ღ Chapitre 6 - Ah ! L'amour... ღ

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Vêtu de sa plus belle chemise, Gabriel donne un dernier coup de peigne dans ses cheveux bruns puis ressort de la salle de bain parfumé à souhait

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Vêtu de sa plus belle chemise, Gabriel donne un dernier coup de peigne dans ses cheveux bruns puis ressort de la salle de bain parfumé à souhait.

Dans le salon, Charlie a décidé de prendre de l'avance dans ses cours et apprend les leçons de la semaine. Les mains de chaque côté de sa tête et les sourcils froncés par la concentration, elle ne remarque pas l'entrée triomphale de son meilleur ami dans la pièce de vie. Lui, l'observe. Amusé, il découvre une montagne de polycopiés ainsi que des feuilles de toutes les couleurs disposées sur la table. À l'entente des pas réguliers et souples du futur manager sur le parquet, elle relève la tête, perdue.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'enquiert-elle aussitôt. Tu sors ?

— Oui, Bambi. Je t'avais parlé de Brenda ?

Pleine de bonne volonté, elle tente de faire appel à sa mémoire. Sans succès. Ce prénom ne lui dit rien du tout.

— Non, c'est qui ?

Fier d'avoir toute son attention, il laisse volontairement une poignée de secondes s'écouler.

— Une fille canon de ma promo qui a l'immense honneur d'être aussi ma petite copine depuis une semaine. Aujourd'hui, on se voit ! s'exclame-t-il, enjoué.

Charlie ne parvient pas à cacher sa surprise. La bouche en « o », elle reste sans voix. Elle se jette dans ses bras sans réfléchir et laisse finalement exploser son contentement.

— C'est une superbe nouvelle, mon Gaby ! Je suis très heureuse pour toi !

Les épaules de Gabriel s'affaissent. Il appréhendait sa réaction. Elle aurait pu se sentir évincée. Abandonnée. Oubliée. Il n'en est rien. À la place, elle se réjouit. Son précieux confident a le droit de goûter au bonheur. De peur de le retarder, elle se force à mettre un terme à leur étreinte.

— Cours donc rejoindre ta belle.

— Tu as raison, il ne faut pas que je traîne, marmonne-t-il en rassemblant ses effets.

— Et n'oublie pas de lui prendre un petit quelque chose avant de la retrouver. Une pâtisserie ? Des fleurs peut-être ? lui conseille-t-elle alors qu'il s'élance dans les escaliers.

Priant pour que ses bonnes fées veillent sur lui comme elles le font d'habitude, il trottine dans le centre-ville à la recherche d'un magasin correspondant à ses attentes. À son zénith, le soleil l'encourage à sa façon. Ses rayons l'accompagnent et le suivent avec bienveillance. Le guident jusqu'à l'angle d'une rue déserte et peu engageante à première vue. Une devanture agencée avec goût, lumineuse et flambant neuve, attise sa curiosité. Elle jure avec les commerces anciens et délabrés qui se trouvent à proximité. Il s'arrête et pousse la porte en verre. Un tintement aigu signale sa présence. Il déambule dans les allées sous l'œil attentif d'une vendeuse d'une trentaine d'années. Il hésite devant les larges vases remplis de tulipes, de pivoines, de lys. Pèse le pour et le contre. Son choix se porte finalement sur un bouquet de roses rose, symbole de douceur, de tendresse et d'attachement. De délicieuses odeurs caractéristiques viennent chatouiller ses narines lorsqu'il les porte à son nez.

Derrière le comptoir, celle qu'il imagine être la patronne l'encaisse. Ses doigts noueux et salis par le terreau préparent la commande. Elle retire les épines et enveloppe le tout dans du papier kraft. Ayant remarqué qu'il n'est pas d'ici, elle lui donne des instructions en anglais. Réitère les gestes à exécuter pour s'assurer qu'il a compris. Gabriel hoche la tête, expéditif, et recule vers la sortie. Il la salue d'un geste machinal et se dirige vers le point de rendez-vous qu'il a fixé à Brenda. Heureusement pour lui, elle n'est pas encore arrivée. Il en profite pour reprendre son souffle, arranger ses vêtements – surtout son blouson en jean – et s'assure qu'il n'a pas mauvaise haleine.

L'Américaine l'empêche de se reposer sur ses lauriers plus longtemps. Elle déboule près du port et fonce dans sa direction. Sa tunique fleurie fluide se soulève au rythme de sa course, son corsaire écru dévoile des chevilles épaisses. Gabriel peine à réagir lorsqu'elle se hisse sur la pointe de ses tennis et l'embrasse à pleine bouche. Sa poitrine généreuse se colle contre son torse musclé. Ses doigts potelés remontent dans sa nuque, lui provoquant d'agréables frissons. Il n'y a pas à dire : elle prend ses aises.

— Tu m'as acheté un cadeau ? s'émerveille-t-elle, après avoir reculé sans crier gare. Il ne fallait pas, merci !

— Je voulais marquer le coup.

— J'adore, il est trop beau. Tu es le meilleur ! Comment tu as su que c'était mes fleurs préférées ?

Ravi, Gabriel sourit de toutes ses dents. Il sait que les mots qui vont franchir la commissure de ses lèvres vont lui faire plaisir. Peu importe s'il transforme la vérité à son avantage. Certes, Charlie lui a donné un bon coup de pouce mais Brenda n'est pas obligée de le savoir. De toute manière, elle ne se rendra pas compte du mensonge qu'il s'apprête à formuler... Ne culpabilisant pas le moins du monde, il arbore une moue adorable et lui annonce solennellement qu'il a eu l'idée en passant devant la vitrine.

Les yeux de Brenda pétillent de bonheur. Son cœur se remplit d'une émotion intense. Charmante. La joie irradie de ses traits fins, se propage sur chaque parcelle de sa magnifique peau laiteuse, vient taquiner ses taches de rousseur. Gabriel est parfait. Il correspond à l'image qu'elle s'était fixée. Il est l'homme qu'elle a toujours rêvé de rencontrer. Il est droit. Honnête. Délicat. Tout le contraire de ces odieux individus qui profitent d'elle. Pour lui témoigner sa reconnaissance, elle le laisse choisir la destination de leur balade. Exactement comme Charlie lorsqu'ils crapahutent en Bretagne. Visitent des lieux d'exception. Baroudent par monts et par vaux.

D'une démarche alerte, ils parcourent une cinquantaine de mètres, admirent les bâtiments en bois colorés alignés dont les pignons pointus s'élèvent vers un ciel sans nuage et s'installent sur la terrasse d'un café qui donne sur la vaste étendue d'eau qu'ils ont quittée. Des bateaux amarrés bougent au rythme des vagues. Un discret et lointain clapotis vient lécher les pneus disposés au bord du quai en béton. Le cadre est reposant. L'air vivifiant. La brise, marine. Avec les montagnes en arrière-plan, le tout forme un tableau à couper le souffle.

 Avec les montagnes en arrière-plan, le tout forme un tableau à couper le souffle

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L'appel des fjords (Wattys 2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant