DARRELL
Beatrix eut un sursaut en entendant ce nom tant redouté. Par réflexe, elle empoigna le bras de Darrell, comme pour se rassurer.
Celui-ci n'y prêta même pas attention. Tout en fixant la nouvelle venue, il ruminait ses pensées. Leonor... Il n'aurait jamais dû lui faire confiance ! Les fréquentations de son frère étaient loin d'être recommandables. Marv...
« Comment va-t-il ? » siffla l'homme entre ses dents, en regardant la jeune femme avec toute la haine qu'il était possible de mettre dans ses yeux.
Celle-ci soutint son regard en silence. Au bout d'un moment, elle se résolut à parler.
« Avancez, leur commanda-t-elle en appuyant ses paroles d'un geste de l'arme. Et surtout, ne tentez rien. »
Elle avait dit cette dernière phrase sur un ton presque suppliant, comme si elle n'avait aucune envie d'avoir des complications. Darrell était bien décidé à ne pas la laisser s'en tirer si facilement.
Beatrix se tenait derrière lui, essayant de se soustraire au regard de Leonor. Cette dernière s'en aperçut.
« Ne tentez rien », répéta-t-elle avec un regard appuyé pour la benjamine.
Les yeux noirs de la jeune femme la dissuadèrent de toute tentative d'évasion. Elle pointa son arme vers eux, avec un léger mouvement du poignet pour les inciter à bouger. Les deux prisonniers obtempérèrent sans broncher.
Ils longeaient les couloirs de l'hôpital, passant devant des portes toutes aussi semblables les unes que les autres. Darrell, qui n'avait pas eu souvent l'occasion de venir en un tel lieu, se sentait oppressé. Il n'y avait aucune raie de lumière pour éclairer leur chemin, plongé dans une épaisse pénombre due à l'absence d'éclairage artificiel.
« Stop, souffla soudain Leonor. Entrez là-dedans », leur intima-t-elle en pointant une porte à leur droite avec son pistolet.
Intrigué, Darrell – toujours suivi de Beatrix – obtempéra. Que comptait donc faire la jeune femme ? Allait-elle les enfermer dans ce réduit ?
Contrairement à ce qu'il pensait, elle entra à leur suite. Elle leur ordonna d'aller se placer contre le mur opposé, de façon à ce qu'elle put encore les voir. Quand ils furent assez loin, elle commença à fouiller dans un petit placard collé contre le mur adjacent. Elle les menaçait toujours de son arme et relevait régulièrement la tête vers eux, afin de vérifier qu'ils ne tentaient rien.
« C'est quoi votre pointure ? » lâcha-t-elle soudainement.
De plus en plus surpris par la tournure que prenaient les événements, Darrell et Beatrix lui répondirent. Leonor reprit de plus belle sa recherche. Au bout de quelques secondes, elle leur lança plusieurs objets, sans même prendre la peine de viser. Beatrix dut se baisser vivement pour ne pas recevoir un projectile en plein visage.
C'était des paires de chaussures.
Darrell fixa un instant leur geôlière, qui soutint son regard. Reconnaissant, il lui adressa un petit signe de tête. Après tout, Leonor n'avait pas si mauvais fond.
Lorsqu'ils ressortirent de la salle, la jeune femme leur ordonna de continuer leur chemin et de monter à l'étage supérieur dès qu'ils rencontreraient un escalier.
Beatrix s'approcha légèrement du jeune homme et lui tira doucement sur la manche. Sachant que Leonor les observait, Darrell ne se retourna pas.