La jeune femme qui se tenait devant Darrell était un peu plus petite que lui, aux longs cheveux bruns foncés. Le jeune homme la plaquait fermement contre lui pour éviter qu'elle ne s'échappe et ne voyait donc pas son visage, mais à en juger par la façon dont elle essayait de se débattre, il devait avoir une expression farouche.
« Tu me suis, et sans protester, sinon je te tranche la gorge », lui grogna le jeune homme à l'oreille.
Comme elle ne semblait pas y mettre du sien, il appuya un peu plus son couteau contre sa peau. « Sans protester », répéta-t-il. Il la poussa en avant pour la faire avancer, toujours en la menaçant de son arme.
Darrell et sa prisonnière mirent quelques minutes à rejoindre le chemin. Le jeune homme ne voulait pas presser sa captive de peur de faire un faux mouvement et de la blesser, ou pire, de la laisser s'échapper. Ils arrivèrent enfin en bordure de route, où les attendait Marv.
Darrell relâcha la pression de son bras, libérant ainsi la jeune femme de son emprise. D'un geste brusque, il la poussa, la faisant tomber sur la terre sableuse qui tapissait le chemin.
« Elle était cachée dans les fourrés », expliqua-t-il à son frère. Cette dernière se relevait justement. Il put alors mieux observer la jeune femme qu'il avait capturée un peu plus tôt.
Elle avait une frange mal coupée qui lui cachait à moitié les yeux. Il put tout de même remarquer que ceux-ci semblaient être un mélange de bleu profond et de gris. Son visage était maculé de poussière due à sa chute et avait une expression dure. Elle était vêtue intégralement de noir et portait aux pieds des bottines qui ressemblaient fortement à des rangers. Elle semblait à peine plus âgée que lui.
Tout en l'observant, Darrell lui demanda :
« T'es saine ? »
« Tu serais pas là pour demander si c'était pas le cas », lui répondit-elle avec mépris.
Darrell fit une petite moue. Elle n'avait pas tort.
« C'est quoi, ton nom ?
- Demande-lui, il va te le dire », cracha-t-elle en faisant un signe de tête vers Marv.
Darrell se tourna vers son frère en plissant les yeux.
« Quoi, tu la connais ? » questionna-t-il.
Son frère avait en effet l'air profondément surpris. Il s'était figé sur place.
« Leonor... », souffla-t-il.
L'incompréhension de Darrell augmenta. Qui était donc cette fille ? Pourquoi son frère la connaissait-elle et pourquoi était-il si troublé par sa présence ?
Tandis qu'il se posait toutes ces questions, Marv s'avança jusqu'à Leonor et la fit tourner violemment en lui mettant les mains dans le dos. D'une main, il maintenait la pression sur les bras de la jeune fille et de l'autre, il ouvrait la fermeture de son sac à dos qu'il avait fait glisser sur son bras. Il en sortit un chiffon avec lequel il lui lia les poignets. Malgré la force avec laquelle le jeune homme serrait les liens, Leonor ne broncha pas.
« T'avais pas d'affaires ?
- Dans un fourré », lui répondit-elle laconiquement.
Marv lança un signe de tête à son frère. « On y va. »
Darrell le suivit docilement, encore déconcerté par son attitude. Ils trouvèrent le sac de Leonor dans un fourré, non loin de celui dans lequel elle s'était cachée. Ils revinrent sur la route et reprirent leur chemin.
Après quelques heures de marche, Marv décida de s'arrêter pour la journée. Ils trouvèrent un coin tranquille dans la forêt, sous un grand chêne. Pendant ces trois heures de trajet, Leonor les avait suivis sans résistance. Où aurait-elle pu aller, les mains liées, poursuivi par deux grands gaillards comme eux ? Darrell devait reconnaître qu'elle avait toute de même un semblant de jugeote, même si sa tentative d'espionnage s'était lamentablement soldée par un échec.