A sa place.

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-Milady !,cria la gouvernante,Milady!
Grands dieux! s'exclama-t-elle en s'approchant de sa maîtresse pour la soulever du sol.
-Ne la touche pas,ordonna un homme d'une voix tonitruante. Elle a subi un choc dont nous ignorons l'ampleur, il serait plus prudent de la soulever avec précaution de peur que cela ne lui fasse plus de mal que de bien, ajouta-t-il avec cordialité à l'égard de la gouvernante.

Mary voyait le petit groupe qui s'était formé autour d'elle, elle reconnaissait d'ailleurs quelques uns cependant elle avait du mal à esquisser un geste.
Elle lisait de la peur et de l'inquiétude dans les yeux de certains de ses  employés mais ce qui lui importait le plus, c'était qu'elle pouvait enfin mettre un visage à la voix de son sauveur.

-Que devons-nous faire ?,questionna la gouvernante apeurée.
-Où pouvons-nous trouver un médecin ?, s'adresse-t-il à l'aubergiste.
-Il y a un médecin de Cambridge qui est venu pour traiter les habitants du village à demi lieu d'ici.

L'inconnu se retourna face à la gouvernante et il lui dit;

-Faites bouillir de l'eau,vous allez la baigner après que vos valets auront fait une litière pour la transporter avec précaution à l'intérieur et pendant ce temps,je veux chercher le médecin.

L'inconnu s'élança au galop sur une belle  monture en robe marron et laissa Mme.Ford gérer toutes les opérations.

Cela faisait trois heures depuis le départ de son sauveur et madame Ford avait pris grand soin de sa maîtresse.

-Comment vous sentez-vous ?
La questionna-t-elle alors que la comtesse était assise sur le lit.
-je ressens quelques douleurs vives mais cela dit je me sens mieux qu'il y a quelques heures.
-Nous devons informer le comte que vous avez été victime d'un malheureux accident.
-Vous n'en ferez rien.
-Milady c'est notre maître à tous,il convient que nous lui informons ce qui se passe.
- En tant que comte d'Ashford, Charles a énormément de problèmes à gérer et je pense que cela serait peu judicieux d'ajouter à ce tourment, l'humiliation que sa femme se fait attaquer dans un coin sombre par des hommes peu recommandables.
J'étais censé lui apporter mon aide et non devenir un fardeau,elle dit cette dernière phrase d'un ton conciliant.
Au vu de ma naissance, j'ai des obligations intrinsèques à mon rang mais jusqu'à ce jour,je me suis vue échouer lamentablement à mes devoirs.

La gouvernante avait saisi l'inquiétude de sa maîtresse étant donné que toutes femmes aimaient se sentir à la hauteur des attentes que sa famille et son époux en particulier avaient placé sur elle,et cela était normal puisque la nature humaine aimait se sentir utile.elle s'approcha de sa maîtresse pour la réconforter quand la porte s'ouvrit sur un homme en tenue de gentleman et tenant un une mallette.

-Bonjour mesdames,dit celui qui avait les allures d'un médecin.
Je suis le médecin Lee Brywn de Cambridge.
- M. Lee,je pense que Milady doit se faire ausculter au plus vite,dit l'inconnu.
-N'ayez crainte,je ferai mon possible.
Laissez-moi seul avec la patiente.
-Je serai plus à l'aise si Mme.Ford reste, déclara Mary en retenant la main de sa gouvernante.

Le médecin fit signe à l'inconnu de sortir,ce qu'il fît sans plus attendre.

-Milady ressentez-vous une douleur particulière,l'interrogea le médecin.
-je ressens des douleurs vivaces au bas de l'abdomen.
-Est-ce qu'elles sont dûes à votre accident de la veille?
-Non je les ressens bien avant,je crois que c'était pendant le voyage.

Mme.Ford écarquilla les yeux de surprise.
Le médecin s'approcha de Mary et lui demanda de sortir des couvertures,elle se retrouva debout vêtue d'une chemise de chambre en coton très pudique.

-Elevez vos mains,ordonna le médecin à Mary.

Il osculta la jeune femme, elle n'avait pas subi un choc apparent.
Tout allait pour le mieux sauf quelques éraflures au niveau du bras.

- Milady me permettez-vous d'examiner votre abdomen, demanda-t-il poliment.

Mary souleva sa robe et le médecin se mit à lui  palper le ventre.
Mary ainsi que la gouvernante étaient abasourdies de voir que le ventre de la comtesse s'était arrondie.
Le médecin lui permit de rabattre sa robe.
-Pourquoi ai-je un ventre aussi rond qu'est-ce que j'ai?
-Devons- nous informer le comte ?questionna la gouvernante alors que sa maîtresse la foudroya du regard.

Le médecin s'approcha de sa mallette et fit sortir un flocon d'oïl.

-Milady, aux vues de vos douleurs je vous recommande d'appliquer cette huile de Peppermint sur votre ventre à chaque fois que vous aurez mal.
-Qu'est-ce que j'ai ? Cria Mary about des nerfs.
- Milady ce qui vous arrive est assez fréquent chez une femme mariée.
- De quoi parlez-vous?
-Milady vous attendez un heureux événement.
-Non non ! C'est impossible, je ne peux plus avoir d'enfant.

- Que dites-vous là?, Milady ne peut pas avoir d'enfant,on l'a su pas plutard que la semaine passée.
-Qui vous a diagnostiqué ?
- Le médecin du village et la sage femme étaient allés au village voisin alors un des valets a trouvé une vieille dame qui pouvait lui venir en aide. La dame a assisté à une dizaine d'accouchements et elle a eu huit enfants.
- Sur quoi a-t-elle basé son diagnostic?
-Milady s'était évanouie après avoir saigné,nous avons pris peur puisqu'elle ressentait les mêmes symptômes que lors de la précédente fausse couche,dit la gouvernante toute triste.

Mary resta plantée devant la petite fenêtre qui s'ouvrait à la cour,on y voyait des attelages faire un défilé.
Elle était bouleversée, elle ne savait quelle attitude adoptée.

- Je comprends, déclara le docteur après avoir réfléchi aux dires de la gouvernante.
Les saignements sont assez fréquents pour une femme enceinte lors de son première semestre mais cela ne signifie pas qu'elle a perdu ou qu'elle ne peut pas avoir d'enfant.
Milady n'a pas perdu l'enfant puisqu'en examinant son ventre, je me suis rendu compte qu'elle est dans son deuxième semestre.
- Pourrions-nous reprendre notre voyage?
- Bien sûr, Milady n'a rien de grave cependant vous devez lui accorder quelques heures de repos.Je me retire, j'ai un grand nombre de patients qui m'attendent.
-Merci M.Lee je vous raccompagne vers la porte comme ça  nous pourrions parler de vos honoraires.
- Ne vous dérangez pas M. Bradley,l'a déjà fait.

Mme.Ford accompagna le médecin à la sortie et revient vers sa maîtresse qui lui demanda de l'aider  à faire sa toilette.
Elle mit sa robe verte au décolleté carré et aux manches évasées.

-Mme.Ford demande au cocher de préparer le carrosse pour le voyage, dit Mary alors qu'on finissait sa tresse.
-Cela n'est pas assez tôt pour partir?
- Je veux que le comte me trouve à Londres bien portante. J'aimerais faire la connaissance de M.Bradley.
-Bien,fit la gouvernante en fermant la porte.

Mary était assise sur l'un des canapés du petit salon de l'auberge quand son sauveur fit son entrée.
Elle se leva pour venir à sa rencontre mais ce dernier lui fit signe de rester assise.

-Milady vous êtes d'une telle beauté que le soleil est certes contrarié par votre éclatante splendeur, déclara-t-il en embrassant la main de la comtesse.

Mary avait joliment rougi suite à ce compliment.

- Merci pour une telle intention à mon égard.
_Pourquoi réagissez-vous comme une femme qui n'a pas pour habitude qu'on loue sa beauté?
- Mon mari le fait si souvent.
-Mais pourtant cela n'est guère l'impression que vous m'avez donnée cependant je vais y remédier, ajouta-t-il après un deuxième baiser sur la main de la comtesse.

Ça continue...

 

Au-delà de ce que j'aurais pu espérerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant