BEATRIX

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Beatrix comprit aussitôt qu'on lui avait administré une substance paralysante. Elle sentait des fourmillements dans ses membres, signe qu'elle allait bientôt pouvoir reprendre contrôle de son corps. Elle essaya de tourner la tête sur le côté. C'était douloureux, mais elle put néanmoins bouger de quelques centimètres, suffisamment pour pouvoir observer du coin de l'œil ce qu'il se passait à sa droite. Elle distingua un autre lit, facilement repérable à ses barreaux magnétiques et le blanc immaculé de la chambre. La pureté de cette couleur lui reposa les yeux. Elle avait la désagréable impression que l'atroce teinte orange de la pièce s'était imprimée sur ses rétines.

Il semblait y avoir une seconde personne étendue dans ce lit, à en juger par les bosses que formaient la couverture. Toutefois, ne pouvant pas plus tourner la tête, Beatrix ne pouvait en être sûre. Elle ne voyait même pas si cet individu était un homme ou une femme, ou encore s'il était vivant. Elle ferma les yeux de dégoût à cette pensée. Ils n'auraient quand même pas osé lui faire partager la chambre avec un mort... Elle tenta de se calmer en respirant profondément, mettant en pratique les exercices respiratoires appris lorsqu'elle était plus jeune.

Inspirer par le nez en comptant jusqu'à quatre.

Retenir sa respiration en comptant jusqu'à sept.

Expirer par la bouche en comptant jusqu'à huit.

A peine l'eût-elle fait une fois que la jeune femme se sentit instantanément plus détendue. A la fin de la deuxième répétition de l'exercice, elle s'endormit.

Ce fut la lumière qui la réveilla. Encore engourdie par le sommeil, Beatrix leva machinalement les bras pour se frotter les yeux. C'est alors qu'elle tiqua. Elle pouvait bouger, enfin ! La substance paralysante ne faisait plus effet. Revigorée par cette petite victoire, elle s'assit dans son lit et regarda autour d'elle.

Un mince flot de lumière venant de la fenêtre à sa gauche éclairait faiblement une partie de son lit, laissant le reste de la chambre dans une obscurité plus ou moins profonde. Elle était cependant suffisante pour que la jeune femme puisse distinguer ce qui s'y trouvait. Comme elle l'avait deviné lors de son premier réveil, il y avait bien une personne qui occupait le lit à sa droite. Sa tête était tournée vers le côté opposé de Beatrix, et pat conséquent cette dernière ne pouvait que voir la chevelure du patient. A en juger par sa longueur – elle lui arrivait au niveau des épaules, voire légèrement plus bas – elle supposa que c'était une femme qui partageait sa chambre. Elle décida de se lever afin d'aller explorer un peu plus en détail la pièce dans laquelle elle était confinée.

Elle grimaça en se mettant sur pied. Elle avait l'impression de ne plus avoir aucun équilibre. Les premiers pas furent laborieux. Elle portait encore les vêtements qu'elle avait enfilés le matin où sa mère était venue la chercher pour faire les visites. Combien de temps s'était passé depuis ? Les derniers souvenirs qu'elle avait semblaient remonter à une éternité. Dans tous les cas, les personnes qui l'avaient droguée s'étaient apparemment contentées de l'enfermer dans cette chambre, sans se préoccuper davantage de son sort.

Comme elle l'avait deviné, la porte de la pièce était fermée à double tour. Adossée contre cette dernière, Beatrix laissa son regard glisser sur le lit qui se trouvait non loin d'elle. Le buste de la silhouette se levait légèrement au rythme de sa respiration. Curieuse, elle s'approcha avec prudence et observa le corps allongé, paisiblement endormi par la substance paralysante.

La silhouette semblait étonnamment imposante. Le matelas du lit n'était plus visible, tant le corps prenait de place. Ce n'était pourtant pas à cause d'un quelconque problème de surpoids. La personne endormie avait simplement une masse musculaire très honorable.

KhaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant