verre brisé

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-Que dites-vous, s'exclama Mary depuis le seuil de la porte de sa chambre.
-ma chère,tu n'es pas en état d' engager une telle conversation,dit Charles avec une note de reproche.
- Tout cela est de votre faute, cria-t-elle en indexant son mari. C'est de votre faute si j'ai perdu mon bébé.

Charles rejoint sa femme en quelques pas et lui empoigna les bras pour la faire entrée dans la chambre puisque ses dires avaient suscité l'attention des deux dames présentes.

-Madame Mottram,fit le comte , madame Ford s'assurera de vous remercier comme il se doit, ajouta-t-il avant de renfermer la porte derrière lui.

Lorsqu'il fut volte face,il trouva sa femme qui le fixait avec un regard vilipendant comme si elle l'avait percé à jour.

-Ma chère, vous devez-vous reposer et cesser de vous agiter,lui dit-il en faisant mine de s'approcher vers elle.
-Ne m'approchez pas,l'intimida-t-elle
Vous n'êtes qu'un menteur.
- Je ne vous comprends pas,de quoi me reprochez-vous?,lui questionna-t-il.
- Vous m'avez promis de toujours être à mes côtés,où étiez-vous pendant que j'avais grand besoin de vous, se plaigna-t-elle en lui pointant du doigt.
Vous avez préféré courir à la campagne en me laissant mourir d'inquiétude,pleura-t-elle.

-Vous me reprochez de vouloir protéger mes terres,lui demanda-t-il d'un ton glacial.
-je ne ...

Elle ne pût finir sa phrase que son mari lui fit signe de se taire.

- Vous osez me faire culpabilisé alors que c'est vous-même qui avait décidé de me tenir à bonne distance.
-Vous n'avez fait aucun effort pour réduire cette distance, par contre, vous avez sauté sur l'occasion pour vous enfermer dans votre bureau comme si ma seule vue,vous horrifiez.

Charles était éberlué,il ne s'attendait pas à ce que sa femme lui fasse des reproches alors qu'elle était à la base de cette situation,de plus,il ne savait pas comme réagir après les dires de Madame Mottram.

Ses émotions s'entrechoquent,il ne savait pas quelle attitude adopter, devait-il être chagriné par la perte du bébé ou être furieux par l'annonce que lui avait faite cette vieille dame,et s'il devait être en colère à qui cette fureur devait-elle être destinée?
Il se sentait tellement impuissant pour le moment que son seul souhait était d'écourter cette entrevue et de s'éclipser à son bureau pour se remettre les idées aux clairs.

-Cette conversation n'a pas lieu d'être,il y a des sujets beaucoup plus importants qui requièrent mon attention,de plus vous n'êtes pas suffisamment lucide pour un dialogue de cet ampleur, vous êtes sous l'emprise du chagrin et le mieux à faire ce que vous vous reposiez, déclara Charles en allant vers la porte qu'il entrebâilla.
- Charles m'aimez-vous?,la questionna-t-elle alors que son regard exprime un doute indubitable.

Pris de surprise par cette question, Charles fixa le couloir en se disant que c'était le pire jour de son existence.
Comment pouvait-elle douter de ses sentiments alors que même un aveugle verrait à quel point il était épris d'elle. Avant qu'il ne lui réponde, M.Woodell,le majordome se matérialisa devant lui en tenant un plateau en or où était disposée une lettre.

-Milord,une lettre vous est adressé depuis Cambridge de la part du Professeur Samuel Vince et il requiert votre réponse au plus bref délai,lui expliqua le majordome avant qu'il le renvoie d'un signe de tête après qu'il l'ait pris la lettre.

Charles fut mine de partir afin de prendre connaissance du contenu de sa correspondance et sa femme déclara ;

- J'étais tellement naïve d'avoir cru que les sentiments qui nous liés étaient de l'amour alors que vous et moi nous n'étions animés que par de la passion et cette volupté s'est estompée.

Charles sortit de la chambre sans un regard pour sa Femme.

Mary se laissa affaler sur le lit,elle avait passé trois satanés jours et nuits à se demander ce que son mari ressentait pour elle mais maintenant, tout était clair et le doute n'était plus démis puisqu'en le confrontant de la sorte, elle voulait l'inciter à lui dire le fond de sa pensée.

-Mon bébé, pleura-t-elle en passant sa mains sur son ventre.je n'ai pas été une bonne mère,je me suis laissée submerger par mes problèmes au lieu de me préoccuper de ton bien-être.
Je ne mérite pas d'être une mère.

Mary éclata en sanglots, elle était si heureuse d'avoir son foyer,et voilà que son rêve ne verrait jamais le jour. Elle n'avait plus rien, elle n'aurait plus jamais d'enfants et son mari ne l'aimait plus ou plutôt ne l'avait jamais aimé alors à quoi bon rester assise là ?
Mary se leva et sonna une servante à qui elle donna des ordres bien précis, après une demi-dizaine de minutes,la servante revient accompagner des autres servantes qui se mirent aussitôt à exécuter ses ordres.

Charles entra dans son bureau et se servit un verre de cognac avant de lire le contenu de sa lettre.

Le 08 août, 1813

Cher Charles, où devrais-je dire Lord Ashton...

                            J'ai appris que vous aviez convolé en justes noces bien que la dite institution ne me plaît guère,je tiens à vous présenter mes félicitations.

                         Présentement nous avons entrepris de restaurer le télescope inventé par notre cher encadreur Isaac Newton,je me suis dit que le sujet vous intéresserait c'est pourquoi je vous ai adressé la présente lettre.

                         Le dit appareil est buté à
une aberration dite la coma qui déforme les étoiles sur son bord,ce qui réduit le champ utile, en créant des figures de diffraction gênantes et fait perdre un peu de la lumière,ce qui provoque une diminution de contraste. Nous t'attendons votre réponse aux plus brefs délais.

                     Mes compliments à madame votre épouse et tous les vœux de bonheur à elle.

Bien à vous S.Vince,

Charles se dirigea vers l'une des étagères de son bureau et tira un livre de cuire noir qui actionna un passage secret,qui laissait place à une pièce ovale qui n'avait que pour décoration ses murs couverts des papiers peints à reyure bleu et blanc.
Il avait aménagé cet espace pour ses recherches dès qu'il avait hérité de son père. Cet espace comprenait une grande fenêtre devant laquelle était placé un télescope que lui avait offert son encadreur lors de ses débuts en tant que chercheur.
Il se plongea dans ses recherches sans se préoccuper de ses problèmes.

- Milady,nous avons terminé, pouvons-nous nous retirer, demanda la servante.

Mary se posta devant la fenêtre,le regard au loin quand elle entendit une servante lui demander si elles pouvaient se retirer .
elle fit signe que oui et les servantes se retirèrent.

Après avoir passé toute sa journée enfermer dans son bureau, Charles avait pris des nouvelles résolutions,il était prêt à réconforter sa femme afin qu'ils puissent traverser ce problème à deux. Il se dirigea à coup de vent vers sa chambre.

Il fut prompt de constater que sa chambre était vide et le lit n'était pas défait.Il sonna une servante pour s'informer.

- Où est ma femme?,demanda-t-il aussitôt que la servante s'était présentée  à lui.
- Milady est dans sa chambre, lui répondit la servante tout en gardant pudiquement sa tête baissée.

D'un geste subtil de sa main,il fit constater à la servante que la chambre était vide.

- La maîtresse a fait aménagé les appartements de la comtesse,elle y est installée définitivement.

Charles sortit de la chambre sans entendre les restes des explications.
Les mots" appartement de la comtesse" avait suffi à éveiller sa colère,il ne voulait que la sortir de là sans délai. Dès qu'il se trouva devant la porte de ladite chambre,il hurla;

-Mary sort immédiatement de cette chambre.

Le silence fut la seule réponse à son ordre.

-Ne me poussez pas à bout, sortez de là, cria-t-il alors qu'il tambourinait la porte de toutes ses forces.
-Allez-vous en.

Ça continue...

Au-delà de ce que j'aurais pu espérerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant