Pas comme avant

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Bond stree, Londres 1814...

Un jour avant le scandale.

-Charles, Charles, Charles !, appela un jeune homme robuste à une dizaine de mètres.

Il était assez rare que quelqu'un à Londres puisse être appelé par son prénom, car l'usage exigeait qu'un gentleman ou une lady soit nommé par son titre ou son nom de famille si celui-ci est dépourvu de titre de noblesse. Ainsi, appeler quelqu'un par son prénom démontre une certaine familiarité. N'étant pas très connu à Londres, le comte d'Ashford était persuadé qu'il s'agissait de l'un de ses camarades de Cambridge.
Charles se retourna pour faire face à l'inconnu alors que ce dernier avait réduit la distance qui les séparait.

- Bonjour Charles, dit-il avec ravissement en lui tendant sa main en signe de salutation.

Charles était sceptique, car même de près, il avait du mal à identifier le jeune homme.

- Bonjour, répondit-il simplement.
- Je pensais que vous ne vous souveniez pas de moi.
- Évidemment, cependant, à en juger par votre émoi, il me semble que vous l'êtes.
- Je m'appelle Harry Brywn.

Charles arqua ses sourcils avec incompréhension.

- Vous étiez mon tuteur à Cambridge. J'avais des difficultés en physique à l'époque, et vous m'avez orienté vers la médecine.
Mais il est normal que vous ne vous en souveniez pas, car c'était votre dernière année d'université et vous étiez le tuteur d'une douzaine d'étudiants.
- Que le temps passe vite. J'étais incapable de t'associer au petit oiseau que tu étais à Cambridge.
_ Vous sembliez bien pressé avant que je n'interrompe votre marche.
- Je suis à la recherche d'un médecin pour un ami dans le besoin.
- Quelle charmante coïncidence, j'ai un diplôme de médecin généraliste et je serais ravi de vous apporter mon assistance.

_ Vous en êtes sûr ? Je ne voudrais pas vous déranger, vous aviez sûrement moulte choses à faire.
_ Ne vous inquiétez pas, je me ferai un plaisir de soutenir une vieille connaissance.
- Je vous remercie pour cette faveur, allons-y, dit Charles en le conduisant vers l'attelage.

Les deux hommes entrèrent dans le superbe attelage du comte et se firent face.

- Je suis bien curieux de savoir ce que ma pupille est devenue ? questionna Charles pour amorcer la conversation.
- Je suis médecin, je ne suis installé dans aucune ville. Je préfère faire le tour du pays pour aider tous ceux qui sont dans le besoin.
- J'en déduis que vous menez une vie libre et sans engagement.
- Je tiens à ma liberté cependant, je ne suis pas contre un mariage d'amour.
- il est évident que travailler dans les provinces n'est pas très rentable. C'est pourquoi Londres compte un bon nombre de médecins modernes, bien plus que les autres parties du pays. Car ils sont bien rémunérés.

Le jeune homme hocha la tête en signe d'approbation.

- Alors, pourquoi allez-vous travailler en province ?
- La médecine est l'une des métiers nobles où la survie de la personne humaine est la priorité et l'argent n'est que dérisoire.
- C'est très admirable de votre part, mais comment faites-vous pour payer vos voyages ?
- Je suis toujours l'héritier d'une grande famille et ça me sert à quelque chose, dit-il avec hilarité.

Ils observèrent le silence pendant un court instant.

- Et toi, Charles, qu'es-tu devenu ?
- Je suis marié et j'ai hérité d'un comté.
- Tu m'as laissé me méprendre en t'appelant par ton prénom, dit le jeune homme avec gêne.
- Ce n'est pas bien grave. Ça m'a fait plaisir d'être appelé autrement que Milord ou Lord Ashford.
- Ashford ? Est-ce que ton épouse est Lady Mary Ashford ?

Charles sourit en acquieçant positivement

- Elle fut une de mes patientes récemment lors de mon passage vers Brighton, dit-il avec étonnement.
- A-t-elle été souffrante? De quoi est-elle atteinte ? S'exclama le compte avec un mélange d'inquiétude et d'agitation que le jeune ne lui connaissait pas.
- Il en n'est rien Milord, elle a juste eu un malaise des femmes enceintes.
- enceinte ? Répéta-il bêtement.
-Vous êtes aussi étonné que la gouvernante. Milady n'a jamais perdu son bébé puisqu'il est normal qu'une femme saigne lors de son premier semestre. Votre femme est à son deuxième semestre.

Charles avait perdu l'usage de sa langue, il était incapable de dire un seul mot. Il n'avait qu'une envie : descendre de cette voiture et courir jusqu'à Mayfair pour prendre sa femme dans ses bras.

- Milord, nous sommes arrivés, dit le cocher qui tenait la porte de l'attelage.
- Monsieur Brywn, suivez-moi », ordonna-t-il.

Le comte d'Ashford descendit de la voiture,suivi du jeune médecin. Ils longèrent l'allée d'un logement modeste.

Charles avait ramené la jeune femme et son père malade dans sa garçonnière de Covent Garden. Sa garçonnière ne contenant aucun domestique, il était incapable de les laisser à leur propre sort car ils ne connaissaient personne en ville et ne pouvaient donc pas s'en sortir seuls.
Depuis que le comte d'Ashford avait permis à Madeline et à son père de monter dans son attelage, il avait veillé sur eux jour et nuit. En effet, la jeune Madeline semblait extrêmement fatiguée et était visiblement la seule à s'occuper de son père.
_Madeline, Madeline ! appela Charles, mais il ne la trouva pas.
Il se dirigea vers la cheminée et alluma le feu. Il remarqua rapidement qu'il y avait une forme recroquevillée sous la table.
- Vous pouvez y aller, son père se trouve dans cette direction, la première porte à gauche, dit-il en indiquant le couloir de son index.
Par la suite, Charles s'approcha de la table et trouva la jeune femme replier sur elle, se balançant d'avant en arrière,avec le menton posé sur ses genoux.
- Qu'as-tu, Madeline ? demanda le comte avec inquiétude.
Les larmes devalant ses joues rouges, la jeune fille demeura dans un long silence avant de lever ses yeux larmoyant Charles.
-Il est mort, Charles, dit-elle en pleurant.
Il est mort sous mes yeux. Je n'ai rien pu faire. Que vais-je devenir ? Je n'ai plus personne et je ne suis plus personne.
-Je suis là, Madeline. Tout ira bien, susurra-t-il en lui caressant les cheveux.

Durant les dernières semaines, la relation entre Charles et Madeline s'était développée en une belle amitié. Charles ne la considérait pas seulement comme la fille d'un métayer, mais plutôt comme une jeune femme intelligente, courageuse et déterminée.
Il était également inquiet pour la santé du père de Madeline car il était parmis les plus anciens de ses métayers. De plus, son état préoccupant était dû à son interaction avec Lord Brack. Désormais, il avait une raison supplémentaire de traquer cet individu odieux.
Bouleversé par l'événement tragique. Madeline avait du mal à tenir en place. Elle ne cessait de gesticuler, pleurant à chaude larmes la seule personne qui lui restait au monde. Jusqu'à ce que le docteur Brywn ne lui administre un tranquillisant qui l'apaisa.
- Comment va-t-elle ? demanda le comte.
- Elle se calme et elle va bientôt succomber au sommeil.
- Puis-je l'avoir ?
- Bien sûr.
Charles entra dans la chambre et la trouva endormie. Il s'approcha près du lit.
- C'est la première fois que je vous vois si abattu. Vous êtes toujours optimiste.
Il se rappela de leur dernière conversation.

- Que faites-vous ? demanda le comte à la jeune fille.
- Je me suis dit que cet appartement avait besoin de changement, répondit-elle en souriant.
- vous avez l'air d'être de bonne humeur.
- Chaque jour est un nouveau jour qui apporte avec elle une nouvelle histoire, donc je me dois de le vivre pleinement.
-N' avez-vous pas peur de perdre votre père ?
- J'ai très peur, c'est d'ailleurs cette peur qui m'a poussé à faire arrêter l'attelage de mon maître puisqu'il ne m'est pas permis de baisser les bras. Je pense que le mal serait de ne pas essayer.

Le comte la fixait avec gravité. C'était une fille surprenante malgré qu'elle n'était pas née avec une cuillère en argent. Elle était heureuse de ce qu'elle avait, c'est pourquoi il ne put supporter de la voir dans cet état. Malgré son jeune âge, Madeline avait une détermination et une force de caractère qui forçait l'admiration.
Charles se leva du lit pour sortir mais Madeline retint son bras.
- Ne pars pas, Charles. La supplia-t-elle, à moitié endormie.

À suivre...

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 13, 2023 ⏰

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Au-delà de ce que j'aurais pu espérerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant