Les cris du passé

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Depuis le seuil de la porte de sa chambre, Charles regardait sa femme qui n'avait toujours pas repris connaissance. Son visage était serein et Charles se demandait quelle serait sa réaction,lorsqu'elle découvrait qu'elle avait perdu le tout petit être qu'elle portait dans son ventre.

Charles se retira dans son bureau pour prendre un verre de cognac car les souvenirs maussades de sa petite enfance refaisaient surface. Il n'avait pas eu une enfance facile puisque ses parents ne s'étaient pas épris l'un de l'autre,ainsi chacun occupait une aile du manoir. Charles n'avait que très peu de souvenirs de sa mère puisque cette dernière s'était enfuie avec un autre homme,l'un des tristes souvenirs qu'il gardait d'elle,c'était celle où sa mère pleurait à chaudes larmes puisqu'elle avait perdu l'enfant qu'elle portait dans son ventre suite à une altercation violente avec son mari puisque celui-ci ne supporte pas d'être cocu.Il n'avait que sept ans lorsque sa mère l'avait abandonné. Son père n'était pas si différent étant donné qu'il passait la moitié de l'année à Londre,il ne revenait qu'à Ashford house que pour s'enquérir de l'évolution de son éducation.

Durant ces huits derniers mois, Charles s'interrogeait sur l'attitude que devait adopter un père digne car il n'avait pas un paragon à se fier,mais il se disait qu'avec sa femme à ses côtés,il ne pouvait qu'être meilleur puisqu'elle faisait de lui un être meilleur.Il était affligé du fait que Mary ne saurait supporter cette perte. Pour Charles c'était la vie de Mary qui comptait.

_Milord, Milady s'est réveillée. Informa le majordome au pas de la porte.

Charles se rua en courant vers la chambre et trouva sa femme qui s'était replié en deux.elle avait posé son menton sur ses genoux et son visage était inexpressif.

_ Comment vous sentez-vous? Demanda-t-il en lui saisissant les mains.

Mary était atone, elle ne pouvait concevoir sa vie sans cet enfant puisqu'elle avait entrevu le bonheur d'un foyer. Elle était incapable de dire un seul mot parce qu'elle se sentait coupable car elle avait ressenti de vives douleurs pendant la nuit mais n'avait pas réagi et s'était laissé emporter dans un sommeil profond.

Elle revoyait son père qui avait pour habitude de lui dire;

_Bigre! Tu es une godiche, cria son père car elle lui avait renversé du thé. créature insignifiant, tu es incapable de satisfaire une quelconque attente, ajouta-t-il avec corroux.

Au cours des années,cette déclaration n'avait plus le pouvoir de la blesser puisqu'elle avait pu démontrer qu'elle était capable d'un myriade d'attentes. Mais aujourd'hui son père avait raison du fait qu'elle n'avait pas pu se battre pour protéger ce petit être.

Charles la secoua puisqu'elle ne réagissait pas et son regard était brouillé par le chagrin. Il la souleva et la ramena au lit.

Cela faisait trois jours que Mary gardait le lit à la diligence du médecin . Elle ne parlait toujours pas malgré toutes les tentatives de son mari à lui faire parler. Son refus de communiquer avec qui que ce soit avait jeté un froid à leur relation, Charles ne voyait sa femme que la nuit lorsque celle-ci s'était déjà couchée.

_ j'aimerai que vous parliez cela fait un bon nombre de jours que vous ne réagissez pas.

Mary ne cligna même pas ses yeux.

-Mon amour je vous fais la promesse que nous aurons un autre enfant.

***

Durant les douze derniers jours qui suivirent la nuit dans laquelle son mari lui avait fait la promesse de faire son possible pour qu'elle ait un enfant, Mary avait repris des forces.

Mary voulait prouver à son père qu'elle était apte à satisfaire une attente,elle était prête à tout pour donner un héritier à son mari car c'était ce qu'on attendait d'une femme.

Au-delà de ce que j'aurais pu espérerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant