écarquillent, ma bouche s'ouvre. J'ai trouvé.

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