TOGETHER [TOME 1] & [TOME 2]

2. Cigarettes

☆☆☆

The Night We Met - Lord Huron

☆☆☆

23 NOVEMBRE

PDV Khaleesi

Le regard dans le vide, je ne prête plus attention aux minutes qui s'écoulent.

Quelques personnes âgées font leur marche matinale.

Ils doivent sûrement se demander ce qu'une lycéenne avec des cernes visibles à des kilomètres fait là, assise sur un banc humide, à contempler l'herbe qui se trouve sous ses pieds comme si c'était la chose la plus intéressante qu'elle n'ait jamais vu de sa vie.

Ce qu'ils ignorent, c'est que je plonge encore plus profondément dans ma réflexion.

En fait, je m'imagine une famille de ver de terre qui se font un câlin avant de se dire aurevoir parce qu'ils doivent tous aller travailler.

J'ai une pointe au cœur en me créant un scénario long et émouvant à l'intérieur duquel le père se retrouve écrasé sous le pied d'un être humain.

Sa famille ne pourra peut-être plus jamais le revoir, et ça me rend triste.

Un jour, il y quelqu'un à qui je tenais beaucoup qui m'a dit que je partais trop loin dans mes délires loufoques.

Il a sans doute raison.

Le regard des autres m'a toujours freiné dans celle que je voulais devenir : une fille qui s'accepte comme elle est et qui profite de la vie un maximum sans se soucier du lendemain.

Donc, à force de garder mes pensées pour moi-même, mon crâne devient lourd et je me retrouve à trop parler lorsque quelqu'un accepte de traîner un peu avec moi.

Résultat ? On ne peut pas vraiment dire que j'ai une grande facilité à garder des amitiés sur une longue durée.

Dans le passé, j'en avais bien sûr, les meilleurs. Cependant, de la même manière que disait sans cesse l'un d'entre eux : « Les choses ne se passent jamais comme on se les imagine. »

Ainsi, je m'oblige à ne pas penser à ce qui pourrait m'arriver de bien...

... ou de mal.

Je lâche un profond soupir et relève la tête afin d'admirer, cette fois-ci, le ciel bleu.

C'est rare qu'il soit aussi clair pendant cette période de l'année. D'habitude, tout est juste gris et sombre avec des nuages qui traînent un peu partout.

C'est tellement déprimant...

Au loin, mon regard se pose sur un groupe de filles qui gloussent de la même manière que des mouettes.

Depuis cet été, j'adore les mouettes pour une raison bien précise. Non, plutôt un souvenir bien précis.

Néanmoins, aujourd'hui, j'ai juste envie de leur foutre une grosse tarte afin qu'elles arrêtent de me percer les tympans.

Bon, certes, elles sont peut-être éloignées de là où je suis, mais quand je m'attarde un peu trop sur la brune... Oh, bordel. Je ne devrais pas.

En fait, je constate qu'elle ne porte qu'un simple haut court. Elle s'habille comme elle le souhaite, bien sûr, ça ne me dérange absolument pas. 

Cependant, si elles pouvaient éviter de se dandiner devant moi alors que je suis en train de me geler le cul par ces moins cinq degrés, je leur serais très reconnaissante.