Chapitre 30

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Il part en direction de la tour suivi de Léon et Adam qui me regarde mal. Quoi qu'il arrive ils seront de son côté. Je regarde Mia en lui demandant ce que je dois faire. Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase qu'elle rejoint les autres avec un visage déçu. Je déçois maintenant ma meilleure amie, je suis vraiment terrible. J'aimerais tellement partir seule mais je sais que c'est bien trop dangereux pour moi comme pour mes amis. Je regarde l'horizon et des frissons apparaissent sur ma peau, une jeune fille court vers la tour d'un pas déterminé. Je me retourne vers la tour et je cours vers cette-dernière, je vais sonner l'alarme. J'ouvre la porte avec un fracas assourdissant, après mon arrivée des « Qu'est-ce qui te prend ? » de mes amis sortent de tous les côtés. Je leur explique la situation, mais à cause de la panique je ne peux m'empêcher de bégayer. Tout le monde se met à paniquer, tout le monde sauf Élias qui garde son fameux calme à tout instant. Des coups puissants viennent retentir à la porte, je me retourne vers celle-ci soudainement prise de peur avant de m'exclamer :

« Ce sont les brutes !

- C'est sûrement ta mère, rien de plus dangereux, de toute façon je suis celui qu'ils préfèrent tabasser donc j'y vais, repris Élias avec un calme olympien.

- Élias attends ! m'exclamais-je. »

Il ne se retourne pas, il m'a bien entendu, mais après avoir reconnu ma voix il a sûrement décidé de m'ignorer. Je ne sais même plus quoi penser de mes sentiments. Je me tue à me dire que je ne ressens rien pour lui mais la chaleur que je sens en sa présence n'a rien d'amical. L'envie de l'embrasser qui me prend soudainement n'a rien de normal non plus. Je ne suis jamais tombée amoureuse donc je ne sais pas ce que je ressens, je ne peux pas mettre un mot sur ces choses au fond de moi. Je pense soudain au fait qu'il n'est pas revenu, je me retourne vers mes amis mais eux sont tous partis à l'étage, personne ne se fait des idées comme je le fais. Je m'avance vers l'entrée et je le vois dans les bras de la jeune fille, je sens quelque chose se casser à l'intérieur de moi, il me déteste à ce point-là. C'est comme si tout ce que j'avais vécu avec lui repassait dans ma tête comme un film pour me faire souffrir plus. Je continue de les fixer sans me rendre compte que mes amis sont à présent derrière moi, Mia pose sa main sur mon épaule tout en me regardant. Une larme chaude et pleine de douleur coule sur ma joue.

« Non, tu ne peux pas... »

Mes larmes s'intensifient et je ne peux m'empêcher de lui hurler ces mots encore et encore.

« Non, tu ne peux pas... »

De plus en plus fort jusqu'à ce qu'il se retourne toujours en enlaçant la fille. Mes mains viennent se poser sur ma bouche et avant de courir j'aperçois le regard d'Élias qui vient de comprendre son erreur. Il ne m'arrête pas et ne lâche pas la fille non plus, il n'en a absolument rien à faire, Mia me voit sûrement courir mais elle ne me rejoint pas. Je savais qu'ils suivraient tous Élias qu'importe ce qu'il fait. J'arrive à l'étage et je m'écroule près de mon lit, je n'ai plus mon téléphone, je ne peux même plus appeler mamie et me lâcher. Je fourre mes mains dans mon sac et je vérifie qu'il soit bien rempli, j'ai pris une décision sans me demander si mes amis iront bien. Peu importe, ils sont trop occupés à trouver Élias et sa nouvelle copine mignons. Je ferme mon sac à une vitesse folle et, les larmes coulant toujours sur mes joues, je descends. Je contourne tous mes amis qui voient mon état mais ne réagissent pas, j'entends des « Qu'est-ce que tu fais ? » mais pas un seul d'eux ne décide de me consoler. Je tente d'éviter le regard d'Élias qui me dévisage, je ne sais pas ce qu'il pense même si j'aimerais énormément le savoir. Je m'arrête devant la porte d'entrée qui donne sur la longue route et sans me retourner je lui dis :

« Je t'aime aussi. »

Une larme chaude recoule sur ma joue et je l'essuie d'un geste rapide du revers de la main. Je cours sur la longue route et je n'entends pas un seul bruit de pas derrière moi, ils ne tentent même pas de me rattraper. Satané vie. Je n'ai plus que deux solutions, soit je vais voir ma mère et je tente d'arranger les choses, mais je sais bien que seule je n'arriverais à rien, soit je prends le couteau que j'ai pris au cas où dans mon sac et je fais ce que tout le monde veut que je fasse, je me suicide. C'est sûrement la meilleure option, tout le monde le veut pas vrai, je sais ! Je vais aller au fameux QG de ma mère et je vais me planter ce couteau devant tout le monde. Je m'arrête de courir d'un seul coup, mamie et papi, je n'avais pas penser à eux, je ne peux pas leur faire ça. Je me rappelle soudain d'une vidéo que j'avais vu il y a peu de temps, elle parlait du suicide et des causes que cela pouvait avoir à l'entourage. Avec mes proches ça ferait quelque chose comme ça :

Élias, tel que je le connaissais avant m'aurait suivi, même si je ne pense pas qu'il le fasse au vu de la situation. Mia me suivrait sans doute. Léon aussi. Adam s'en remettrait. Mamie et papi mourraient de chagrin. Maman ferait la fête comme si de rien n'était.

Après réflexion, Mia et Léon pourraient se soutenir, donc je n'ai rien à perdre, je me remets à marcher comme si rien ne s'était passé, la ville est loin, mais en me dépêchant tout devrait bien se passer.

Je marche depuis plusieurs heures déjà, je lève la tête et je vois un arbre, cet arbre sur lequel on avait dormi avec Élias, une fois encore une larme coule sur ma joue. Je ne l'essuie pas, je la laisse couler, lentement, je pleurerai alors toujours pour lui, est-ce qu'un jour mon chagrin partira ? Je réfléchis toujours en fixant cet arbre qui me rappelle ce qu'il m'a fait, une trahison. J'entends un moteur, je regarde autour de moi et je vois la voiture noire que ma mère avait utilisée pour s'enfuir. La voiture s'approche rapidement de moi et s'arrête aussitôt arrivée, les vitres sont teintées, je ne vois rien de l'intérieur. La portière s'ouvre et la silhouette de ma mère apparait derrière elle :

« Alors ma chérie, où sont tes amis ?

- Ils sont restés là-bas, je veux avoir affaire à toi seule.

- Alors, ton copain t'a quittée ?

- Brisée. Ne parlons pas plus, où est ce QG ?

- Je t'y amène. »

Je monte dans la voiture et je regarde par la fenêtre, pendant que la radio tourne et que ma mère parle à un certain Matt. Je ne l'écoute même pas, je pense juste à une seule personne, Élias. Je n'arrive pas à savoir si c'est de sa faute ou de la mienne, de plus cette fille avait l'air jeune pour lui, peut-être qu'il n'y a rien entre eux. Pourquoi je lui cherche des excuses, tout est de sa faute.

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