16. Le carnet (TOME II)

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Miserable Man - David Kushner

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10 ANS PLUS TÔT

20 MARS

PDV Zayn, sept ans.

— Tu veux un bonbon ? 

Je ne comprends pas pourquoi j'ai atterri ici, dans cet endroit étrange où une multitude de non-dits planent constamment au-dessus des têtes.

— Un peu d'eau ?

Je préfère ne pas répondre. 

En fait, je ne fais rien. Et ce, depuis maintenant une bonne vingtaine de minutes.

— Pas même un petit chocolat ?

Maman m'a toujours incité à ne pas parler aux inconnus.

Assis sur cette chaise d'enfant, mes jambes pendent dans le vide à cause de ma petite taille.

D'ailleurs, Papa m'a dit que j'ai grandi, mais je crois qu'il m'a menti. Il voulait simplement que je retrouve le sourire le temps d'un instant.

— Tu ne désires pas en goûter un ?

Quand je relève le regard en direction de la femme qui est assise derrière son bureau, je remarque qu'elle m'observe intensément. 

Ses yeux sont plissés. Je crois même qu'elle me scrute pour déceler la moindre petite anomalie qui me concerne.

Mais honnêtement, elle n'a pas besoin de chercher bien loin : je suis un monstre, c'est tout. Ce sont les enfants de mon école qui le disent. 

Après tout, je n'aurais peut-être pas dû frapper l'un d'entre eux... C'est à cause de cette réaction que je me retrouve là, face à cette vieille dame qui mordille le bout de son stylo avant de prendre des notes sur une feuille blanche.

Ils ne se sont pas excusés de la façon dont ils m'ont traité, pas une seule seconde. Ils m'ont juste blâmé pour la façon dont j'ai réagi. 

— Tu peux me rappeler ton prénom ?

Après avoir déduit que je ne comptais pas lui répondre de si tôt à propos de sa nourriture probablement empoisonnée, elle finit par se racler la gorge.

Je détourne le regard sur la pointe de mes chaussures.

Celles que je porte actuellement ne me plaisent pas. Toutefois, c'est Maman qui me les a offertes, alors je me force à les aimer parce qu'apparemment, les anciennes étaient trop abîmées.

 Zayn, réponds-je à contrecœur. 

 Bonjour, Zayn.

Je ne réponds pas. 

Je ne veux pas lui renvoyer son faux « bonjour », car si moi, je ne passe pas un bon jour, pourquoi les autres devraient-ils en passer un ? 

Ils passent leur temps à fuir dès que je m'approche un peu trop d'eux. Ils ont tous peur. Peur de moi.

La preuve : ma nouvelle psychologue a même préféré s'asseoir à deux mètres de moi. En fait, c'est comme si j'avais la peste. Mais c'est pas possible, si ?

Tout bien réfléchi, peut-être que je l'ai vraiment... 

Je ne sais pas. Et ça, c'est bête. Parfois, j'aimerais tout savoir. Notamment à propos de ce qui va se passer demain ou même après-demain.

TOGETHER [TOME 1] & [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant