CHAPITRE XIV

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— C'est un grand soir pour toi, Frédérique.

Ah bon ?

J'avais cru l'avoir remarqué par moi-même étant donné l'endroit où nous nous trouvions. Et c'était sans parler de la tenue que mon gentil vampire m'avait ; une robe en satin noire très peu couvrante. Heureusement, elle avait le mérite d'être agréable à porter. Je ne pouvais pas en dire autant pour mes talons hauts. Cela faisait près d'une heure que je les avais aux pieds, y compris durant le trajet en voiture, et je ne m'y étais toujours pas accommodée.

Cette cérémonie m'avait été imposée, elle aussi. Si seulement il n'avait été question que de mon accoutrement. Hélas, non. Adam m'avait vaguement expliqué l'importance de cet événement, si elle en avait vraiment une. Un rituel d'initiation par le sang. J'avais accepté sans me poser de question, je ne voulais pas créer de friction entre lui et moi. J'éprouvais déjà de la difficulté à le supporter pendant une soirée entière. Et je savais que celle-ci ne ferait pas exception.

— Tu seras sage pour moi, Princesse ? m'interrogea Adam en me tendant la main pour m'aider à sortir de sa voiture.

— Oui.

— Oui qui ?

— Oui, Maître.

Il fronça les sourcils.

— Je me trompe peut-être, mais on dirait que tu as du mal avec le concept.

— Tu sais qu'en venant à ce café, après m'être aperçu que ce n'en était pas un, je m'attendais seulement à avoir une vie sexuelle un peu plus palpitante ? Maintenant, je me retrouve à devoir donner du sang tous les mois.

Il sourit, effleurant le dessous de mon menton d'un geste du doigt.

— Tu t'y feras.

— Est-ce qu'on s'y fait vraiment ou tu dis ça uniquement pour que je me la ferme ?

Je n'assistai qu'à un soupir. Adam savait très bien qu'à ce ton aguicheur, il ne fallait pas me prendre au sérieux. Autrement, j'aurais eu droit à un regard brûlant et dégoulinant de lave.

Nous rejoignions les autres ; une horde de vampires provenant des entrailles du café et quelques humaines qui étaient visiblement dans la même situation que moi. Le rouge et le noir restaient les couleurs dominantes, sans parler du panoramique de cette soi-disant forêt. On aurait plutôt dit un terrain couvert de cendres et d'arbres incendiés. À cette vue, je ne pus m'empêcher de poser une question à Adam :

— Nous n'étions pas censés nous rendre à l'orée d'une forêt ?

— Nous y sommes. La Forêt de Carnelle, répondit-il à voix basse. Aux dires de Sven, elle a brûlé il y a longtemps.

Visiblement, j'avais vu juste. Quoi que ce n'était pas vraiment difficile à deviner avec toute cette poussière et ces branches carbonisées.

— Sven ? demandai-je en me rappelant qu'il avait mentionné un nom.

— Il est l'unique vampire à avoir réussi à franchir les limites de Sirhastir. Tu auras la chance de le rencontrer tout à l'heure.

Sans vraiment en avoir conscience, je demeurai accrochée au bras d'Adam, silencieuse. Comme si je n'avais été qu'un accessoire agencé à sa tenue élégante. Je ne devais pas être la seule à me sentir ainsi. La tension sexuelle mélangée à un massacre imminent si l'un d'eux perdait le contrôle se propageait dans l'air. À croire qu'une vague de flocons de neige nous tombait dessus. C'était palpable.

— Tiens, tiens. Fred.

En levant la tête, je reconnus le visage pâle et hautain d'Isabelle.

— Salut, dis-je d'un air surpris. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es accompagnée ?

Le Café RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant